Tennis. ITW - Gaël Monfils : "Kuznestov, on le connait nous !"
Par Clémence LACOUR le 24/01/2016 à 20:28
Vidéo - Gaël Monfils dans ses oeuvres dans cet Australian Open 2016
Retour sur l'interview de Gaël Monfils à l'issue de son match samedi qui avait vécu deux sets difficiles face à Stéphane Robert, le joueur du Pro Team Hope and Spirit, au troisième tour de l'Open d'Australie. Souvent mené au score par un adversaire flamboyant, il a dû rester particulièrement concentré pour se sortir de l'ornière. Il va ainsi pouvoir jouer son huitième de finale, le premier depuis 7 ans à Melbourne, face à Andrey Kuznetsov. Peu connu du grand public, ce joueur paraît à sa portée... Mais le Français refuse mordicus de considérer son tableau comme un "tableau en or".
Bon, c'était un match un peu décousu de votre part, peut-être plus difficile que le précédent ?
Je me sentais moins bien. J'avais quelqu'un en face qui me jouait bien tactiquement, qui m'empêchait de prendre la balle tôt et de me sentir bien. Il m'a empêché de faire un jeu agressif, parce que forcément, quand on est mené, c'est un peu plus dur, c'est moins naturel. J'ai senti quelqu'un qui m'a bien lu, qui jouait bien, qui retournait très bien... Donc décousu, pas tant que ça, je dirais. Il a mené en jouant un bon tennis, et puis je pense qu'il a eu du mal à suivre physiquement la cadence qu'il imposait. C'était dur. Il jouait 15 minutes très fort, puis il avait 30 minutes un peu plus dures, voire 20 minutes... Décousu... Peut-être plus pour lui finalement. Il faisait des éclats et puis derrière plus de fautes. Moi, j'ai l'impression que du début à la fin, j'étais là à chaque point.
C'était un match à gagner, c'est peut-être pour cela que le plaisir n'était pas aussi énorme que celui que Stéphane Robert a ressenti. On vous sent vraiment concentré, et de plus en plus.
Chaque match est dur. Forcément, si ce que vous voulez dire, c'est qu'il est moins bien classé que moi et que c'est pour ça que c'est un match à gagner... Mais moi, chaque match, j'ai envie de le gagner, j'ai envie de bien jouer, de jouer chaque point... Après, je me suis fait breaker. Lui, il jouait bien, quand l'autre joue bien, il faut reconnaître que l'on est un peu plus nerveux quand on n'arrive pas à imposer sa cadence. Ca arrive aussi. C'est pour ça que je pense qu'on ne peut pas dire que c'était si décousu. Il a été un peu plus friand, il a joué un jeu agressif, je lui ai laissé mettre en place sa tactique, du coup il a mené mais je pense que du début à la fin, j'étais pareil. J'ai changé forcément ma manière de jouer, mais il n'y a pas un moment où je ne me suis senti pas là. Je suis toujours nerveux car on a envie de bien faire, cela ne passe pas. Il faut apprendre à jouer avec cette nervosité, qui me va très bien. De temps en temps, on peut me voir plus défensif, mais il y a des tactiques, des types de jeu qui me conviennent un peu moins bien, donc je ne vais pas non plus briller tennistiquement à chaque match et c'est de bons matchs comme ça qu'il faut gagner et qui donnent beaucoup de confiance. Pour le huitième, je suis très impatient, j'espère bien récupérer. Je suis forcément un peu nerveux, mais ça fait partie du tennis, ça fait partie du grand chelem et j'espère vaincre cette nervosité lundi.
Vous avez un tableau en or quand-même, non ?
J'aimerais bien me le dire, mais dans le sport, tout est possible. C'est ça, la beauté du sport. Le jour où j'aurai un tableau en or c'est quand j'aurai des WO, ou des abandons, mais là je peux vous dire qu'à 5-2 40-15 sur le service de Stéphane, je ne me suis pas dit que j'avais un tableau en or. Et lundi, si je suis mené 2 sets à 0, je ne me dirai pas non plus que j'ai un tableau en or.
Pourquoi êtes-vous aussi négatif ?
Je ne suis pas négatif. Mais je donne les possibilités.
Andrey Kuznetsov, ce n'est pas un tableau en or, mais le grand public le connaît moins bien. Vous, vous l'avez déjà affronté l'an passé, ce n'est pas facile, n'est-ce pas ?
Ah non, ce n'est pas facile ! On a l'impression que c'est un meilleur tableau que d'affronter une grosse tête de série, que c'est mieux de jouer Kuznetsov que de jouer Novak Djokovic, mais dire que c'est un tableau en or, ça veut dire que l'on a pas de respect pour l'adversaire. C'est un jeune joueur qui monte bien, peut-être qu'il est inconnu, mais on est tous passés par là, hein ! Quand j'ai fait demie à Roland, je devais être 40 mondial. On devait se dire que l'autre mec avait un tableau en or. Quand Rafa (Nadal) a gagné Roland, il n'était pas dans les 10 non plus. Kuerten pareil. C'est ce qui est beau dans le sport. Kuznestov, le public ne le connaît peut-être pas, mais nous si. On sait qu'il joue bien, qu'il monte bien. Moi je l'ai déjà joué deux fois. Deux gros matchs. Je m'attends à une grosse bataille. Il n'est pas en huitièmes pour rien non plus. Il les a gagnés, ses matchs. Dans le tennis, dans le sport, tout est possible. Il est jeune, il a bien faim. Je pense qu'il a envie de faire son premier quart en Grand Chelem. C'est loin d'être un tableau en or.
Vous avez attendu sept ans pour être en huitième de finale ici. C'est beaucoup. Cela représente quoi ce huitièmes de finale sept ans après ?
Je ne compte pas les années... Je ne dirai pas que j'ai attendu. Je pense que j'ai été moins performant. Après ça ne représente pas grand chose pour le moment car je suis dans le tournoi. J'essaye de rester concentré sur chaque match, de bien récupérer. Je suis très concentré là dessus.
Propos recueillis à Melbourne par la rédaction de Tennis Actu