Tennis. Interview - Roger Federer : "Gilles Simon vous fait rater"
Par Clémence LACOUR le 24/01/2016 à 19:27
Vidéo - Federer écoeure Goffin à l'Open d'Australie
Roger Federer n'avait pas envie de traîner à Melbourne par une heure tardive. Facile vainqueur de David Goffin en trois sets secs, il est revenu en conférence de presse sur le match difficile de Novak Djokovic face à Gilles Simon, a évoqué son futur adversaire, Tomas Berdych ainsi que sur son mode de vie, entre avions, tennis et éducation de ses quatre enfants.
Victoire rapide pour vous ce soir. Quelles sont vos impressions sur ce match ?
Oui oui, ça a été un très bon match. Je suis surpris que ça se soit terminé si vite. Franchement, gagner le premier set en moins de 50 minutes de jeu, c'est la meilleure chose qui puisse advenir ici, surtout à cette heure tardive et un joueur de cette qualité. J'étais vraiment très content. Ce qui est important c'est de continuer dans son élan, de continuer à être agressif et de finir le match en trois sets. C'est ce que j'ai fait, et j'en suis heureux. Il y a eu vraiment de très bons moments lors de ce match. Après le match contre Grigor Dimitrov, où je m'en étais sorti non sans mal, j'étais bien content d'avoir un tour à jouer, je présume.
Avez-vous regardé le match entre Gilles Simon et Novak Djokovic ?
Ah, c'était un match intéressant. Il y a eu des hauts et des bas, pas mal d'occasions de break manquées, beaucoup de sautes d'énergie. Ils ont tous deux eu leur chance dans les quatre premiers sets. Je n'ai pas vu le cinquième set, bien sûr, puisqu'il fallait que je me prépare pour mon match.
Ca faisait longtemps qu'on n'avait pas vu Novak Djokovic aussi mal jouer, avec autant de fautes directes [NDLR : 100 fautes directes]...
Non, mais vous avez déjà vu Gilles Simon jouer ? Les gens ne l'apprécient pas à sa juste valeur.. Mais il joue tout le temps comme ça. Il vous fait déjouer. Il vous oblige à jouer les lignes et court sur toutes les balles. Du coup, eh bien vous faites des fautes. En plus, il y a eu 5 sets, donc, forcément plus de fautes directes. Et de toute façon, que vous fassiez 50 ou 100 fautes directes, cela importe peu, du moment que vous gagnez. J'ai l'impression que tout le monde dit qu'il a eu vraiment une sale journée. Bien sûr qu'il peut jouer mieux, mais en face, il y a le gars qui a les jambes les plus rapides du circuit, qui sait exactement où mettre la balle sur le court, et ça a bien failli payer pour lui. Novak a eu chaud, et il le sait très bien.
Vous allez jouer votre 12e quarts de finale ici à l'Open d'Australie, face cette fois à Tomas Berdych. Que devrez-vous faire pour le battre ?
Il va falloir que je joue vraiment bien. La surface lui convient bien. La balle rebondit peu et s'accélère, ce qui rend son service et ses retours encore plus performants. La dernière fois qu'on s'est joués, j'ai eu un très bon match, mais en fait, on n'a jamais beaucoup joué l'un contre l'autre. J'ai été très impressionné par son match contre Nick (Kyrgios). Aujourd'hui, je n'ai pas vu grand chose face à Roberto Bautista-Agut. Il devait gérer le fait de jouer sur un court différent, en night-session, un autre type de joueur, et en 5 et ce qui, à mon avis lui a donné pas mal de confiance, quoiqu'en dise le score. Je suis certain qu'il est là où il veut être et qu'il va me pousser dans mes retranchements. Je n'en doute pas une seconde. Nous avons tous les deux un tennis agressif, ça va être un très beau match à mon avis. En plus, la surface convient bien au jeu d'attaque.
Vous aviez évoqué le fait que vous emmenez vos enfants avec vous afin qu'ils se souviennent de vous jouant au tennis. Que souhaitez-vous leur enseigner, en plus de votre tennis : des leçons de vie qu'ils pourraient en retirer ? Le fait que vous travailliez dur, par exemple.
Oui, j'ai ce genre de conversations avec eux, je leur dis que c'est en travaillant beaucoup qu'on arrive quelque part. Je leur ai dit l'autre jour qu'ils auraient tout ce qu'ils voudraient, à condition de travailler dur pour l'obtenir, que rien ne viendra d'un claquement de doigts à leur réveil, que ça prendra du temps. Je pense qu'ils doivent travailler dur, quels que soient leurs choix dans la vie. je leur ai dit que depuis toutes ces années, je m'entraîne encore et encore, que je travaille pour m'améliorer. Je pense que cela fait de plus en plus sens pour eux. Bien sûr, ils en font de plus en plus l'expérience, surtout les filles, lorsqu'elles font du sport, vont à l'école, lisent, écrivent, et tout ça.
Est-ce que l'inverse est vrai ? Est-ce qu'elles vous disent,: "Papa, tu devrais faire ci, ou ça" ?
Oui oui, au tennis, elles m'ont dit que je devrais jouer plus près des lignes. Elles pensent que c'est une bonne chose. L'une me dit "Tu devrais faire ça". Je lui dis "D'accord, je vais essayer". L'autre me dit "Tu devrais faire ça aussi". Je lui dis "Ok, je vais essayer ça aussi. Ce n'est pas aussi facile que vous le pensez, mais je vais essayer". C'était très drôle lorsqu'elles sont venues me voir m'entraîner, l'autre jour, elles m'ont demandé de faire le coup marrant ? Je leur ai demandé lequel, elles m'ont répondu : "Celui où tu regardes d'un côté alors que tu joues de l'autre côté." Donc, oui, si vous voulez, elles me donnent des conseils. Ce sont de bons coachs (rires).
Que signifiait pour vous le fait d'avoir Rod Laver dans les tribunes ?
C'est un vrai plaisir d'avoir les légendes du tennis autour de soi, à vrai dire. Le "Rocher" c'est quelqu'un qui est très spécial dans le tennis, on lui a construit un stade à son nom. Il est venu me voir à Brisbane, pour me saluer, et ici aussi. Je l'ai vu quelques jours avant Brisbane, puis dans les vestiaires, à Brisbane, après la finale. Il m'a demandé comment ça allait puis il m'a souhaité de récupérer rapidement, pour l'Open d'Australie. C'est un gars très sympa. Le voir ici, c'était une motivation de plus.
Pensez-vous que vos enfants manquent d'un environnement stable, avec vous qui voyagez ainsi sans cesse, et eux qui vous suivent ?
C'est vrai que dormir trois mois de suite dans le même lit ce serait mieux pour leur rythme de sommeil et tout ça. Mais bon, ça fait 20 ans que Mirka et moi vivons ainsi. Ca va. C'est sûr que ce serait bien de vivre en Suisse, dans ce beau cadre, de les emmener à l'école... Mais nous avons tout un tas de personnes et d'amis qui nous suivent et nous aident, et ça aussi, c'est important pour eux.