Tennis. Wimbledon - Willis, le héros de Capdenac contre Federer
Par Bastien RAMBERT le 29/06/2016 à 11:35
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772e ATP, le Britannique de 25 ans Marcus Willis est sorti des qualifications de Wimbledon avant de battre lundi le Lituanien Ricardas Berankis (53e), et en trois sets secs (6-3, 6-3, 6-4) s'il vous plaît ! Il défie Roger Federer ce mercredi au second tour. Si le grand public ne le connaît pas, Willis fait le bonheur du Tennis Club Capdenac, situé dans l'Aveyron. Son président Mathieu Desroches nous présentait dimanche ce joueur atypique.
Âgé de 25 ans, Willis (772e) a été 322e à son meilleur, en 2014. Il disputait ce lundi au premier tour de Wimbledon son tout premier match dans le tableau final d’un tournoi du circuit principal. Il l'a gagné avec la manière contre Ricardas Berankis (53e ATP) : 6-3, 6-3, 6-4 pour celui qui a dû gagner trois matchs pour participer aux qualifications de Wimbledon. A Capdenac (Aveyron, 4500 habitants), on s'enflamme et on va s'enflammer - surtout ce mercredi avec le duel à venir contre Roger Federer - en suivant ses prouesses londoniennes, lui qui a rejoint le club en 2010 comme nous le raconte le président Mathieu Desroches. "A l’époque on était en National 3 et on cherchait un joueur au moins négatif pour nous apporter plus de confort. Au début on a trouvé des joueurs de 30 ans mais on tombait sur des mercenaires. On cherchait plus un jeune. Avec Marcus, on a échangé par mail puis par téléphone. On n’a pas cherché à lui mentir : à Capdenac, il n’y a pas d’aérodrome ni rien. C’est la pleine campagne, il y a juste le train (rires)." Pas conservé par sa fédération, Willis n’était pas au mieux quand il est arrivé dans le Lot. Mathieu Desroches et son équipe ont su lui redonner un coup de boost, qui a été salvateur. "Il avait la tête baissée car il n’était pas gardé au niveau fédéral. Pour son premier match à Bayonne, il avait six raquettes dans son sac et seulement deux cordées et même pas de serviette. A notre retour, on a discuté et on lui a expliqué qu’au club, quel que soit le niveau, tout le monde avait une serviette, des raquettes cordées et une bouteille d’eau dans son sac. Cela lui a fait un petit choc. Il a réfléchi là-dessus et derrière il a gagné tous ses matchs." Une complicité était née et désormais, le Britannique, qui était encore prof de tennis à 30 livres de l'heure il y a quelque temps avant qu'une dentiste ne bouscule sa vie dans tous les sens, fait des stages là-bas et accueille également chez lui les pensionnaires de ce club du Sud-Ouest.
Un très fort attachement avec Capdenac
"Toujours en contact" avec Marcus Willis, Mathieu Desroches peut aisément nous présenter ce joueur inconnu du grand public. "Il est atypique. Il a un service de gaucher avec un jeu assez propre et un gros toucher à la volée. Il peut très bien faire le chip and charge. Il a le jeu pour aller loin. Après, on sait que dans le sport, il faut un petit déclic." Selon le président de Capdenac (170 licenciés, descente cette année en National 4, ancien N2), Willis peut parfois "se déconnecter un peu contrairement aux joueurs pros" mais il a "l’esprit anglais : bagarreur qui ne lâche rien et qui donne le maximum. A chaque fois, il ne passait pas loin contre des anciens Top 20. Cette année, il n’a pas joué les ITF pour se concentrer sur les matchs par équipes, notamment en Allemagne. On a vu qu’il était plus costaud que d’habitude, qu’il frappait encore plus fort." Le gazon est la surface de prédilection de celui qui va forcément être assailli par la presse britannique après son parcours dans les qualifications "S’il peut passer le premier tour cela sera magique. Il va être gonflé à bloc car il joue chez lui. Il ne se prend pas la tête et il va s’accrocher, c’est certain." Bien vu ! Fier d’avoir pu remettre le pied à l’étrier au natif de Slough, Mathieu Desroches pourrait voir son poulain affronter Roger Federer au second tour. Un destin incroyable pour le héros de Capdenac.