Tennis. Roland-Garros - Fiona Ferro : "C'est dans le top de mes émotions... "

Quelle belle performance de Fiona Ferro ! La Française, plutôt convaincante au premier tour face à Heather Watson, a ce jeudi réalisé un véritable exploit. Opposée à la tête de série n°14, Elena Rybakina, finaliste à Strasbourg et très en vue en début de saison, la Française a pris le meilleur sur cette adversaire de taille. Ce samedi, elle aura une superbe opportunité de filer en deuxième semaine contre Patricia Maria Tig. 

Vidéo - Roland-Garros 2020 - Fiona Ferro est au 3e tour de Roland !

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Beaucoup plus agressive que son adversaire (36 coups gagnants contre 19), la Française s'impose 6-3, 4-6, 6-2. Surtout, elle signe sa 17e victoire consécutive : Ferro n'a tout simplement pas perdu depuis la reprise. Et elle aura un bon coup à jouer au 3e tour, où elle affrontera la Roumaine Maria Tig. En conférence de presse, la jeune femme avait envie de savourer sa victoire, une première pour elle sur le central de Roland-Garros. Elle s'est également montrée satisfaite de sa progression et de sa prise de conscience au fil du temps, sur ses capacités : "Je pense sur mon attitude et sur le fait de croire que je peux vraiment imposer mon jeu contre n'importe qui. Avant quand je jouais des filles qui frappent fort comme Rybakina aujourd’hui ou Giorgi à Palerme. Je pensais vraiment que j'étais impuissante et que la seule solution pour faire les points, c'était qu'elles ratent." Une attitude qui laisse présager le meilleur pour la suite.

Victoire de Fiona Ferro 🇫🇷

La Française renverse Elena Rybakina dans le set décisif et s'impose 6-3, 4-6, 6-2 après un combat de 2h03 ! La 49e mondiale affrontera la Roumaine Patricia Maria Tig au troisième tour 🎾 pic.twitter.com/FqtYtlgbTM

— France tv sport (@francetvsport) October 1, 2020

 

Bravo pour cette victoire.

Merci.

 

Qu'est-ce que tu as ressenti, gagner un match comme cela fasse à la dix-huitième mondiale sur le court qui fait rêver tous les Français, sur le central, il doit y avoir un sentiment de satisfaction absolue. C'était quoi le sentiment ?

Ce n'est pas seulement de gagner, mais déjà quand j'ai appris que j'allais jouer sur le Central, j'étais super contente, même si je n'ai pas eu l'occasion de taper dessus. Je n'étais pas du tout inquiète, mais j'étais contente de pouvoir jouer sur ce court qui est magnifique. Au premier set j'ai vraiment kiffé. Au 2e set, j'ai eu un petit moment où j'ai perdu mon état d'esprit positif, mais j'ai réussi à le retrouver au 3e. Je pense que le public m'a bien aidé, il m'a poussé au 3e set. C'était génial.

 

Tu as pu faire venir toute ta famille ?

Oui, au premier tour ils n'ont pas pu venir parce que l'on a des invitations seulement quand on joue sur les 3 courts principaux. Là, il y avait toute ma famille, donc mes parents et mes 3 frères.

 

Bonjour Fiona. Comment vous classez cette victoire dans votre Panthéon, qui est jeune, mais qui est déjà un peu garni, et les émotions qui vont avec ?

C'est ma meilleure victoire, pas forcément en termes de niveau de jeu, mais en termes d'émotions. C'est vraiment pourquoi je m'entraîne les moments comme cela. Même si le Central n'était pas plein, il y avait quand même un peu de public. C'est dans le top de mes émotions que j'ai eus dans ma carrière.

 

Tu es plutôt discrète. Là, tu fais une petite entrée dans la lumière. Je ne veux pas te faire peur du tout. Tu y penses ou pas du tout, ou tu aimes bien cette discrétion ?

Pas trop. J'aime bien cette discrétion parce que j'ai quand même envie de rester sur des choses simples, c'est-à-dire le tennis et le jeu. J'essaie de ne pas trop en rajouter à côté de cela. Mais sinon après, quand j'entends les gens qui scandent mon nom et qui me soutiennent, évidemment j'adore cela aussi. Le principal, je pense, c'est de rester sur l'essentiel et rester sur le jeu.

 

Sur la gestion des émotions, tu as dit que tu avais eu un petit trou au 2e. Cela a été quand même encore une vraie victoire parce que tu ne t'es pas laissée démonter sur le Central de Roland-Garros face à une excellente joueuse. Tu n'as pas montré grand-chose, quand même, comme frustration. Ce travail, c'est aussi très important dans ta progression, non ?

C'est sûr que c'est super important. Peut-être auparavant, je serai rentrée sur le court en me disant : je n'ai jamais joué, c'est le Central de Roland. J'aurais été plus tendue pendant plus longtemps. Là, cela a duré 2 jeux et j'ai réussi à mettre en place mon tennis. C'est une vraie victoire, cela va me faire du bien pour la suite, la prochaine fois que je vais être amenée à jouer sur de grands courts, je me souviendrai que cette fois-ci, j'ai réussi à le faire, donc qu'il n'y a pas de raison de ne pas y arriver une deuxième fois.

 

Félicitations. Je t'avais vu gagner à Palerme. J'ai trouvé que tu as un grand potentiel. Je ne suis pas surpris de ton résultat. Je voudrais savoir si maintenant, quand tu dois jouer contre la Tig, ce n'est pas imbattable, si tu penses aller beaucoup avant ?

Pas trop. Je prends vraiment match par match. En plus, je ne la connais pas du tout, Tig. Je ne sais pas trop comment elle joue. Je ne me suis jamais entraînée avec elle. Je pense que je vais regarder quelques vidéos pour regarder une idée tactiquement comment il faut jouer. Sinon, je suis très contente d'être déjà au 3e tour. Le prochain match, cela va être un autre défi et j'essaye de prendre au jour le jour.

 

C'est une victoire qui est très impressionnante. Est-ce que tu as un sentiment même quand il y a un set partout, du coup cela te donne quand même une confiance, une sorte de matelas de confiance qui t'aide beaucoup.

J'y ai pensé à un moment. Après ces 6 ou 7 dernières semaines, je n'ai pas joué. C'est un peu bizarre le sentiment parce que je suis sur une série de victoires, et en même temps, je reviens d'une blessure. Dans les moments où c'était un peu chaud, j'essayais de me rappeler de cela, et de me dire que si je jouais de la bonne façon, j'avais toutes les armes pour la dominer. A certains moments, c'était un peu une lutte contre moi-même. J'avais besoin de me persuader de cela.

 

Sur quoi tu as le plus progressé ces derniers temps ?

Je pense sur mon attitude et sur le fait de croire que je peux vraiment imposer mon jeu contre n'importe qui. Avant quand je jouais des filles qui frappent fort comme Rybakina aujourd’hui ou Giorgi à Palerme. Je pensais vraiment que j'étais impuissante et que la seule solution pour faire les points, c'était qu'elles ratent. Je jouais juste pour les faire rater. Là, c'est vraiment un grand changement de pouvoir... Je pense que j'ai fait pas mal de points gagnants aujourd'hui, et d'imposer mon jeu.

 

Sur ton jeu, on sent aussi que tu as beaucoup plus confiance en toi, en tes possibilités, en tes forces. Ce moment-là est arrivé à Lausanne, quand tu as gagné le titre ? C'est à quel moment que tu as pris conscience que tu étais forte, en fait ?

Non, pas vraiment à Lausanne. Je pense que c'est plus cette année. Il n'y a pas vraiment eu un déclic. C'est juste petit à petit j'en prends conscience, et c'est pour cela que c'est bien que je gagne des matches comme cela, parce que si j'arrive à battre des bonnes joueuses comme cela, cela va me donner de plus en plus confiance. Après, il n'y a pas eu forcément de déclic.

 

C'est plus un enchaînement, une suite logique.

Oui, voilà.

 

Bonsoir Fiona. Je voulais juste te demander, souvent le tennis féminin français a été en retrait par rapport au tennis masculin. Là, Clara s'invite au 3e tour avec Caroline et toi. Est-ce que toi tu y vois un signe ? Est-ce qu’effectivement, le tennis féminin français a une sacrée ressource ?

Je pense qu'il y a quelques bonnes joueuses qui arrivent, entre Clara Burel, Diane Parry, Elsa Jacquemot qui jouent très bien toutes les 3. C'est super que l'on soit 3 au 3e tour. Je pense que si on se met à être nombreuses à bien jouer, cela peut créer une émulation, et cela peut nous pousser l'une l'autre. Je souhaite qu'elles aillent le plus loin possible. Je pense que cela ne peut que nous tirer vers le haut.

 

Fiona, à quel point cette victoire vous rassure et vous prouve que vous êtes dans la bonne direction ?

A quel point ? Je ne sais pas. Cela me rassure pas vraiment parce que tout le travail que j'ai fourni depuis quelques années, notamment depuis que je travaille avec mon entraîneur, Emmanuel Planque, je suis persuadée que l'on travaille dans la bonne direction. Après, c'est sûr que c'est bien d'avoir la confirmation sur ce genre de match et sur les matches que j'ai pu faire et gagner cet été. Ce n'est pas pour cela que l'on va s'arrêter de travailler. Il y a certaines choses que je n'ai pas très bien faites aujourd'hui. J'aurai l'occasion de faire mieux au prochain match. Je suis contente d'avoir eu une occasion de plus encore pour faire mieux.

 

Bonsoir. Bravo. Tu es donc la seule avec Novak Djokovic à avoir gagné tous tes matches depuis la sortie du confinement. En tout cas, tout cela pour te dire qu'évidemment, les attentes chez nous elles commencent à monter fortement. En plus, vu le contexte français où cela ne va pas très bien pour les garçons, on a l'impression que cela ne te perturbe pas du tout, que cela ne va pas du tout perturber ta marche en avant. Est-ce que l'on se trompe ? Est-ce que cela joue un peu dans ta tête ou du coup non, cela ne t'atteint pas du tout ?

Pour l'instant, ces derniers mois et ces dernières années il n'y a pas vraiment eu énormément d'attentes pour moi. C'est quelque chose qui va être un peu nouveau. Je ne sais pas trop comment je vais le gérer. Je vais essayer de faire de mon mieux. Je pense que l'important c'est de rester sur l'essentiel, comme j'ai dit, de rester sur le jeu, essayer de faire de mon mieux à chaque fois.

 

Une petite dernière pour savoir ce que t'a dit Manu Planque ?

Après le match ?

 

Oui.

Il m'a dit qu'il était très content, que j'avais fait preuve de beaucoup de courage aujourd'hui. On n'a pas eu le temps de discuter beaucoup parce que je suis venue ici après.

 

Vous préparez les matches ensemble ou chacun de votre côté et après vous partagez les informations ? Comment cela marche ?

Manu regarde beaucoup de vidéos des joueuses que je joue parce que comme il était chez les garçons avant il ne les connaît pas forcément toutes. Il regarde beaucoup de vidéos et après on prépare le match ensemble, on discute de ce que je connais, de ce qu'il a vu et voilà.

 

Une question complètement décalée, est-ce que ta famille te fait parvenir des petits plats à l'hôtel ?

Non pas du tout. La plupart du temps on commande le soir à l'hôtel et on se retrouve, il y a un lounge qui est fait pour les joueurs où on peut manger. On fait cela tous les soirs.

 

Cela ne manque pas trop la restauration familiale ?

C'est plus sympa quand on peut tous se retrouver au restaurant pour fêter les victoires et partager des moments. Cette semaine c'est comme cela. Il faut faire avec.