Tennis. Open d'Australie (D) - N. Mahut : "Fier de P-H. Herbert"
Par Christophe de JERPHANION le 29/01/2015 à 11:03
Vidéo - Open d'Australie - Mahut et Herbert qualifiés pour la finale
Enorme performance de Nicolas Mahut et Pierre-Hugues Herbert, qui se sont qualifiés ce jeudi pour la finale du double de l'Open d'Australie qu'ils disputeront samedi midi (heure française). Après avoir battu leurs copains Benneteau/Roger-Vasselin, têtes de série n°2, ils se sont sortis d'un match bien mal embarqué face à Dodig/Melo, têtes de série n°4. Deux paires bien plus expérimentées que la leur, formée en fin d'année passée, mais qui semble parfaitement fonctionner. Retour avec Nicolas Mahut sur la formation de cette équipe et le travail effectué ensemble. Ou quand un sport individuel devient collectif.
Une demi-finales tendue, qui aurait pu tourné d'un côté comme de l'autre, mais c'est vous qui avez eu le dernier mot...
Je crois que ça avait plutôt bien commencé. On a été meilleur qu'eux au premier set. On a gagné 6-4, mais on aurait pu gagner plus facilement. Ensuite, c'est vrai que ça a un peu tourné. Eux ont de la réussite dans le tie-break du deuxième set avec une balle qui accroche la ligne sur un challenge, et puis on est breaké au 3e. On a eu le mérite de s'accrocher, de ne rien lâcher et on a réussi à faire tourner ce match. Mais surtout, aujourd'hui, je suis vraiment fier de Pierre-Hugues parce que, on peut vous le dire maintenant, mais à deux points du match contre Bennet et Edouard, il s'est fait mal au pied. Hier, il ne pouvait pas trop jouer, il a fait deux fois dix minutes. Il a dû se faire infiltrer hier et encore ce matin et il n'a rien montré. Pendant ces deux jours, il a fallu le rassurer et l'aider à penser à autre chose. Déjà que ce n'est pas facile de jouer une demi-finale, alors dans ces conditions. Mais il est passé outre, donc c'est vraiment une belle victoire.
C'est votre quatrième tournoi ensemble et ça a l'air de bien fonctionner entre vous ?
Oui, ça me fait penser à Michaël Llodra et moi, il y a deux ans. On avait commencé en Australie, j'avais dû abandonner au bout de deux sets, ensuite, on n'avait plus joué ensemble jusqu'à Roland-Garros et on était allé en finale (NDLR : perdue in extremis contre les frères Bryan). J'espère que l'issue sera différente cette fois. Voilà 15 ans que je suis pro et je n'ai jamais caché mon ambition de gagner un Grand Chelem et depuis deux, trois ans, c'est vraiment devenu ma priorité. J'ai déjà échoué en finales, plusieurs fois en demies et là, j'ai encore une opportunité d'en gagner un. Pour l'instant, on ne se projette pas trop, on va d'abord savourer cette victoire, parce que le match a été très difficile, physiquement et nerveusement. Mais dès demain, on se projettera. J'aimerais bien revenir samedi soir avec le sourire.
C'est un match qui a donné un scénario fou, des émotions incroyables...
Oui, on sait bien que le tennis est un sport de dingues. On était tout près de l'élimination, on est passé par un trou de souris. Cette fois, ça a tourné en notre faveur, mais on est vraiment allé la chercher. On est resté concentré et agressif. Eux aussi ont très bien joué, parce qu'on a des occasions de débreaker et ils ont des réflexes extraordinaires au filet. Et, malgré cela, on a continué, continué et ils ont fini par céder. Ils nous ont laissé une petite brèche et on a réussi à se faufiler. Et c'est vrai qu'il y avait beaucoup d'émotion à la fin.
Parlez-nous de votre complicité, sur et en dehors du court...
Sur le court, c'est venu assez naturellement, même s'il a fallu travailler parce que les autimatismes, ça ne vient pas comme ça. Quand j'ai demandé à Pierre-Hugues de jouer avec moi, j'avais envie d'un projet à moyen ou long terme et je voulais créer quelque chose. Et créer quelque chose, c'est sur mais aussi en dehors du terrain. Passer du temps ensemble, apprendre à se connaître. Je trouve que c'est très important pour être performant en double. La semaine à Mouilleron a été parfaite pour cela, on a eu une semaine pour se découvrir. Et puis, pendant l'hiver, on s'est appelé régulièrement, envoyé des messages pour garder ce lien. Et puis, depuis notre élimination au premier tour des qualifications ici, ça fait quinze jours qu'on est ensemble, qu'on s'est entraîné, et aujourd'hui, ça donne des résultats.
Vous avez déjà une première expérience d'une finale de Grand Chelem, comment en avez-vous parlé à Pierre-Hugues ?
Il ne faut pas occulter que c'est une finale de Grand Chelem, parce que les émotions vont être là. Il va y avoir un peu plus d'attente, c'est notre rêve à tous les deux. Il ne faut pas dire c'est rien, c'est un match comme les autres. C'est un peu différent, donc il faut essayer de le préparer différemment. Et surtout, il ne faut pas le jouer trop tôt. On vient de se qualifier. La priorité, c'est de savourer et demain, on s'entraînera, on essaiera de regarder quelques images de leurs matches. On en discutera tous les deux. Je me souviens aussi du discours de Mika avant la finale de Roland-Garros et il m'avait vraiment apporté. Je vais à mon tour essayer de transmettre cela. Mais, vu la manière dont nous avons réagi aujourd'hui, je suis assez confiant.
Qu'avez-vous appris sur lui qui vous étonne ?
Son humour. Il faut le connaître pour bien le saisir. Au début, c'est pas évident, mais au bout de trois semaines, un mois, je commence à comprendre. C'est ma deuxième jeunesse, si ça se trouve, je finirai après lui, on ne sait pas.
Vous jouerez en finale Simone Bolelli et Fabio Fognini...
Ce sont deux joueurs de simple. Ils vont nous proposer un amtch très différent de ceux qu'on a joués jusqu'ici. Je ne les ai pas encore vu jouer, mais j'imagine qu'ils ne font pas service-volée tout le temps. Je m'attends un peu à un match comme contre Granollers/Lopez, par exemple. Ils vont frapper très fort du fond du court, ils vont mettre beaucoup de retour dans le terrain. Il y aura peut-être des opportunités sur le service, parce qu'ils ne sont pas réputés pour être de grands serveurs. Mais je pense qu'on aura beaucoup, beaucoup de balles à jouer. On connaît le talent de Fognini, Bolelli revient très bien en simple. C'est difficile d'en parler sans les avoir vu jouer.
Propos recueillis par la rédaction de Tennis Actu.