Tennis. Roland-Garros - Del Potro : "Vivre des émotions extraordinaires"

Juan Martin Del Potro a livré une grosse bataille pendant deux sets à Roland-Garros face à Andy Murray. Alors qu'il avait bien failli remporter le premier set, finalement perdu 8-10 au tie-break sur une balle un tantinet litigieuse, il a dû poser genou à terre face au n°1 mondial. Vaillant, malgré un physique vacillant ces dernières semaines, il a été porté par les vivats du Court Philippe Chatrier. Dans sa conférence de presse, il est revenu sur cet amour que lui porte le public ainsi que sur la performance de son adversaire du jour.

Vidéo - Del Potro console Nicolas Almagro à Roland-Garros

Après le premier set, vous avez très très bien joué. Et puis à un moment donné, cela ne passait plus. Cela donne quoi de la frustration, de la douleur ?

Beaucoup de frustration. Trop de frustration, même. J'ai eu du mal à encaisser la perte de ce deuxième set. J'aurais pu le remporter à plusieurs reprises, et effectivement, je jouais bien pendant tout le premier set. D'ailleurs, j'ai vraiment bien joué. Mais voilà, en même temps, quand vous jouez contre le numéro 1 ou un grand champion comme Andy, comme Rafa, ou comme d'autres, vous ne savez jamais comment les choses vont évoluer. On finit parfois par perdre.  Lorsqu'il te donne des occasions, tu ne peux pas faire une double faute, comme cela a été mon cas aujourd'hui. Lors d'un autre point, j'étais balle de set, et j'ai plutôt fait un drive tranquille, au lieu d'attaquer. Il m'a gagné par exemple, ce genre de choses. Mais au-delà de mon jeu, de mon tennis, je dois continuer d'améliorer mon revers. Andy, pour moi, c'est l’un des plus intelligents sur le circuit. Il le savait, il savait qu'il était mon point faible. Bien sûr, je pense que lors de cette occasion, sur cette surface, si j'avais eu un meilleur physique et un meilleur revers, il n'aurait pas pu réussir aussi facilement. Il est vrai que ces 2 points ne m'ont pas aidé. Parfois,j'avais l'impression que j'allais réussir, et puis lors du deuxième set aussi, j'avais l'impression que je pouvais y arriver, surtout le vaincre mentalement. J'ai eu des occasions. Les 2 premiers sets, en effet, ont déterminé tout le match. Par la suite, même si je sentais que je jouais bien, même si je lui faisais du mal mentalement, je pense que c'était quand même très compliqué. C'était vraiment très compliqué parce qu'il a commencé à mieux retourner, mon service ne lui faisait plus mal. Il a joué comme un numéro 1.

On ne cherche pas d'excuses mais physiquement, vous n'aviez pas l'air au top. Saviez-vous d'emblée que cela allait être difficile ?

J'étais conscient de ma condition physique. Je crois que j'ai perdu le match parce qu'Andy arrivait à renvoyer la balle sans cesse, et il a su faire la différence pour les 2 sets. Le troisième set a été très difficile mentalement. Ayant perdu les 2 premiers sets, le troisième a été terrible. Ceci étant dit, dans l'ensemble, j'ai fait un beau tournoi, j'ai eu une belle saison sur terre battue, malgré ce qu’il s'est passé avec mon grand-père. Maintenant, j'ai envie de faire une belle saison sur gazon.

C'est bien de vous voir ici finalement, après 3 ans. Pendant ce match, à un moment donné, vous avez fait cette fameuse double faute. Cela a été très dur, non ?

Effectivement, les 2 premiers sets étaient très serrés. Il a su faire la différence à quelques points près sur la fin pour remporter les 2 sets. Mais moi, j'ai très bien joué pendant à peu près 2 heures et demie, vraiment bien. J'ai vraiment pris beaucoup de plaisir. Le public était là. Je crois que le public a vraiment aimé le match également. On a fait le spectacle, un super spectacle. Au final, Andy joue mieux, il a mieux joué dans des moments-clés, et cela fait la différence.

Lorsque l'entraîneur et le docteur sont venus pour vous voir, c’étaient les anti-inflammatoires pour vos douleurs ?

Tout à fait. J'ai joué sans douleur. J'ai bien mieux bougé sur le court que l'autre fois. Il m'a fait beaucoup courir pendant le match, vous l'avez vu.

Quand il fait le break à un moment donné, vous êtes à 4-2, vous êtes très frustré. Pourquoi ? A ce moment, vous n'aviez pas le score que vous auriez voulu avoir, que vous auriez dû avoir ?

C'est surtout parce que je sais que lorsque vous jouez mieux contre un tel joueur, il ne faut pas passer à côté d'une opportunité. On ne peut pas passer à côté. Il y a le break qui se fait. Ensuite, j'ai eu une deuxième chance de refaire le break. J'ai fait des erreurs avec mon revers. C'est là que j'ai ressenti beaucoup de frustration. Comme je l'ai dit, quand vous êtes face à un joueur contre lui, il faut être extrêmement concentré du début jusqu'à la fin. Parfois, il faut plus d'une chance pour pouvoir remporter un set.

Comment expliquez-vous le soutien du public français ? Etes-vous surpris par ce soutien ?

Ce que je peux vous dire, c’est que j'adore ce qu'il se passe lors d'un match comme aujourd'hui. Je suis très heureux de voir que le public est là pour me soutenir. Vous savez, cela fait 5 ans que ce tournoi me manque énormément, donc je rentre aujourd'hui chez moi, avec de magnifiques souvenirs de ce public français, mais également argentin qui était là. Avec ce soutien du public, avec tout cette affection, ce qui n'est pas souvent le cas, ce sont des moments où même si on est fatigué, même si on a perdu des occasions, on souhaite continuer de vivre cette expérience. En effet, il a fallu que je me retire 5 ans du circuit, 3 opérations du poignet, pour revenir 5 ans après et vivre ces moments extraordinaires. Je me rends compte justement de ce moment qui est vraiment extraordinaire du point de vue des émotions. Peut-être que les occasions principales auraient dû être bien mises à profit à mon avantage pendant le premier set, mais grâce au public, j'ai pu continuer.J'espère que l'année prochaine, je serai en meilleure forme, avec un meilleur niveau de tennis, et pouvoir rester quelques jours de plus. 

Vous avez joué deux très beaux matchs contre Andy Murray l'année dernière. Est-ce que vous diriez que Murray était au même niveau que l'an dernier, ou pas ?

Je crois qu'aujourd'hui, nous nous sommes livré une autre belle bataille. Les 2 premiers sets ont duré près de 2 heures et demie, donc ce sont des sets très très longs. Andy est un type très intelligent sur le court. Il a toute la palette des coups, il a une mentalité extraordinaire, il a un mental très fort. C'est ce qui fait de lui le meilleur joueur au monde. Ce tournoi lui convient bien. Je ne peux que lui souhaiter de réussir. Je pense qu'il ira très loin.

 Avant le match, Andy vous a dit que vous aviez eu des tirages au sort difficiles cette saison. Est-ce que c'est difficile, ou facile, d'accepter, pour cela, pour remonter dans le classement mondial ?

 Effectivement, je n'ai pas eu beaucoup de chance pendant les tirages au sort. La seule manière d’améliorer cela, c'est d'améliorer mon classement. Avec un meilleur classement, je peux espérer un meilleur tirage au sort, mais cela prend du temps. Il faut déjà jouer un très bon tennis. J'ai fait les Jeux Olympiques l'an dernier, la Coupe Davis, mais cela ne rapporte pas de points. Il faut jouer à l'ATP, c'est là que l'on peut monter dans le classement et remporter des points.

Deux questions rapides s'il vous plaît. Est-ce que cela vous dérange lorsque le public fait « holà » lorsque vous utilisez votre coup droit ?

 Pas du tout, au contraire, j'aime bien. Cela encourage, quelque part.

Comment expliquez-vous votre popularité un peu partout, pas simplement ici, mais en Allemagne ? Vous êtes extrêmement populaire. Lorsqu'on met quelque chose en ligne sur vous, les gens réagissent. Il semblerait que tout le monde vous aime, pas simplement pour votre jeu spectaculaire, mais l'image que vous avez, de quelqu'un de cool, un sportif formidable. C'est comme cela que vous vous percevez vous-même ?

J'essaye d'être moi-même, toujours. Je crois que peut-être, les gens aiment mon histoire. Cela fait pas mal de temps que je suis sur le circuit. Je suis quelqu'un qui ne renonce jamais. Les gens savent qu'aujourd'hui, je suis très différent, le nouveau Del Potro est très différent de l'ancien Del Potro. J'ai énormément changé mon jeu. Aujourd'hui, je cours beaucoup. C'est ce que les gens aiment aussi quand je suis sur le court. Sinon j'essaye d'être moi-même, quelqu'un de cool, y compris quand je suis sur le circuit.

Pour revenir au match, le dernier point du premier set, vous êtes sur la ligne. La balle qui est tout près de la ligne, cela vous convient ou pas ?

Cela me convient dans le sens où la balle était à l'extérieur.