Tennis. INTERVIEW - Lucas Pouille : "Jannik Sinner... ça part dans tous les sens"
L'affaire Jannik Sinner ne laisse personne indifférent sur la planète tennis. L'Italien, testé positif au Clostebol, un stéroïde anabolisant, durant le Masters 1000 d'Indian Wells en mars, pensait être débarrassé de son affaire après avoir été innocenté par l'ITIA. Mais, surprise, l'Agence Mondiale Antidopage a décidé de faire appel auprès du Tribunal Arbitral du Sport et réclame un à deux ans de suspension contre le Transalpin. Dans un entretien accordé à Tennis Actu, Lucas Pouille, engagé cette semaine au Challenger de Mouilleron et qui suit de près l'actualité de son sport, a donné son avis sans détour. "Est-ce qu'il y a deux poids, deux mesures ? Moi je dirais que oui."
Vidéo - Ce que pense Lucas Pouille... de l'affaire Jannik Sinner !
"C'est un joueur que j'appréciais énormément, mais pour moi, on est responsable de tout ce que l'on ingère dans notre corps"
"Je pense qu'on est perdus avec les différentes entités", a affirmé Pouille. "Au-delà de toutes les instances médicales, le circuit de tennis a déjà l'ATP, l'ITF, les Grands Chelems et la WTA. Jannik Sinner a été blanchi par un tribunal indépendant. Maintenant, c'est l'AMA (Agence mondiale antidopage) qui fait appel. Encore une fois, ça part dans tous les sens. On ne sait pas vraiment ce qu'il se passe. Est-ce qu'il y a deux poids, deux mesures ? Moi je dirais que oui. Il a été blanchi, tant mieux pour lui. Je ne pense pas qu'il ait pris quelque chose de manière intentionnelle. C'est un joueur que j'appréciais énormément, que j'adorais voir jouer, mais pour moi, quand on signe les papiers antidopage, on est responsable de tout ce que l'on ingère dans notre corps. Ce n'est pas un petit produit. Alors oui, ce qu'il avait dans le corps était infime... mais encore heureux, j'ai envie de dire."
"Je trouve bizarre, c'est qu'un kiné lui propose d'utiliser une crème comme ça quand on est kiné du numéro 1 mondial"
Le Nordiste a ensuite continué. "Quand je prends un joueur comme Mikael Ymer, qui a été suspendu deux ans pour trois no-show... Pour expliquer ce qu'est un no-show, ce n'est pas un refus de faire un contrôle, c'est de dire qu'on est hors compétition alors qu'on est en compétition, car on a mal rempli les documents, ou d'oublier de changer d'adresse car on voyage toutes les semaines. Malgré tout, on se fait contrôler 20-25 fois par an. Ymer a pris deux ans. Pour moi, ce n'est pas normal. Je ne connais pas l'affaire Sinner sur le bout des doigts. Je n'ai pas tout lu ni tout regardé donc je ne peux pas tout savoir mais ce que je sais, c'est que les joueurs pris récemment pour dopage ont toujours plaidé non coupable mais ont tout de même été suspendus de nombreux mois. Apparemment, Sinner a tout de suite su d'où ça venait. Ce que je trouve bizarre, c'est qu'un kiné lui propose d'utiliser une crème comme ça quand on est kiné du numéro 1 mondial. C'est le plus étonnant pour moi."
"Pour moi, le travail est bien fait mais il y a trop d'instances différentes"
Le Français a ensuite évoqué la lutte contre le dopage et suivi la ligne de Novak Djokovic. "Ce n'est pas la lutte contre le dopage. On est surveillés tout le temps, sur chaque tournoi, c'est monstrueux. Je suis arrivé à Mouilleron dimanche, j'ai été contrôlé alors que le tournoi n'avait pas commencé. Ça n'arrête pas, ils contrôlent sans arrêt. Pour moi, le travail est bien fait. Ce que disait Novak (Djokovic) était juste. Il y a trop d'instances différentes, et c'est dans ce but qu'il a créé la PTPA avec Vasek Pospisil, pour qu'il y ait une seule instance qui représente tous les joueurs de tennis et qui juge tout le monde de la même manière."