Tennis. ATP - Maxime Janvier : "Une vie de solitaire, le tennis"
Par Bastien RAMBERT le 18/09/2015 à 09:39
Vidéo - Maxime Janvier sur les traces de Nicolas Mahut du TCP !
Vainqueur de deux Futures coup sur coup en Iran, Maxime Janvier confirme son potentiel. A bientôt 19 ans (le 18 octobre prochain), l'espoir français, actuellement 371e et bientôt proche de la 330e place, entend bien se forger à l'étage supérieur pour ensuite accéder aux qualifications de l'Open d'Australie en janvier prochain. Il décortique pour Tennis Actu le circuit secondaire tout en dévoilant son quotidien et ses attentes. Entretien.
Maxime, que ressentez-vous après vos deux titres consécutifs en Futures ?
C’est toujours une satisfaction de repartir invaincu d’une tournée. C’est la première fois que cela m’arrive. J’ai bien joué les deux dernières semaines donc c’est positif. Du coup, avec le classement que je vais avoir (aux alentours de la 330e place), je vais faire un mix entre les Challengers et les Futures pour tenter d’accéder aux qualifications de l’Open d’Australie en janvier prochain. Je vais commencer à me faire les dents sur les Challengers pour essayer de passer de nouveau un cap car les Futures ne sont qu’un début.
Les conditions de jeu sur un 10000 $, comme ceux que vous avez joués en Iran, sont-elles si terribles que certains racontent ?
Cela dépend vraiment des Futures. Il y en a où les choses se passent mal mais sur d’autres l’organisation fait le maximum avec ses moyens pour que l’on soit au mieux possible. Après, les Futures restent des Futures et ne ressemblent pas aux Challengers, aux ATP 250 etc… Il y a toujours un cap. Il faut accepter le jeu. Si tu arrives à être dans les meilleurs, tu peux alors profiter de tout ce qu’il y a autour. Après, le tennis a une image de sport riche. Au final, avec nos classements, en comparant au football ou au basket, on ne serait pas millionnaire mais on gagnerait beaucoup d’argent chaque mois avec notre niveau. Tous les sports sont différents et cela fait une motivation supplémentaire pour nous d’accéder le plus vite possible aux tournois prestigieux.
Vous avez notamment battu Maxime Teixeira au premier tour des qualifications du challenger d’Aix-en-Provence début mai avant de tenter une nouvelle expérience à Bordeaux. Tout cela vous-a-t-il donné l’envie de vous "déchirer" pour passer au niveau supérieur ?
Oui bien sûr. Après, pas mal de joueurs pensent qu’il y a un fossé entre les Futures et les Challengers. Au final, le fossé s’est vachement rétréci. Il y a beaucoup de joueurs qui jouent très bien sur le circuit Futures. De ce fait, les mecs qui vont assez loin dans les Futures ont vraiment le niveau pour régulièrement se qualifier pour les Challengers et aller le plus loin possible au fil des mois. Les joueurs en Challengers ont plus d’expérience mais la différence n’est pas criante. C’est plutôt une bonne chose.
Auriez-vous une anecdote cocasse concernant le circuit Futures ?
Pour l’instant j’ai eu de la chance il ne m’est rien arrivé d’exceptionnel… Ah si j’ai joué un Russe en Iran (Ivan Nedelko) qui ne voulait pas me jouer. Lors du premier Future je l’ai battu en sauvant des balles de set en demi-finales. Lors du second, il s’arrache en quarts et puis ne joue pas contre moi et refait derrière la troisième semaine. C’était vraiment très bizarre.
Vous avez commencé l’année aux alentours de la 700e place. Votre prochain classement tournera autour des 330. Tout cela est une suite logique ou vous êtes encore surpris de cette percée ?
J’ai beaucoup travaillé physiquement à Roland-Garros mais aussi tennistiquement. J’étais sûr que ça allait payer à un moment. Au début de l’année, j’ai toujours joué des mecs qui étaient sous les 300 car je n’étais pas tête de série dans les Futures. Je n’ai pas trop eu trop de chance au tirage mais j’ai très souvent perdu après un match très serré, 6-3 au troisième, 6-4 etc… Après ma victoire contre Teixeira je perds deux fois contre Jonathan Eysseric mais en ayant eu par exemple une balle de premier set à Aix. Je n’étais pas loin du tout contre des joueurs entre la 200 et la 300e place. Je me suis dit qu’à un moment cela allait payer. Cela paye maintenant mais il ne faut surtout pas relâcher les efforts car je ne suis pas tout arrivé à destination. Mon objectif c’est d’entrer dans le top 100. Quand je vois ce qu’on fait les Français à l’US Open, je n’ai qu’une envie : pouvoir un jour avoir la chance de faire pareil.
Beaucoup de joueurs du circuit secondaire évoquent le top 100 comme l’objectif n°1. Quand on vous écoute, c’est surtout une étape à franchir…
C’est le top 100 et après autre chose. Quand tu es top 100, tu gagnes ta vie du tennis et à la fin de l’année tu gagnes plus que tu dépenses. Quand tu es top 100, tu sais que tu vas gagner ta vie de ta passion. Après, personnellement, je vise aussi le top 50 etc… Quand on dit top 100, c’est surtout pour dire que l’on peut gagner notre vie avec le tennis.
Vous avez évoqué Roland-Garros. Collaborez-vous avec la Fédération ?
Cette année j’ai été à la Fédération. Ils ont participé financièrement en mettant à disposition un coach tennis et un coach physique et en prenant en charge à hauteur de 20 euros par repas, par jour. Il y avait une aide financière mais indirecte. On rembourse et ils payent un coach qui est salarié de la Fédération.
Qui paye actuellement vos frais ?
Je ne suis plus à la Fédération depuis avril car je n’étais plus heureux et on ne se comprenait pas avec mon entraîneur tennis. Depuis ce temps-là, je prends tout en charge avec mes prize-money (Ndlr : les gains des tournois). Bien sûr, mes parents m’aident un peu.
Du coup, vous vous déplacez seul sur les tournois ?
J’y vais très généralement tout seul. Ma mère m’a accompagné exceptionnellement sur une semaine mais je suis très souvent seul.
Il n’y a donc personne pour voir vos matchs ?
Exactement. C’est très souvent comment cela. Le tennis, c’est une vie de solitaire et il faut l’accepter. Après on se crée des affinités avec des joueurs que l’on connaissait de précédentes tournées ou sur les tournois, tu passes ta vie avec eux en dehors du tennis mais on voyage généralement seul. Au final, j’ai une vie assez solitaire. Il y en a qui aime pas forcément et d’autres qui acceptent ça. Moi je suis un peu comme cela. Je m’entends avec pas mal de joueurs mais en même temps, si dans des tournois je ne connais personne, cela ne me dérange pas plus que cela d’être assez solitaire pendant deux semaines.
La recherche d’un nouveau coach est-elle à l’ordre du jour ?
C’est à l’ordre du jour. Je ne peux pas encore répondre précisément là-dessus car il n'y a pas mal de facteurs à étudier. Il y a deux structures qui sont en balance. C’est en train de se mettre en place. Il n’y a rien d’officiel. L’environnement est important pour moi, avoir une vie sociale aussi.
Depuis début juin vous avez joué en Israël, Turquie, en Serbie, en France, en Finlande et enfin en Iran. Vous sentez-vous parfois lessivé par tous ses enchaînements ?
Bien sûr que si. C’est pour cela que je suis chez moi pendant deux semaines minimum. Cela me fait du bien de me poser pour regarder dans quelle structure je vais être et repartir d’attaque car n’est vraiment pas fini. Je veux que cela ne soit que le début. Je n’en vis pas encore donc rien n’est fait.
Roland-Garros, c’est aussi votre objectif de l’an prochain ?
Oui c’est sûr. L’année prochaine j’aimerai bien, avec mes résultats, avoir une wild-card pour le grand tableau de Roland-Garros. Quand je vois Quentin Halys et Maxime Hamou qui ont été invités l’année dernière alors qu’ils étaient 240-250, j’espère que cela va être mon tour. Je n’aime pas parler de résultats mais plutôt de niveau de jeu. La wild-card pour Roland, c’est ça que je veux.
Propos recueillis par Bastien Rambert, pour Tennis Actu