Tennis. Chronique - Salliot : "Qu'on le lâche un peu Jo Tsonga"
Par Eric Salliot le 15/12/2015 à 08:20
Vidéo - Jo-Wilfried Tsonga : "Le retour de Noah, c'est génial !"
Quand Jo-Wilfried Tsonga s’exprime, ça ne laisse personne indifférent. Il est comme sur un court : il aime la castagne. Cela ne plait pas à tout le monde. Mais on oublie une chose : si la France veut remporter la Coupe Davis, ce ne sera pas sans « Big Jo ». Alors, on se calme et on attend patiemment les cocotiers de la Guadeloupe.
Quand j’ai découvert, vendredi soir, les « quotes » les plus alléchantes de l’interview qu’a accordée Jo-Wilfried Tsonga à Tennis Magazine, j’ai pensé que le Manceau était incorrigible et qu’il mériterait presque d’être suspendu d’équipe de France de Coupe Davis. C’est la mode actuellement dans le sport français.
Et puis, après avoir fait retomber le soufflé, quand on prend le temps de décortiquer la pensée profonde de Jo, il n’y a plus tout à fait cette impression. Le fait est là : la cicatrice de Lille ne se refermera jamais. Mon feeling : le faire réintégrer l’équipe au Queen’s pour ce quart de finale était sûrement prématuré. Jo a revu des visages qui lui renvoyaient immanquablement cette maudite finale de Coupe Davis.
Entre Arnaud Clément et le joueur, il y aura toujours cette fracture, cette incompréhension. Avec cette gêne au bras droit qui a pourri sa préparation face aux Suisses, Jo attendait – redoutait ? – que le capitaine le sorte de l’équipe. Mais le capitaine – qui s’était de lui-même retiré quelques jours avant la finale 2002 à Bercy face aux Russes – espérait que le champion ait la même attitude courageuse. Personne n’a bougé. Chacun est resté fidèle à ses principes. Opposés, convenons-en. D’où cette conviction, chez Jo, que Noah ne l’aurait pas retenu pour défier Wawrinka puis Federer.
Il devinait ce qui pouvait se dire dans son dos. "C’est un lâche", "Il a trahi le groupe"
La période qui a suivi n’a guère aidé à rétablir la cote de popularité de JWT. Il le confie d’ailleurs : s’il a accepté la lucrative proposition de l’IPTL, l’hiver dernier, c’était aussi pour se changer les idées au bout du monde. Car il devinait ce qui pouvait se dire dans son dos. "C’est un lâche", "Il a trahi le groupe".
Pour suivre au plus près Jo depuis le début de sa carrière, oui, c’est le joueur qui a le plus gros ego. Il lui est arrivé d’être agressif avec les médias. Mais sous le maillot bleu, il a toujours été irréprochable. Les trois points arrachés en barrage aux Pays-Bas, les deux points en Argentine, c’est lui. Jo, c’est aussi le leader de vestiaire car il en impose.
Il a toujours accepté de se plier à l’autorité. Au Queen’s, il est revenu sur la pointe des pieds. En petit soldat. On a voulu l’associer à Nicolas Mahut. Soit. On lui a martelé que "Nico" était un meilleur spécialiste que lui. Pas facile à entendre. Il a sûrement un peu traîné les pieds aux entraînements car on l’a fait passer pour un débutant qui ne savait pas se positionner au filet. Dur à encaisser pour un garçon aussi orgueilleux.
Mais l’important, c’est ce que pense Yannick Noah
Son match face aux frères Murray en lui-même fut neutre. En conférence de presse, Jo ne broncha pas quand Nico Mahut s’auto-flagella. L’Angevin est un grand sentimental qui fonctionne beaucoup à l’amour. Ce samedi-là, le contexte n’était pas aux embrassades. Chacun avait ses problèmes à résoudre. Jo jouait son premier double en Coupe Davis à gauche, son mauvais côté. Et il n’avait pas l’envie de jouer les grands frères.
Et maintenant, Jo passe pour le vilain. Les tweets de ses collègues font tilt et embrasent la toile. On se lâche sur la bête. Mais l’important, c’est ce que pense Noah. Et ce qu’il va faire. Lorsqu’il avait aidé le PSG de Luis Fernandez à remporter la Coupe des Coupes, il avait interdit la lecture de la presse. Il ne voulait pas que les joueurs découvrent "la merde qu’on écrivait sur eux dans les journaux".
J’entends que la campagne 2016 peut déboucher sur un couac retentissant. Rien n’est à exclure. Mais Noah, toujours dans Tennis Magazine, a tracé un sillon dont les joueurs seraient inconscients de s’écarter. Néanmoins, vu le contexte, je lui suggèrerais d’aller faire un voyage éclair à Melbourne. Pourquoi pas le samedi 16 janvier. Sur le carton d’invit, il pourrait y avoir : "Barbecue sur la plage de St-Kilda. Bière à volonté. Présence indispensable. Confessions intimes."
Il est urgent de pratiquer un lavage de cerveau pour espérer vivre un moment de jouissance tel qu’Andy Murray l’a partagé avec ses potes britons à Gand il y a trois semaines. Après tout, c’est ce que la France du tennis souhaite non ?
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