Tennis. Coupe Davis - Les Tops & les Flops de la "Coupe Davis Piqué"
Par Alexandre HERCHEUX le 28/12/2019 à 10:51
La Coupe Davis a été un des grands évènements et l'une des grandes attentes que l'on apprécie ou pas le nouveau format. Après le titre de l'Espagne de Rafael Nadal lors de cette Coupe Davis new-look, la nouvelle compétition de Gerard Piqué pouvait être décortiquée. Entre spectacle et polémiques, larmes et joies, enthousiasme et énervement, le nouveau format a beaucoup fait parler. Mais que retenir ? Quels sont les points de satisfaction de la semaine pour le groupe Kosmos ? Quels ont été les échecs de la semaine ? Tennis Actu vous avait dressé ce bilan peu après l'évènement.
Vidéo - La conférence de presse bilan de Gerard Piqué
Les points négatifs du nouveau format
Une ambiance très décevante
Alors que cette Coupe Davis nouveau format était censée et doit être une fête du tennis, la folie ne s'est pas répandue dans les tribunes. Alors oui, les rencontres de l'Espagne se sont jouées dans un Centre Court de la Caja Magica rempli. Oui certaines nations comme l'Argentine ont réussi à mettre le feu dans les tribunes mais globalement, l'affluence a été une réelle déception. Symbole de cet échec, les Marseillaises chantées devant une tribune vide face au Japon et face à la Serbie. La compétition n'a pas réussi à réunir les passionnés du monde entier. Entre boycott, prix élevés du voyage et des billets, et désintérêt, le point de travail pour 2020 est bien là. Il faudra trouver un moyen d'attirer les foules et redonner à la Coupe Davis l'ambiance qu'elle mérite. Peut-on réellement la retrouver ? A Kosmos de nous prouver que c'est possible.
Des horaires inadaptés au format
C'est l'une des polémiques qui a agité la semaine madrilène. Les horaires ont été vivement critiqués dès le premier jour et quand c'est Rafael Nadal lui-même qui attaque, il est temps de réagir et de prendre des mesures. Pour rappel, le tournoi a débuté avec une session de journée à 11h le matin et une session de soirée à 18h. Ajoutons à cela un espace de 20 à 30 minutes entre chaque match. Le résultat : une rencontre Etats-Unis - Italie qui a terminé à 4h04 du matin le mercredi. Spectaculaire certes mais impossible à tenir pour des joueurs qui doivent jouer le lendemain. Le Majorquin l'a affirmé en conférence de presse pendant la semaine : il n'est juste pas possible de finir à 1h du matin et d'être à 100% le lendemain. C’est mauvais pour les joueurs et pour les personnes qui doivent travailler le lendemain. C’est pratiquement impossible d'aller se coucher avant 4h00. Je l'avais déjà prédit quand je suis arrivé et j’ai vu le format" avait-il lâché. Dès vendredi, les organisateurs avaient décidé de faire débuter la session de journée à 10h30, celle de soirée à 17h30 et de ne mettre que 10 minutes entre chaque match. Là aussi, il faudra trouver une solution pour éviter les soirées interminables en 2020.
Des doubles sacrifiées par le Canada et l'Australie
Conséquence en partie de ces problèmes d'horaires : des doubles sacrifiées par deux pays durant la compétition. Mardi, alors qu'ils avaient remporté la rencontre face aux Etats-Unis en dominant les deux simples et obtenu leur billet pour les quarts, les Canadiens avaient fait le choix de ne pas disputer le double pour reposer les membres du groupe. Un forfait qui avait donné la victoire aux USA 6-0, 6-0 et qui aurait pu avoir un impact dans la course au statut de meilleurs deuxièmes. Mercredi rebelote. C'est cette fois l'Australie qui avait décidé d'abandonner après seulement un jeu disputé durant le double. Un manque de fair-play évident vivement critiqué par Novak Djokovic et Andy Murray. Pourtant les capitaines des deux nations avaient justifié leur choix par le besoin de récupérer et de soigner les bobos du groupe. Compréhensible. La solution pourrait donc être de jouer le double en match 2 et de permettre aux équipes de jouer le dernier simple avec les joueurs les moins utilisés. Même là, le simple pourrait être toutefois balancé. Alors que faire ? Peut-être sanctionner les équipes refusant de jouer le dernier match...
Le nom et l'histoire de la Coupe Davis...
Titrée ce dimanche, l'Espagne a mis son nom au palmarès de la Coupe Davis. Est-ce vraiment légitime ? Remporter un tournoi qui a changé pour la première fois de format semble marquer une séparation nette avec le passé. Et pourtant, dans l'histoire, l'Espagne sera dans la continuité de ce qu'ont fait la Croatie et la France en 2018 et 2017. Le changement de nom aurait donc été judicieux de ce point de vue. Et le trophée alors ? Cette nouvelle compétition n'aurait-elle pas méritée une nouvelle coupe à la place du Saladier d'Argent ? Mais le choix de Gérard Piqué est stratégique : garder le nom et le Saladier d'Argent : c'est garder l'histoire et le prestige de cette compétition. Peut-être pas le meilleur choix...
Des audiences assez faibles dans le monde entier
Dans un article de nos confrères du Figaro, plusieurs journalistes, d'origine britannique, américaine, canadienne ou espagnole, ont mentionné la faible audience TV de leur pays. Entre demande exorbitante de la part du Groupe Kosmos et manque de promotion, les téléspectateurs n'ont pas vraiment répondu présents. En France, sur TMC, les Bleus n'ont attiré que 121 000 téléspectateurs jeudi et 107 000 mardi. Un bilan bien maigre qui s'explique par l'horaire des matches (deux fois en pleine journée) mais aussi parce que le tennis peine à conquérir le public français à la télévision, excepté les grands matches à Roland-Garros. Kosmos devra donc travailler pour rendre cette compétition peut-être plus télégénique ou faire plus de promotion dans le monde entier.
Audiences : La Coupe Davis termine faiblement sur TMC https://t.co/x6i7U4vEQf pic.twitter.com/BdY2TRxTip
— puremedias.com (@puremedias) November 22, 2019
Les points positifs de la nouvelle Coupe Davis
L'Espagne de Rafael Nadal en finale : aubaine pour Piqué
Gerard Piqué ne pouvait pas avoir plus de chance pour la première édition de son "bébé". Avec le titre de l'Espagne de Rafael Nadal, la publicité a été bonne et surtout, l'Espagne a tiré vers le haut cette Coupe Davis 2019 tout au long de la semaine. Tirer vers le haut car le public madrilène est venu remplir le Centre Court de la Caja Magica lors de chaque rencontre de l'Espagne jusqu'à la finale. Une finale entre la Grande-Bretagne et le Canada aurait été une catastrophe pour les organisateurs. Tirer vers le haut car tous les yeux et toutes les caméras étaient braqués sur le numéro 1 mondial Rafael Nadal. Tirer vers le haut car l'équipe espagnole composée de Rafa, Roberto Bautista-Agut, Pablo Carreno-Busta, Marcel Granollers et Feliciano Lopez, a mis une intensité incroyable tout au long de la semaine pour faire vibrer le public. La première édition de cette Coupe Davis-là ne pouvait pas avoir un plus beau vainqueur.
Un investissement sans faille de la part des joueurs
Vasek Pospisil, Denis Shapovalov, Andrey Rublev, Karen Khachanov ou encore l'équipe de Serbie menée par Novak Djokovic. Quel est le point commun entre tous ses joueurs ? Leur investissement exceptionnel durant une semaine. Il faut le reconnaître, les meilleurs joueurs ne répondaient plus présents au format de la Coupe Davis traditionnelle. Et cette semaine, Rafael Nadal, Novak Djokovic étaient bien là et même à 110%. De ce point de vue, la mission est réussie pour Gerard Piqué. Lorsque l'on voit les larmes serbes après la défaite ou encore le panache des Russes Rublev et Khachanov qui ont joué tous les matchs de leur pays jusqu'en demi-finale, les joueurs sont bien là pour jouer à fond et défendre leur nation. L'argent n'est clairement pas la seule motivation. Le prize money incroyable, 17,7 millions d'euros, était pourtant l'une des critiques avant le début de la compétition. Beaucoup pensaient que les joueurs ne seraient là que pour le chèque et que l'aspect sportif serait mis de côté. Les joueurs ont prouvé l'inverse.
L'opportunité de découvrir des nations
Peu de suiveurs pouvaient prétendre voir l'Argentine, le Chili, l'Australie ou encore le Canada en Coupe Davis. Nos confrères de Bein Sport avaient déjà fait un bel effort en proposant aux abonnés de nombreuses rencontres de la Coupe Davis depuis que les droits TV avaient été récupérés. Mais réunir 18 pays dans une même ville en une semaine est un formidable moyen de découvrir des joueurs que l'on voit moins, de goûter à la ferveur des supporters de chaque pays et de faire coexister des peuples qui ne se rencontrent jamais. Alors bien sûr, tous les supporters n'ont pas répondu présents, à commencer par les fans français qui ont fait le choix de boycotter la compétition, mais des pays comme l'Argentine, le Chili ou bien entendu l'Espagne ont amené de la folie dans les arènes de la Caja Magica. Cette Coupe Davis est une formidable opportunité de rencontre sportive et culturelle. Indéniable. D'où la nécessité de faire venir les supporters de tous les pays et de rendre cette semaine attractive.
Argentina brought the fan atmosphere from soccer stadiums to the Davis Cup Finals in Madrid. #DavisCupFinals #Argentina @AP_Sports pic.twitter.com/1gNY40D0Vo
— Tales Azzoni (@tazzoni) November 20, 2019
Critiquée bien avant de démarrer, cette Coupe Davis a montré de nombreuses faiblesses la semaine passée, mais elle a aussi montré un fort potentiel. Peut-être le plus important : les joueurs ont montré beaucoup d'enthousiasme et de satisfaction durant le tournoi. Il sera donc très intéressant de voir les changements adoptés dès 2020 et si ce potentiel est bien exploité par le groupe Kosmos de Gerard Piqué.