Tennis. Roland-Garros (Q) - Jules Marie : "Je dérange, on parle dans mon dos..."
Jules Marie a réussi son pari. Neuf ans après sa dernière apparition Porte d'Auteuil, le Bas-Normand va retrouver la mythique terre de Roland-Garros la semaine du 21 mai. Le joueur de 32 ans, 225e mondial, a assuré son ticket pour les qualifs du Grand Chelem parisien. Une belle récompense après tant d'efforts. Il faut rappeler que le joueur-youtubeur avait arrêté une première fois sa carrière lors de l'été 2015 pour devenir le roi du circuit CNGT. De retour aux affaires à temps plein en 2022, le Normand a grappillé petit à petit avant de valider fin 2023 sa place pour ses premières qualifs de l'Open d'Australie. Mais retrouver Roland-Garros, pour la troisième fois, a une saveur encore plus particulière. Marie compte bien faire vibrer le court 14 ou le Suzanne-Lenglen désormais, comme il l'a expliqué lors d'un entretien avec Tennis Actu et Ouest France vendredi soir.
Vidéo - Jules Marie avant l'Open d'Australie 2024
"Quand j’ai repris le circuit en 2022, j’avais écrit objectif Roland en 2023. J’y suis parvenu un an plus tard et j’en suis très content"
"Quand j’ai repris le circuit en 2022, j’avais écrit objectif Roland en 2023", a rappelé Marie. "J’avais un an et demi pour le faire et je n’avais pas réussi. J’y suis parvenu un an plus tard et j’en suis très content, très fier car ce n’était pas du tout écrit à l’avance. J’ai dû gagner énormément de matches pour me rapprocher du Top 200. Je suis ravi de retrouver les terres de Roland. Je vais être l’une des attractions des qualifs, oui. Je m’en rends compte. Ça va être le feu, d’autant plus qu’ils ouvrent le Suzanne-Lenglen cette année. On a fait la demande pour jouer dessus ou sur le 14. La fête serait d’autant plus belle. Quand j’étais jeune, j’avais eu deux invitations. Ce Roland n’aura pas la même saveur car j’y vais par mes propres moyens, grâce à mon classement. J’ai une communauté incroyable, énormément de gens seront là pour me soutenir. Les gens vont venir voir Jules Marie, le tennisman et le youtubeur qu’ils voient tous les trois jours sur la chaîne. Forcément, ça ajoute de la pression. Les gens vont vouloir que je gagne et moi, je vais vouloir bien jouer sur une surface qui n’est pas naturelle pour moi."
"J’ai ce sentiment-là, que ce soit au sein de la Fédé ou des joueurs français (...) Je sens que je dérange"
OVNI dans le monde du tennis, le joueur de 32 ans a reconnu qu'il avait l'impression de déranger. Mais qui ? La Fédération, ses pairs ? "Est-ce que je dérange ? Oui, j’en dérange certains, je ne sais pas lesquels mais oui", a-t-il affirmé. "J’ai ce sentiment-là, que ce soit au sein de la Fédé ou des joueurs français. J’ai eu plein d’échos de joueurs français qui pensent que c’est dérangeant. Pourtant, on a la même envie : développer le tennis, faire parler du tennis. Je sens que je dérange. Devant moi, les joueurs ne disent rien. C’est plus dans mon dos que j’entends beaucoup de choses. Ce qui a dérangé au départ, ce sont les cagnottes participatives. On avait annoncé un budget de 250 000 €. Les joueurs et coaches se sont arrêtés là-dessus. Ils pensaient que le circuit ATP coûtait 250 000 €. Ils n’ont pas compris que j’avais une double casquette de joueur de tennis et de responsable d’une entreprise avec six personnes à payer tous les mois. Ils ont juste oublié de regarder la deuxième page..." Marie n'a jamais réalisé de contenu avec la FFT. Curieux car son histoire est singulière.
"Une participation à l’Open d’Australie et à Roland-Garros ne compensera pas toutes les dépenses des deux dernières années"
Enfin, l'aspect financier est intéressant. Le Normand recevra au moins 20 000 euros, soit le prize money du premier tour des qualifs. Un joli montant qui ne lui permet pas encore d'être rentable depuis son retour. "Quand tu reçois un virement de 20 000 € sur ton compte en une opération, c’est incroyable, orgasmique", a t-il reconnu. "Mais l’ATP a lancé le programme baseline, qui garantit aux joueurs figurant dans le Top 250 en décembre 2023 de toucher 75 000 $. Faire Roland peut me permettre de gagner plus. Ça fait du bien, mais je suis encore loin de gagner de l’argent. Je n’ai pas gagné un tournoi en 2022, pas fait un tournoi du Grand Chelem en 2023. Ces deux années, j’ai fait énormément de dépenses. Une participation à l’Open d’Australie et à Roland-Garros ne compensera pas toutes les dépenses des deux dernières années." Des présences à Wimbledon puis à l'US Open donneraient sans doute une autre dimension à son projet.