Tennis. Chronique Salliot - "Quand Gaël Monfils passe au tribunal"
Par Tennis Actu le 11/09/2016 à 12:39
Vidéo - L'US Open 2016 à suivre sur TennisActu.net
La demi-finale perdue par Gaël Monfils laisse un grand sentiment d’incompréhension. Tentative de décryptage d’un match qui a dérapé avec la chronique Eric Salliot journaliste pour RMC Sport et BFM TV.
Ce fut une passe d’armes homérique. La salle conférence de presse de Flushing Meadows est devenue l’espace de vingt minutes une salle de tribunal correctionnel. Les journalistes anglo/saxons, rassérénés par les commentaires en live de John McEnroe – relayés sur radio US Open et donc accessibles à tous les spectateurs du Central dotés d’une petite radio distribués gratuitement pour les possesseurs d’une carte AMEX – étaient venus dans l’idée de massacrer le p’tit frenchie, coupable d’avoir offert un spectacle déplorable pendant une vingtaine de minutes.
C’est vrai qu’un mec qui joue en marchant, qui semble se désintéresser totalement du jeu, ça surprend en demi-finale de Grand Chelem. Je ne juge pas l’attitude de Gaël Monfils, qui s’est longuement exprimé là-dessus. J’essaie juste de comprendre. Depuis tout petit, La Monf a toujours été un embrouilleur de première. Gagner à tout prix, en rusant, en utilisant les ficelles les plus grosses de roublardise, ça ne l’a jamais quitté.
"Excusez-moi d’être différent"
D’ailleurs, j’imagine que devant leur télé, Richard Gasquet ou Gilles Simon étaient morts de rire. "Excusez-moi d’être différent, je trouve même que j’ai été courageux d’avoir tenté ça contre le numéro un mondial" a rétorqué Gaël aux journalistes américains, un peu surpris de voir un gars qui défendait sa cause avec de solides arguments. Il y est même allé d’un "Fuck yes I’m competiting" pour amplifier ses propos.
Plus tard, devant les radios françaises, Gaël Monfils a soupesé ses mots. Les attaques de John McEnroe l’ont touché, c’est évident. Mais pour lui, le dernier tournant du match, c’est une balle de break sur le premier jeu du quatrième set qui prend la bande du filet… "Il y aurait eu finale, j’aurais bien aimé voir ce qui aurait été dit…", glissa-t-il avec un petit sourire en coin.
Monfils a fait le maximum, il l’a répété. Il se rapproche mais il est encore loin du compte. Son début de match a été calamiteux et Stan Wawrinka, qui connaît bien Gaël l’a mis sur le compte d’une nervosité extrême tout à fait compréhensible. Le Parisien n’a pas l’habitude de fréquenter ces hauteurs où l’air se raréfie. Un sentiment de panique l’a vite gagné.
On peut aussi s’interroger sur son avant-match. Les conditions de jeu étaient brutales et Stan Wawrinka m’a confié qu’il s’était adapté en programmant sa séance de warm-up deux heures avant. "J’avais vraiment besoin de récupérer tellement c’était étouffant dehors." Après sa séance en plein cagnard, Monfils n’a rejoint le vestiaire climatisé qu’à 14h43. Trop juste pour se rafraîchir et faire le vide. Ce n’est qu’une hypothèse. Mais quand une routine fonctionne, on a tendance à la garder jusqu’au bout.
"Malheureusement, ça va bientôt venir… !"
On ne saurait trop conseiller à Gaël Monfils de ne pas trop lire la presse ces prochains jours. Mais il va s’en remettre. Et on envie d’y croire avec lui. Il sera 8e mondial lundi, 6e à la Race. L’avancée est notable même s’il manque des victoires références en 2016. Et on garde en mémoire cette saillie finale destinée à ceux qui le prennent pour un clown. "Malheureusement", je fais le maximum pour gagner des grands tournois. Et "malheureusement", ça va bientôt venir…"