Tennis. Roland-Garros - Iga Swiatek, un lendemain à Paris : "J'ai peu dormi"
Par Alexandre HERCHEUX le 11/10/2020 à 14:25
Un Roland-Garros à seulement 19 ans... Ce samedi, Iga Swiatek a remporté son tout premier tournoi du grand chelem en dominant sans trembler Sofia Kenin 6-4, 6-1 sur le court Philippe-Chatrier. Toujours aussi sereine, la jeune Polonaise a su garder son calme pour devenir la première joueuse de son pays à triompher Porte d'Auteuil. Elle est au passage la 4e plus jeune gagnante de Roland-Garros.
Vidéo - Roland-Garros 2020 - Iga Swiatek au lendemain de sa victoire
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"Je suis fière de moi. Je ne m'attendais pas à gagner le trophée"
La carrière et même la vie d'Iga Swiatek va complètement changer. Désormais, la joueuse de 19 ans va être une star dans son pays. Très mature, elle sait qu'il y aura un avant et un après Roland-Garros 2020. "En fait, je suis fière de moi, j’ai fait un bon tournoi ces deux dernières deux semaines et je ne m'attendais pas à gagner le trophée. C'est une expérience qui va changer ma vie. Mais il faut que je joue de manière régulière pendant les 2 années à venir pour que l'on dise que je suis la meilleure joueuse de Pologne, parce que j'ai encore beaucoup à faire pour la (Ndlr : Agneszka Radwanska) rattraper", a-t-elle confié avec beaucoup de modestie.
Victoire d’Iga Swiatek !ðŸ˜ðŸ‡µðŸ‡±
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La Polonaise est intouchable ! Comme durant tout le reste de son tournoi, elle n’a laissé que 5 jeux à Sofia Kenin, visiblement blessée à la cuisse. Éblouissante Iga qui remporte le premier tournoi de sa carrière, et quel tournoi! #RG20 pic.twitter.com/1bXw8hmrgG
"Le plus gros challenge pour moi va être de rester régulière"
Mais, la Polonaise a faim. Dès lundi, elle sera 17e mondiale et attendue par toutes les autres joueuses dans tous les tournois qu'elle disputera. Pas de quoi l'effrayer. "Je n'ai que 19 ans, je sais que mon jeu n'est pas totalement abouti. Le plus gros challenge pour moi va être de rester régulière. C'est cela qui pose problème dans le tennis féminin. C'est pour cela qu'il y a tellement de nouvelles gagnantes de Grand Chelem, parce que nous ne sommes pas aussi régulières que peuvent l'être Rafa et Novak. C'est pour ça que mon objectif sera de rester régulière et ce sera difficile d'y arriver. Pour l'instant, je veux profiter de l'instant. Je penserai plus tard à mes objectifs futurs", a-t-elle affirmé. Nous avons très probablement assisté ce samedi au premier accomplissement d'une grande championne.
L'émotion d'Iga Swiatek 🥺â¤
— France tv sport (@francetvsport) October 10, 2020
🎙🇵🇱Au micro, la Polonaise a tenté de remercier son papa mais a eu beaucoup de mal à trouver ses mots pour exprimer sa gratitude envers lui. Moment tendresse pour la lauréate de ce Roland-Garros #RG20 pic.twitter.com/dvFJfwUJS7
Félicitations. Très peu de gens arrivent à être les premiers de leur pays et à réaliser un exploit. Qu'est-ce que cela fait d'être la première titulaire d'un Grand Chelem pour la Pologne ?
En fait, je suis fière de moi, j’ai fait un bon tournoi ces deux dernières deux semaines et je ne m'attendais pas à gagner le trophée. C'est une expérience qui va changer ma vie.
C'est vrai que c'est un moment historique pour mon pays. Radwanska avant moi a joué à un niveau élevé de la WTA pendant je ne sais pas combien d’années, peut-être 12. Beaucoup auront peut-être à nous comparer. Mais il faut que je joue de manière régulière pendant les 2 années à venir pour que l'on dise que je suis la meilleure joueuse de Pologne, parce que j'ai encore beaucoup à faire pour la rattraper.
Vous avez dit que vous étiez stressée aujourd'hui, mais on l’a à peine vu. Comment avez-vous caché ce stress et réussi à le surmonter ?
Je pense que quand vous jouez en finale de Grand Chelem, vous êtes forcément stressé. Vous avez vu que mon adversaire aussi. On n'est pas des machines. Toutes les deux, on a pu combattre, mais il est difficile de jouer son meilleur tennis aussi, parce qu'on est sous pression. J'ai essayé de faire comme au tour précédent, c'est-à-dire me concentrer sur la technique, la tactique, à éliminer toute attente de ma part et jouer les points un par un sans me préoccuper de gagner ou perdre. Comme je l'ai dit hier, je crois que la clé, cela a été de ne pas avoir trop d’attentes.
Félicitations Iga. Je me demande si vous avez parlé à Naomi Osaka par le passé, mais vous allez sûrement le faire maintenant de comment vivre avec cette nouvelle gloire, ce renom ?
Oui, il est difficile de répondre à cette question tout de suite. Il faut que je rentre chez moi, que je vois ce qu'il se passe en Pologne. Je sais que ce sera un peu la folie. Il faut que je m'y habitue, mais cela ne devrait pas être un problème pour moi, parce que je n'ai jamais eu de problème quand les gens m'entouraient et me prêtaient beaucoup d'attention. Je crois que ce sera fantastique. J’apprécie le soutien que j'ai reçu depuis 2 semaines, même si je ne pouvais pas répondre à tout le monde ou répondre au téléphone. Je sais que le pays était derrière moi et que tout le monde croyait en moi et qu'ils étaient tous heureux et fiers.
Bonjour Iga, vous avez dit que vous aviez ressenti la pression, mais pensez-vous qu'il y avait moins de pression parce qu'il y avait peu de public ?
Je ne sais pas, tout le tournoi est différent. C'est certain que c'est sûrement différent. Je ne sais pas comment j'aurais réagi si le court avait été plein de spectateurs. C'est difficile à dire. Si je joue en finale ou demi-finale d’un autre Grand Chelem, je le saurais. Ce Grand Chelem a été tout à fait particulier. C'était une expérience spéciale, différente des autres. D'après mon expérience, j'ai joué l'US Swing sans public, mais j'avais beaucoup d'attentes, plus d'attentes parce qu'il manquait beaucoup de joueuses bien classées à cause du Covid. J'avais davantage d’espoir à ce moment-là.
Je me suis habituée à jouer sans public. Pour ce qui est d'ici, bien sûr j'aurais aimé qu'il y ait plus de public, parce que cela me fait monter l'adrénaline. Mais je n'ai jamais été dans une situation comme celle-ci aujourd'hui.
Félicitations. Super tournoi, super match aujourd'hui. Je sais que tu es très intéressée par le côté psychologie du sport, quel a été le dernier message de Daria avant que tu rentres sur le court ?
Elle m'a dit de faire comme d'habitude. Elle m'a dit : « Continue ta routine, t'as fait un super boulot les deux dernières semaines. Que tu gagnes ou perdes, ce n'est pas grave du moment que tu sors une bonne performance ».
Iga, à la demi-finale, en attendant la finale, tu as dit : « Cela m'est égal de gagner ou de perdre ». Je suppose que tu ne voulais pas vraiment dire cela.
En fait, c'était tellement incroyable pour moi d'avoir gagné contre Halep que je voyais déjà ce tournoi comme la réalisation d'une vie. Je n'avais pas d'attentes trop élevées, je ne voulais pas me stresser. Je me suis dit : « Ce n'est pas grave que je gagne ou perde ». Et finalement, j'ai juste profité. Ce n'est pas que cela m’était égal de perdre ou gagner, mais je ne voulais pas penser à cela constamment. Le fait de gagner est le résultat du travail que je fais constamment.
Ensuite, quand vous avez parlé sur le court, vous étiez très calme jusqu'à ce que vous parliez de votre père où vous êtes devenue très émotive. Pourquoi ? Qu’est-ce qui est vous est passé par la tête à ce moment.
Je sais que mon discours n'était pas parfait, en fait je ne savais pas quoi dire. C’était un peu un brouillon dans ma tête. Tout se mélangeait. Cela aurait été plus facile de parler de mon père en Polonais pour moi. Mais il a tellement fait pour nous aider ma sœur et moi à faire ce que nous aimons. C'est difficile à décrire, il nous a tout donné. Il est difficile de décrire ce que je ressens. Je ressens simplement de la gratitude pour le soutien qu'il m'a apporté.
Tout d'abord, énormes félicitations. Je suis assez vieux pour avoir vu gagner Steffi GRAF à Roland Roland-Garros sur le court 3 quand elle avait 13 ans, un court qui n'existe plus d'ailleurs. À l'époque, on a tous vu qu'elle avait un potentiel énorme. Mais vous n'avez pas l'air d'avoir de faiblesses. Elle avait un revers qui n'était pas fantastique à l'époque alors que vous, vous avez un revers fantastique, le long de la ligne. Vous avez un super coup droit, vous avez fait 2 ou 3 amorties incroyables. Je voudrais vous poser la question. À votre avis, que pouvez-vous faire pour progresser, dans quels domaines ? Même si je comprends que vous avez un sponsor, j'aimerais beaucoup voir vos yeux qui sont cachés par votre casquette.
Oui, c’est vrai, désolée, mais j’ai l’habitude de porter des casquettes et je me sens plus à l'aise avec. Je n'ai que 19 ans, je sais que mon jeu n'est pas totalement abouti. Le plus gros challenge pour moi va être de rester régulière. C'est cela qui pose problème dans le tennis féminin. C'est pour cela qu'il y a tellement de nouvelles gagnantes de Grand Chelem, parce que nous ne sommes pas aussi régulières que peuvent l'être Rafa et Novak. C'est pour ça que mon objectif sera de rester régulière et ce sera difficile d'y arriver. Pour l'instant, je veux profiter de l'instant. Je penserai plus tard à mes objectifs futurs.
Félicitations. Si vous avez vérifié votre téléphone, je suis sûr que vous avez plein de messages. Je voudrais savoir, est-ce qu’il y a un message hormis les messages de votre famille, qui ressort particulièrement et qui est plus sympa que les autres ?
Je n'ai pas tout regardé, c'est difficile à dire. Je n'ai pas eu le temps. Je ne peux pas répondre à votre question. Vous dire s'il y a un message particulier qui m'a frappée, je n'ai vu que des messages des plus proches amis et de ma famille. Les gens qui comptent le plus sont ici avec moi. Je les ai vus après le match.
Félicitations Iga. Une des joueuses contre laquelle vous avez joué pendant le tournoi a dit que vous avez un jeu très différent et notamment un coup droit avec effet incroyable. Vous avez le sentiment d'être une joueuse tout à fait différente et unique ?
C'est difficile à dire de mon point de vue, parce que peut-être si j'avais pu jouer contre moi je pourrais vous répondre. (Rires) Je sais que mes amis me disent que mes coups droits liftés peuvent être dangereux. J'ai toujours aimé donner de l'effet à la balle et lifter mes balles, mais je joue par instinct, cela m'a beaucoup aidée. Il est difficile pour moi de dire si mon jeu est si différent de celui des autres.
Vous faites partie de la nouvelle vague des jeunes championnes de Grand Chelem. À votre avis, dans quelle mesure cela vous a impactée de voir certaines des plus jeunes gagner récemment alors qu'elles n'étaient pas favorites ?
Cela m’a inspirée. Je sais qu’il n’y a pas de limite. On peut être jeune et ne pas être favori, mais on peut quand même réussir dans le tennis. Cela m'inspire beaucoup, bien sûr. Et parfois je m'imaginais que j'allais gagner un Grand Chelem, j'en rêvais, mais cela me paraissait très lointain. Maintenant que je suis championne de Grand Chelem, cela me paraît complètement fou. On croit à quelque chose, mais on sait que cela va demander un travail considérable pour parvenir à cette victoire rêvée. Quand au bout de deux semaines de bons jeux vous y arrivez, c'est quelque chose qui vous submerge. Il va me falloir du temps avant de pouvoir commenter tout cela afin de prendre un peu de recul.
Félicitations, magnifique parcours. Tout le monde sait que le tennis est un jeu extrêmement mental et vous avez très bien parlé du rôle de la psychologie. Bianca Andreescu a parlé de la méditation, de la visualisation. Pourriez-vous nous parler de cela, que ce soit sur le court ou hors du court et nous parler du rôle de la psychologie comme arme ?
Oui, j'utilise la visualisation et je médite notamment pendant les pauses de match. Je ne sais pas ce qu'a dit Bianca, parce que beaucoup de gens essaient de méditer le soir avant de dormir. J’essaie aussi de le faire, mais je ne suis peut-être pas aussi régulière, parfois j'oublie de méditer ou de visualiser. J'aimerais être plus régulière. J'utilise pendant les matchs ce que m’a enseigné ma psychologue. C'est un travail énorme sur le court et parfois, elle me dit qu'elle serait ravie que je fasse 40 % de ce qu'elle m'a enseigné, mais il me reste encore des progrès à faire.
Si votre question est de savoir quel est le rôle de la psychologie dans ma performance, je dirais qu'il est considérable. Cela me prépare mentalement, cela me permet de faire face au stress et à la pression. Je vois la différence quand je n'y arrive pas. C’est pourquoi je perds parfois au premier tour, alors que je peux aussi gagner un tournoi. Il va falloir être plus régulière dans l'utilisation de mes compétences. C'est aussi fatigant du point de vue mental.