Tennis. ITW - Robin Bertrand : "Pourquoi pas une wild-card à Roland-Garros... "
Par Samuel MESSBERG le 17/02/2022 à 08:15
Éliminé dès le premier tour du 15 000$ de Grenoble par le qualifié Emilien Voisin, Robin Bertrand n'en reste pas moins un bel espoir du tennis français. À seulement 18 ans, il est déjà bien ancré dans le top 1000, placé aujourd'hui à la 875e place mondiale. Concentré sur le circuit senior principalement depuis Roland-Garros junior 2021, il a déjà été demi-finaliste à Monastir en octobre, et il a aussi par trois fois atteint les quarts de finale sur le même site. Il ne lui manque qu'un peu de régularité afin de grappiller encore des places et de la confiance. Le Nîmois est revenu pour Tennis Actu - entre autres - sur sa progression et ses objectifs.
Vidéo - Robin Bertrand, 18 ans, 875e à l'ATP au micro de Tennis Actu
Aujourd’hui tu as 18 ans tu fais partie des espoirs français. Comment tu évalues ta progression depuis que tu es rentré dans les tableaux ITF séniors ?
C'est une progression à peu près stable. Chaque année je progresse énormément, il y'a pas une année ou j'ai stagné. Que ce soit en junior ou en senior, j'ai toujours progressé. J'ai pris mon premier point ATP en décembre 2020. Je suis actuellement 875e ATP, je suis content de mon parcours mais j'espère pouvoir faire mieux dans les années à venir.
En 2021, on t’a principalement vu après Roland Garros junior sur des 15 000$ ou 25 000$, comment tu évalues ta dernière année en junior avant cette bascule ?
C'était un peu une consécration parce que j'ai quand même passé 3-4 ans à faire des juniors, pouvoir jouer presque tous les grands chelem, même si le Covid m'en a fait rater deux, c'était super. Je me suis régalé. Dans les deux que j'ai joués j'ai passé un tour, y'en a un où je suis sorti des qualifs en sauvant des balles de match... c'était incroyable.
Ce sont des moments qui forgent un début de carrière ça...
Oui vraiment ça fait du bien au moral, ça fait du bien d'être soutenu. Même si je me sens bien soutenu dans mon club, aussi par mes parents, mon coach, les personnes autour de moi. Là je me suis senti vraiment incroyablement bien.
Quelles sont pour toi les principales différences entre les joueurs qui jouent dans les meilleurs tournois juniors et les premiers tournois seniors ?
Moi je trouve qu'en junior y'a des fois des tours un peu plus facile, même si bon en senior parfois avec certains qui parient... Mais sinon en senior avec l'argent qu'il y a à la clé, les joueurs sont morts de faim. Je trouve ça plus dur en senior. Au début j'ai fait quelques coups, notamment une demie, mais la je trouve que ça devient de plus en plus dur de grappiller des places. Avec l'entraînement et en continuant comme ça, je me dis que ça va aller.
Et par rapport au jeu des adversaires ? Sofia Costoulas disait que chez les juniors ça cherchait seulement à taper fort, et que l'approche était beaucoup plus tactique chez les seniors...
Exactement ! Les seniors sont un peu plus malins... ils vont varier un peu plus, moins taper que les juniors. Même si certains essaient de varier en junior, c'est beaucoup moins qu'en senior. Ils vont voir de suite que t'as un point faible sur un coup, et ils vont pas arrêter de jouer dessus. En plus derrière ils vont se passer le mot, et tu seras connu pour ça, et ce sera plus compliqué de s'imposer. Je trouve ça franchement plus dur, mais c'est mieux. Ça forge.
En 2021 on t'a souvent vu dans les 15 000 et 25 000$ à Monastir et dans les tournois français quelles sont les étapes pour toi à moyen terme ? Continuer à grappiller des points, espérer quelques wild cards en challenger… ?
J'aimerais bien encore monter en classement, aussi avoir des wild-cards en challenger pour m'aider ce serait super. Après sinon y arriver par mes propres moyens, gagner mes points en Future à la dure, et quand j'aurai le niveau pour y être par moi-même, passer en challenger, et j'espère même plus haut. Les grands chelems, ce serait incroyable ! Sur le long terme en tout cas. Après si je joue bien sur terre cette année, pourquoi pas espérer une wild-card en qualifications à Roland...
Depuis que tu as commencé les ITF, tu as eu un peu d’irrégularité dans les résultats. Certaines très bonnes semaines avec des quarts et une demie notamment, mais aussi d’autres semaines un peu plus compliquées. Qu’est ce qui selon toi, te manque pour réussir à gagner en constance ?
Normalement j'ai un jeu plutôt constant, je suis souvent régulier dans mes résultats. Ce que je trouve difficile, en adulte il y a des clients de partout. Dès le premier tour on peut tomber sur des joueurs qui nous correspondent pas tout à fait. Le match tendu, au couteau, après on s'en sort pas, on perd en confiance et les tournois d'après c'est un peu dur. Alors que des fois on a un bon premier tour à faire, on le fait, on passe au deuxième tour, troisième tour, ça s'enchaîne, la confiance arrive.
Dans une finale pleine de rebondissements, Robin Bertrand (Occitanie, -2/6) est venu à bout de Florian Armand (PCA, 0) pour conquérir la Coupe de France 15-16 ans à Dijon. Portrait vidéo du jeune joueur du TC Les Hauts de Nîmes.. pic.twitter.com/dpTovehdom
— FFT (@FFTennis) August 17, 2019
Ce qu'on peut remarquer dans ces classements-là, c'est que tu peux être 1 000e et avoir le niveau 700e, parce qu'il n'y a pas un énorme écart dans les points...
Exactement, surtout que sur un match, si tes coups marchent bien, t'as la bonne puissance, tout le monde peut gagner tout le monde je pense en futur.
Aujourd’hui tu es 875e mondial et 15e meilleur parmi les joueurs de 18 ans ou moins. Je suppose que tu dois avoir des objectifs plutôt élevés pour les saisons à venir ?
Ouais je me mets pas trop la pression sur le classement pour l'instant. J'essaie surtout de progresser, et de m'entraîner pour ça. Si je dois changer mon service ou mon coup droit et perdre trois fois au premier tour pour gagner un tournoi, ça ne me dérange pas. J'essaie de m'accrocher sur chaque match chaque point qu'il y a à prendre, je le prendrai. Comme je suis jeune je me dis que j'ai un peu de temps, même s'il passe il faut monter le plus vite possible. Ma mentalité est quand même de progresser, bien que je sois un matcheur et que j'adore gagner, en ce moment je me rends compte que le plus important c'est de progresser. Plus je progresserai, plus je ferai des perfs et meilleur seront mes tournois dans le futur.
Depuis quelque temps on voit des joueurs qui arrivent tard sur le circuit. Benjamin Bonzi top 100 à 25/26 ans, Arthur Rinderknech ou même Cameron Norrie pour ne citer qu'eux, ça doit être motivant de se dire que c'est possible ?
Oui exactement. Une carrière c'est sur le long terme. Ce qui compte c'est d'y arriver, si c'est à 30 ans ou à 20 ans ça change rien. Si on arrive à être dans le top, c'est le principal. C'est comme ça que je vois les choses.
5th week of #preseason OVER ✅�'� for @MonnetCarole (20 years old #WTA n°270), Robin Bertrand (18 years old #ATP n°894), Wissam Abderrahman (18 years old #ITFjunior n°87), practicing with coach @hrvromain
— Romain Tennis Team (@RomainTennisTea) January 24, 2022
☠�'� 🆘�'�👊#MondayMotivation pic.twitter.com/50ZigJHzPq
Alors aujourd’hui c’est difficile d’avoir accès aux images des tournois ITF, est ce que tu peux décrire ton jeu pour ceux qui aimeraient savoir comment tu joues ? Quels sont les qualités et les défauts de ton jeu ?
Je suis un attaquant de fond de court. J'aime bien prendre mon coup droit. Je commence à mieux servir, à claquer mes premières et enchaîner en avançant bien. Aller au filet aussi si le mec est loin, et finir par une petite volée courte croisée. Simple efficace (rires).
Quels sont les points où tu sens que tu pourrais vraiment progresser ?
Je dois continuer de progresser au service, et en fond de court je pense qu'il faut que j'améliore mes décalages coup droit. C'est ce qui me manque un peu.
Alors tu fais 1m80, donc tu fais partie des joueurs les plus petits du circuit… Est-ce que tu considères ça comme un désavantage, ou alors tu compenses avec tes autres qualités ?
Je vois plutôt ça comme une force parce que je me dis que je peux utiliser mes jambes comme une force. Je peux essayer d'aller chercher plus de balles que les grands. Après quand on voit Zverev qui commence à aller tout chercher, on se dit que ce serait plus facile avec cette taille, mais c'est à moi de travailler pour que ça devienne une force. J'arrive à compenser avec mes autres qualités.
Alors aujourd’hui il semblerait que tu es accompagné par la FFT qui t’as permis d’avoir quelques wild cards à Monastir et en France, à quel point son apport est important dans le cadre de ta progression ?
La FFT commence à m'aider. Ça s'est un peu fait sur le tard, mais je trouve ça vraiment plus facile. Avoir des wild-cards ça t'aide vraiment, il y a moins de pression puisqu'il n'y a pas de qualifs. Je peux marquer des points plus facilement... tout est plus facile quand tu as des wild-cards. Même si on peut tomber sur les meilleurs joueurs du tableau, moi j'aime bien ces matchs parce que y'a aucune pression. Tu fais de ton mieux, tu lâches tes coups et lui il se tend un peu, et j'arrive à me retrouver dans mon jeu.
Tu fais partie d’une génération qui semble dorée avec Luca Van Assche, Arthur Fils, Giovanni Mpetshi Perricard, Sean Cuenin, même Gabriel Debru bien qu’il soit plus jeune, est ce que c’est difficile de se faire sa place et son chemin à leurs côtés, ou alors au contraire c’est une force qui te permet de te développer et de te surpasser ?
Ce sont de très bons joueurs, je me dis que c'est plutôt motivant. Quand je les vois réussir je me dis que j'ai aussi envie de faire ça. Je trouve ça bien qu'on soit nombreux à essayer d'y arriver.
Vous êtes un groupe ? Ça vous arrive de travailler ensemble, ou alors c'est un peu chacun de son côté et on se retrouve en tournoi ?
Je trouve qu'on est un peu chacun de notre côté, à part ceux qui travaillent au CNF. Après on se voit dans les tournois, on rigole ensemble, on est un petit groupe.
Ça fait 5 années que tu travailles avec ton coach Pascal Courtois, sans compter l’apport de ton père Renaud, qu’est ce qu’ils t’apportent d’un point de vue tennistique, et comment se complètent ils ?
Je trouve que Pascal est très motivé, toujours là. Mon père est professeur de sport à côté, donc il est pas toujours présent. Mon coach est lui toujours très motivé, il a toujours le sourire, on joue, on s'amuse. Mon père lui il me fait jouer le soir en plus, je bosse deux fois plus que les autres et c'est ce qui fait que j'en suis là aujourd'hui.
Selon ton point de vue, à quel point c’est primordial d’avoir une bonne entente avec son/ses coach(s) ?
Oui ! Moi j'ai absolument besoin d'être pote avec mon coach, de bien m'entendre avec lui, qu'on rigole à l'entraînement. Il faut pas être tendu quand t'arrives. C'est normal de se faire engueuler parfois, mais il faut pas que ce soit tout le temps. Rigoler et prendre du plaisir c'est vraiment important.
Est-ce que leur apport est aussi sur le plan humain ?
Oui ! Ils me soutiennent à fond dans mon projet. Je me sens bien, relâché. Je sais que si je suis un jour je suis moins dedans j'aurai toujours leur soutien et ça fait du bien.
Est ce que pour toi un accompagnement psychologique est important pour les joueurs de tennis, et notamment en tant que jeune qui découvre le circuit ?
Oui je pense. Moi je n'ai pas encore assez creusé tout ce qui est préparation mentale. J'ai commencé à voir un peu la méditation par exemple, mais pas de manière très poussée. J'aimerais me prendre un préparateur mental, je trouve ça important. Notre mood en dehors du court se répercute sur le court. Je me remets en question à chaque match perdu, j'aurais du mieux faire. Mais ça me motive quand même pour retourner bosser et en remettre une couche. La critique me motive.
Qu’est ce qu’on peut te souhaiter pour les semaines et mois voire même les années à venir ?
Je vais essayer de progresser dans le classement, m'entraîner encore plus et encore mieux.
