Tennis. ITW - Mica Llodra : "Le truc des journalistes, c'est le buzz"
Par Clémence LACOUR le 01/05/2016 à 10:24
Vidéo - Coupe Davis 2015 - Mical Llodra au panier avec David Goffin
"Joue en avançant", "Bouge", "Viens au filet" : dès les premiers conseils prodigués aux jeunes joueurs nîmois, on sent que Michaël Llodra, retraité des cours de tennis depuis tout juste un an, a toujours le tennis d'attaque dans le sang. En déplacement dans la ville au crocodile, il a évoqué au micro de Tennis Actu la place du double sur le circuit ATP et au sein de l'équipe de France de Coupe Davis, mais également les affaires qui ont émaillé le début d'année du tennis français et mondial, à commencer par l'organisation en de la Coupe Davis en Guadeloupe.
Mica, quels sont vos premiers souvenirs de jeune amateur de tennis et de joueur ensuite ?
Je me souviendrai toujours que j'avais fait un petit entraînement avec Henri Leconte et Guy Forget, en 1996 à Bercy, j'avais 16 ans et c'était fabuleux, car tu peux faire ton miel de tout ça. Je devais être -4/6 ou -15. Quand j'étais petit, j'allais voir des tournois, comme Bercy. A Roland-Garros : Sergi Bruguera, Jim Courier, j'avais vu André Agassi perdre face à Gomez, j'étais effondré. Après, le plus grand souvenir de joueur c'est d'avoir gagné Wimbledon avec Arnaud Clément car c'est un tournoi mythique, en simple comme en double.
Quelle est la place du double actuellement ?
En plus, c'est le tournoi où il y a le plus de passionnés de double. Les pays anglo-saxons adorent jouer le double car c'est spectaculaire. Chez nous, le double ce n'est pas culturel. Je suis consultant pour France TV, et la meilleure audience, c'est les matchs de double. Les sponsors ils adorent regarder le double. Il faudrait qu'il y en ait plus. Si les programmateurs se servaient davantage des joueurs de double, ce serait bien mieux. Mais on les montre du doigt en disant qu'ils sont nuls. Après, il y a des tournois, comme les Masters 1000, où tous les plus grands joueurs, même de simple, jouent également. On peut croiser Rafael Nadal, Stan Wawrinka, Roger Federer... Tous les meilleurs jouent ! Il y a deux poids deux mesures. Pierre-Hugues Herbert et Nicolas Mahut, ils gagnent trois Masters 1000 de suite, il y a un pauvre article dans L'Equipe, et c'est même pas pour ça qu'ils vont jouer la Coupe Davis.
Mais est-ce vraiment logique de se priver de ce double. Il y a deux simples. Mais pour le reste ?
La Coupe Davis et les matchs sur circuit, ça n'a rien à voir. Le point du double est capital. Mais ils sont un peu réticents, car ils se disent : "s'il y en a un qui est blessé"... Et puis les deux autres c'est pas des peintres non plus. Jo Tsonga et Richard Gasquet, ils ont des médailles en double, attention. Sur terre battue, il y a matière à discuter. Sur dur, ils sont incontournables. Jusqu'à présent, on n'avait pas, comme les Anglo-Saxons, cette culture du double. Peut-être que Yannick Noah, pour cette fois, il va faire différemment.
Le premier tour, ça a un peu fait débat, avec cette organisation en Guadeloupe...
Eh bien, on ne pouvait pas savoir que Milos Raonic et Daniel Nestor ne joueraient pas. Si on ne voit pas le côté économique, rien du tout, c'était le meilleur endroit pour jouer face aux Canadiens. Sur terre battue extérieure, il fait chaud. Si on avait su dès le début qu'il n'y aurait ni Nestor ni Raonic... C'était vraiment la meilleure solution de jouer Raonic sur terre battue extérieure. La terre battue indoor... C'est pas pareil. Les mecs peuvent très bien servir.
Mettons, à deux trois mois près, Arnaud Clément demande la même chose. Est-ce que cela aurait été accepté ?
Eh bien, la vraie question, elle est là. Si pour jouer Roger Federer et Stan Wawrinka, on avait pu... On se dit, c'est incompréhensible, si on peut organiser un premier tour, on peut organiser une finale. La différence, c'est que la rencontre, cette fois, on a pu l'organiser beaucoup plus tôt, au mois de septembre, avec le tirage au sort. Là, on avait battu les Tchèques au mois de septembre pour une finale mi novembre. C'est trop dur.
Là, le tennis est dans une passe difficile, entre les affaires de matchs truqués, de dopage... Qu'est-ce que cela vous inspire ?
L'image du tennis, il faut dire ce qui est, elle est compliquée. Entre l'affaire des billets à la Fédération, avec le Président, l'éviction de Gilbert Ysern, l'éviction d'Arnaud Clément, le contrôle positif de Maria Sharapova, les paris truqués, c'est compliqué. Après, il ne faut pas faire d'amalgames sur tout. Le tennis, ça reste un sport magnifique. Après, c'est comme le foot : il y a eu l'affaire des quotats, la sextape. Le seul truc, c'est qu'avec les journalistes, il y a tout qui sort. Le truc des journalistes, c'est de faire du buzz. On s'en fout de savoir comment Novak Djokovic s'entraîne. On veut savoir qu'il bouffe sans gluten, parce que ça fait du buzz.
Propos recueillis à l'AS Bas-Rhône Nîmes par Clémence Lacour