Tennis. ITW - Mahut : "La France n°1 pour créer des polémiques"
Par Nastassia DOBREMEZ le 06/09/2016 à 10:05
Vidéo - L'US Open 2016 à suivre sur TennisActu.net
Ce lundi 5 septembre, la paire composée de Pierre-Hugues Herbert et Nicolas Mahut se sont qualifiés pour les quarts de finale du double messieurs à l'US Open. Les tenants du titre sont venus à bout de Jeremy Chardy et Sam Groth en trois sets (6-4, 5-7, 6-4) et 2h de jeu. En conférence de presse, les Français se sont exprimés sur cette victoire mais aussi sur la blessure de Nicolas Mahut au poignet qui l'avait fortement diminué contre Kei Nishikori en simple. Enfin, les deux hommes se sont exprimés sur l'exploit de leur compatriote Lucas Pouille dimanche face à Rafael Nadal.
Nicolas, comment va votre poignet après ce match de double remporté en trois sets ?
Nicolas Mahut : Bien mais je n'étais pas inquiet. La journée de repos m'a fait du bien [il n'a pas joué dimanche], j'espère encore en avoir une parce que c'était beaucoup mieux aujourd'hui. Ce n'est pas encore parfait mais c'était beaucoup mieux. Donc avec Pierre-Hugues, on est allés demander une journée de plus de repos et je pense que dans deux jours, ce sera très bien.
Quand avez-vous passé des examens ?
Nicolas Mahut : La veille du match contre Kei Nishikori parce que j'avais déjà mal. Ils étaient rassurants, c'est une inflammation. Si j'arrive à avoir deux/trois jours de repos, ce sera parfait. Je n'ai plus vraiment de gêne, c'est plus de la fatigue générale. Le poignet, je le sens un petit peu mais c'est vraiment incomparable par rapport à ce que j'ai ressenti les jours précédents, donc je suis vraiment content, ça va dans le bon sens.
Avez-vous parlé avec Yannick Noah qui va annoncer la liste des retenus pour la rencontre de demi-finale de Coupe Davis demain à 15 heures (heure française) ?
Nicolas Mahut : Non, je ne l'ai pas encore vu. On s'est envoyés des messages. Hier, il était sur le match de Lucas. Je pense qu'on va se voir mais pour l'instant on n'a pas plus parlé que ça. Il m'a demandé de mes nouvelles, comment je me sentais...
Un mot sur l'incroyable victoire de Lucas Pouille contre Rafael Nadal ?
Nicolas Mahut : Je trouve qu'il fait beaucoup de bien au tennis français parce que c'est quelqu'un qui affiche ses ambitions, sans arrogance, avec humilité. Clairement, son objectif est de gagner un Grand Chelem et il assume ça, il travaille, il prend un staff conséquent pour atteindre ses objectifs et il n'a pas peur, il trace sa route, et je trouve que ça fait beaucoup de bien à tout le monde. Je le trouve mûr pour son âge. On avait tendance à dire qu'il fallait plus de temps aux Français, que les joueurs qui perçaient très jeune n'étaient pas français, et bien, lui, justement, il casse un peu tout ça et il prouve que quand on s'entoure bien, quand on sait où on veut aller, il n'y a pas forcément d'âge. Lui, il est en quarts et je pense que dans sa tête, son tournoi n'est pas terminé. C'est ça qui peut être bluffant mais quand tu le connais et que tu apprends à le connaître, en fait, c'est normal.
Il n'y a que le tennis français qui peut produire un mois aussi différent entre ce qui s'est passé à Rio et ce qui se passe maintenant à l'US Open ?
Nicolas Mahut : Certainement, parce qu'on a un tel réservoir qu'on peut toujours rebondir. Lucas n'était pas à Rio, il se retrouve en quarts. Nous, je peux vous garantir qu'on a essayé de mettre le même investissement à Rio, mais ce n'est pas passé. Par contre, là où on est très très forts, c'est pour créer des polémiques, là, on est n°1, à chaque fois, ça s'est sûr. Alors qu'on a gagné Wimbledon, que les filles ont gagné Roland Garros, que la Monf' est dans les dix premiers, que Jo a fait beaucoup de quarts. Donc on sait qu'à un moment donné, ça peut arriver. On ne programme pas vraiment nos pics de forme, on a tellement d'évènements à préparer dans une saison. On veut être en forme tout le temps. Mais parfois, tu as des petites baisses, tu es un peu moins bien, et le niveau est tellement reserré que lorsque tu es un peu moins bien, tu ne passes plus. Etre moyen, ça ne suffit pas, il faut être bon. Mais en tout cas, ce qui est sûr, c'est qu'on laisse une plus belle image ici qu'à Rio. Il y a une émulation, Lucas fait du bien à tout le monde même aux gars qui sont devant en simple depuis un moment. Et puis en Coupe Davis, ça se passe super bien. On se retrouve tout le temps, soit à prendre des verres ensemble, soit à prendre le temps de discuter les uns les autres, c'est bien pour tout le monde.
Pierre-Hugues, comment avez-vous vécu les dernières 48 heures, sachant que vous étiez un peu suspendu au poignet de Nico ?
Pierre-Hugues Herbert : Je ne les ai pas si mal vécu que ça. D'une part parce que Nicolas, je sais qu'il fera, de toutes façons, le maximum pour aller sur le terrain. Même parfois il en fait trop. Il donne tellement que je savais que s'il pouvait jouer, il jouerait et que sinon, c'était qu'il ne pouvait vraiment pas jouer. J'ai essayé de me préparer de mon côté, j'ai des choses sur lesquelles il faut que je bosse à l'entraînement donc j'ai continué à le faire. J'étais agréablement surpris ce matin d'entendre que son poignet allait bien. Je n'ai pas trop douté et je ne me suis pas posé trop de questions. J'ai juste eu peur après le deuxième tour car à chaque fois qu'il faisait une volée haute, il grimaçait vraiment. Mais j'avais confiance en lui.
De votre côté, psychologiquement, ça va de mieux en mieux ?
Pierre-Hugues Herbert : Oui. Je suis de plus en plus positif. Mon état d'esprit sur le terrain, comme à l'entraînement, est bien meilleur. Aujourd'hui, c'était un match pas facile mais on a su rester positif, même si Nico était fatigué. C'était mon rôle. Quand il y en a un qui est fatigué, c'est à l'autre de donner un peu plus. Nico l'a fait pour moi quasiment sur tout Wimbledon, à moi de le faire aussi un peu.
Que pensez-vous de la performance de Lucas Pouille ?
Pierre-Hugues Herbert : C'est génial. Comme Nico, j'ai suivi le match tout du long, j'ai été extrêmement stressé, surexité. Je trouvais que c'était un match génial, je l'ai senti venir dès le début.
Nicolas Mahut : Tu peux même dire que tu as pété la table..
Pierre-Hugues Herbert : Non, je ne l'ai pas fait, c'est toi qui l'a cassée [rires]. J'avais dit que je la cassais si jamais il gagnait mais je l'ai pas fait parce que j'avais un double le lendemain et que c'était important. Cette image, quand Lucas tire la langue après avoir gagné, elle est belle, parce qu'il est allé au bout de lui-même. Il est fatigué mais en même temps, c'est génial ce qui lui arrive, il a vécu un truc incroyable. C'était un match dantesque, ça faisait très longtemps que je n'avais plus vu ça. Hier soir, j'étais extrêmement fier d'être français, d'avoir pu voir ça. C'est génial d'avoir autant confiance en soi, en son jeu, et il a mis tout son coeur dans son tennis. Qu'il ait pu être récompensé, c'est magnifique. J'espère pour lui qu'il sera en forme pour ce quart qui sera aussi un bon coup à jouer.
Cette victoire fait un bien fou à tout le monde ?
Pierre-Hugues Herbert : Il y a Lucas qui apporte une fraîcheur, un renouveau, donc ça fait du bien. Mais il y a le reste du groupe également. Il y a Jo et Gaël qui amènent quelque chose. Gilles [Simon] même, ils nous accueillent à bras ouverts, ils partagent plein de choses, chacun apporte quelque chose. Pour revenir à Lucas, il n'est pas seulement un joueur de tennis. Dans la vie, il est aussi très sain avec de belles valeurs.
Propos recueillis par la rédaction de TennisActu à New York