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Tennis. Coupe Davis - Les joueurs Syriens pour vivre malgré tout

Par Clémence LACOUR le 27/12/2016 à 10:52

Coupe Davis
Photo : @Tennis.com @AthleticPartners

 

Vidéo - La Tour-Eiffel s'est éteinte mercredi soir pour Alep

On l'oublie parfois, d'Europe, avec toutes ces équipes qui évoluent dans le Groupe Monde et un territoire en paix, mais la Coupe Davis n'est pas réservée à une élite. 135 nations sont classées et parmi elles, des pays marqués par la guerre comme la Syrie. En 2009, Alep avait accueilli l'Arabie Saoudite, le Liban, le Sri Lanka et les Nations du Pacifique sur le Central pour les rencontre du Groupe III Asie-Océanie... Depuis, la guerre est passée par là, le toit a été emporté par une bombe et le sol a été ravagé par les munitions des roquettes et autres armes lourdes. Autant dire que tout n'est plus que ruines. C'est Tennis.com qui rapportait l'histoire de ces Syriens qui tentent de jouer, malgré tout, au tennis.


La passion de la Coupe Davis

Car, pourtant, de jeunes joueurs, pris par la passion du tennis et celle de la Coupe Davis, se débrouillent pour continuer leurs études tout en s'entraînant afin de représenter les couleurs de leur pays. Sept ans après cette rencontre, ils forment équipe autour d'Amer Naow, Marc et Bruno Abdelnour. 4 ans plus tôt, il a joué une rencontre de Coupe Davis et rapporte à Tennis.com ses souvenirs : "C'est une atmosphère particulière, très intense. La Coupe Davis amène à un état de tension et de nerfs sans commune mesure. C'est bien plus beau que les autres tournois, challengers ou Futures. Surtout pour les "rookies". Je me souviens d'un match que j'ai joué face au n°1 iranien. Mon service s'était désintégré. J'ai servi une quantité monstrueuse de doubles-fautes. Je n'avais plus de contrôle sur quoi que ce soit. C'était tellement étrange." 747e à l'ATP à son meilleur niveau, n°1 Syrien, qui est passé par des études en France, à Nîmes, puis aux Etats-Unis, le joueur a dû changer ensuite l'ordre de ses priorités : entre-temps, la guerre s'est invitée dans sa vie et celle de ses compatriotes. Il est à présent au Canada.

 

Un pays ravagé par la guerre

En 2011, dans le contexte du "Printemps arabe", la population manifeste contre Bachar el-Assad, le président baasiste, qui réprime violemment le mouvement. Les forces armées islamistes s'en mêlent, le conflit s'envenime en même temps qu'il se complexifie, et, jour après jour, le pays s'enfonce dans le chaos. "Au début de la crise, raconte Marc Abdelnour, on a pensé que ça n'allait pas tellement durer. On a tous pensé cela. Maintenant, nous savons tous que rien ne sera résolu dans un avenir proche. On sent le désespoir des gens, aujourd'hui plus qu'avant. A Alep, la plupart du temps, personne n'a d'eau ni d'électricité. Chacun essaie de ne pas sortir, et de rester chez soi, puisque c'est encore le lieu où on paraît être en sécurité. Mais même là, personne n'est en sécurité. On peut perdre sa maison à tout moment. La nôtre est encore debout, mais elle peut très bien être rasée demain. Tout ceux qui peuvent tenter de fuir le font."

 


Des joueurs, ou des rescapés ?

Issam Taweel a quitté la Syrie pour l'Egypte il y a  7 ans, afin de jouer au tennis. "J'ai eu de la chance. Je n'ai pas été forcé de partir par la guerre. Ma mère est Egyptienne, il y avait peu de joueurs de mon niveau. Je suis parti en Egypte deux ans avant le début du conflit", rapporte-t-il à Tennis.com. Marc Abdelnour et son frère Bruni sont aussi des chanceux : par leur mère, ils ont un passeport canadien. En 2013, ils sont partis pour Montréal puis sont allés en France : "Il faut connaître du monde à l'extérieur du pays, sinon, vous êtes à la merci des décisions des pays d'accueil." Et il sait de quoi il parle. Le reste de sa famille ont fui vers le Liban, et ont tout perdu. "Mon grand-père était très aisé. Il avait des terres. Mais tout cela ne vaut plus rien. Les membres de ma famille ont perdu leur maison, tout ce qu'ils possédaient, et le taux de change est terrible. Avant avec 50 livres de Syrie on pouvait obtenir 1$. Maintenant, il en faut 300." 

 


Faire malgré tout exister le pays sur le plan sportif

En 2015, dans un contexte lourd, les joueurs ont eu le mérite d'éviter la relégation. "Pour la première fois on a senti qu'on venait d'un pays empêtré dans la guerre" se rappelle Marc Abelnour. "On avait le coeur gros de tous ceux que l'on laissait là-bas. On avait 0 préparation, mais l'envie y était." Le frère d'Amer Naow, 15 ans, 400e Juniors, a hâte de rejoindre son frangin dans les rangs de la Coupe Davis. De toute façon, comme le rappelle son frère, si l'un des autres se blesse, il sera appelé. Le jeune homme est un survivant. En 2013, alors qu'il jouait sur des courts d'Alep, maintenant détruits, il a bien failli se trouver sur le chemin d'une balle perdue lors d'un tir d'artillerie. Un an plus tard, alors qu'il s'entraînait à Dams, il a dû être hospitalisé : une bombe avait explosé non loin. Il en garde un souvenir : des éclats sont resté dans sa main. "Deux jours plus tard, il est sorti et est allé s'entraîner au même endroit, rapporte son frère. C'est normal. C'est la mentalité des Syriens maintenant. Nous nous sommes adaptés à vivre en temps de guerre, et nos volontés se sont endurcies. Lorsque les bombes tombent, tout le monde se met à prier. Si quelqu'un est blessé ou tué, on dit "C'était la volonté de Dieu". (...) Si je pense que la guerre prendra fin bientôt ? Franchement, je ne pense pas. C'est hors de contrôle. Sur le plan politique, tout est trop compliqué, et ça va mettre du temps pour se résoudre. Mais je rêve que dans 5 ans, on puisse reconstruire la Syrie et y grandir à nouveau."



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