Tennis. Roland-Garros - Nadal : "10 pourrait devenir mon chiffre favori"
Par Clémence LACOUR le 11/06/2017 à 14:56
Rafael Nadal a marché sur les eaux pendant ce Roland-Garros 2017. Il n'a laissé que 29 petits jeux en route, soit deux de plus seulement que Bjorn Borg en 1978. S'il venait à remporter le titre, il deviendrait n°3 mondial. Il va affronter dans son jardin, le Chatrier, celui qui l'a déjà battu en finale d'un Grand Chelem (en 2014 à l'Open d'Australie), Stan Wawrinka. Comment voit-il cette décima qui se profile ?
Vidéo - Roland-Garros - Nadal : "Le tournoi le plus important"
Vous êtes désormais en finale. Pouvez-vous nous parler de vos sensations alors que vous pourriez potentiellement décrocher un dixième trophée dimanche ?
Écoutez, c'est bien, je suis heureux mais en même temps, je ne pense pas trop à dimanche pour l'instant. Je pense pour l'instant à ce que j'ai fait cette après-midi. Les matchs pour l'instant se sont bien passés pour moi. J'étais peut-être un peu plus nerveux au départ du match d'aujourd'hui. Je pense que Dminic Thiem a commis plus d'erreurs que d'habitude. C'était un match difficile quand même. Dès le premier set, c'était difficile. Après, le dernier set a été différent. Il a commencé à faire plus d'erreurs, mais auparavant c'était un match de qualité. Je pense qu'il a eu un peu de malchance également. On était à un partout, 15-40 et à ce moment-là, il n'a pas su saisir sa chance. Je pense que c'est ce qui a pu changer l'issue du match au début du deuxième set. J'étais mené 1-0 et puis ensuite, j'ai pu revenir sur lui. Voilà. Si on ne sait pas saisir son occasion pendant un match comme celui-là, on passe à côté. Je crois qu'il a eu des occasions, il n'a pas su les saisir, cela a rendu les choses plus difficiles pour lui.Il n'avait jamais joué sur le central, je pense que cela ne l'a pas aidé non plus. Je suis en finale aujourd'hui, c'est peut-être l'événement le plus important dans ma carrière. C'est très important pour moi. Je suis très heureux, je ferai de mon mieux dimanche.
Stan a joué plus de 4 heures 30, un match intense. Pensez-vous que cela peut impacter son match de dimanche ? Est-ce que ce sera la revanche de l'Open d'Australie ?
Je ne crois pas que les 4h30 joueront un rôle. Il joue très bien en ce moment. Il n'y a pas simplement le côté physique, il y a la confiance. Psychologiquement, il sera reboosté. Ce sera un match difficile sans aucun doute. Stan vient de remporter Genève, je pense qu'il est sur une dynamique positive. Il est en finale. C'est la preuve. Je te répondrai dimanche. Quand il frappe fort la balle, c'est difficile de l'arrêter. L'objectif est de faire en sorte de ne pas le laisser jouer son jeu. C'est-à-dire essayer d'éviter les positions où il peut frapper très fort la balle. Il faut essayer de le barrer, d'éviter de le laisser jouer là où il pourra être le plus agressif. Si moi je joue assez long, assez haut et que je prends rapidement les points en frappant aussi très fort de mon côté, son attaque sera très dangereuse mais ses chances de gagner seront réduites. Je vais essayer de jouer très agressif et de ne pas me laisser balader par lui. Bien entendu, ce sera difficile. Je sais, moi aussi, jouer agressif. J'ai tout ce qu'il faut pour jouer des jeux très agressifs. Si je joue mal, ou si je suis particulièrement nerveux, cela ne marchera pas. Si je suis bien tranquille et si je déroule mon meilleur jeu, je peux le mettre en difficulté et il faudra qu'il prenne des risques. Je n'ai jamais pensé à la revanche dans ce sport. Cela ne fait pas partie de mon vocabulaire. Je ne pense pas que ce soit bien de penser à la revanche. Je pense que chaque match est une histoire différente. J'attaque chaque match comme quelque chose de très important pour moi. Gagnera celui qui aura joué le mieux. La finale d'Australie, il jouait très bien. Si je ne m'étais pas blessé, je ne sais pas ce qu'il se serait passé. Je crois que le déclic dans sa carrière, il l'a eu bien avant. Cela faisait un bon moment qu'il jouait très bien, à très haut niveau, et qu'il jouait d'excellents matchs contre le meilleur Novak à l'époque. Gagner un Grand Chelem signifie un grand changement dans ta carrière. C'est la réalité. Après, c'est un joueur qui a démontré que dans les matchs très importants, il est toujours à la hauteur.
Toni nous a indiqué que vous avez beaucoup travaillé sur votre coup droit depuis novembre. Comment compariez-vous votre coup droit d'avant, d'il y a peu de temps, et celui d'aujourd'hui ?
Il y a peu de temps ce n'était pas grand-chose puisque j'étais blessé au poignet. Je pense que j'ai récupéré mon coup droit. L'année dernière, j'ai bien joué, j'ai bien fait usage de mon coup droit. Après une blessure, il faut du temps pour retrouver ses sensations. 2015, vous le savez, a été une année difficile pour moi mais finalement quand j'ai retrouvé la possibilité de jouer toutes les semaines, avec de beaux résultats, c'est là que j'ai entamé ma saison sur terre battue, Indian Wells. J'ai participé à quasiment tous les tournois et les choses se sont bien passées. Je me suis blessé, la période était trop courte. Après je suis revenu pour les Jeux Olympiques et l'US OPEN, et j'avais trop de problèmes avec mon coup droit. Je n'étais pas capable de l'utiliser comme il faut. Il a fallu que je me fasse soigner, et c'est pour cette raison que j'ai pu travailler pendant à peu près un mois et demi vraiment de manière extrêmement assidue. Il n'y a pas de secret. Il faut vivre sainement dans ces moments et travailler dur comme le corps souhaite. C'est ce que j'ai fait pour pouvoir retrouver mon niveau d'avant. C'est encore une fois ce dont on a besoin pour arriver à un niveau très élevé. Je n'ai pas eu beaucoup de périodes dans ma carrière où j'étais absent ou, au contraire, j'ai vraiment pu travailler comme je le souhaitais.
Vous êtes très proche maintenant de potentiellement décrocher un 10ème trophée d'un tournoi du Grand Chelem, même avec les difficultés physiques que vous avez rencontrées. Est-ce la réalisation professionnelle de votre carrière si vous le faites ?
Je ne sais pas. Vous savez, j'ai tendance à me répéter un peu. 9 ou 10, cela ne fait que 10 % de plus. La différence est minime. 10 est un chiffre rond, mais je suis content du chiffre 9 déjà, c'est mon chiffre favori. Si 9 devient 10, peut-être que 10 deviendra mon chiffre favori. La chose dont je suis le plus fier dans ma carrière est peut-être l'année 2013. 2013 a été une année extraordinaire parce que j'avais des difficultés au genou, je n'ai pas pu m'entraîner. J'ai fini numéro 1. J'ai remporté Roland-Garros et l'US OPEN, j'en suis fier. 9 trophées ici, c'est déjà beaucoup. C'est un palmarès qui est une combinaison de facteurs. Il faut vraiment qu'il y ait une convergence de plusieurs choses pour arriver à 9 trophées ; 10 encore plus évidemment. Il faut avoir de la chance, il faut mener une vie saine, pas simplement le jour J. Auparavant, il faut de la chance, bien s'entraîner. Voilà. Jouer 10 finales ici, c'est extraordinaire et très difficile.
Si vous me demandez les détails des 9 finales et 9 trophées à Roland-Garros, je vais en avoir pour longtemps. Je me souviens de certaines années plus que d'autres. Certaines éditions ont été particulières pour moi, toute particulières je dirais. Dans l'ensemble, ce sont de très bons souvenirs, je me souviens à peu près de tout.
9 est votre chiffre favori : ça pourrait changer dimanche ?
Je l'ai toujours dit et cela n'a rien à voir avec mes 9 victoires ici. Le 9 est mon numéro favori. Mais bien entendu, cela dit, je préfère avoir 10 Roland-Garros que 9 mais cela n'a rien à voir.