Tennis. ITW - Gilles Moretton : "Nous voulons remettre les clubs au centre"
Par Alexandre HERCHEUX le 24/12/2020 à 14:13
L'élection du président de la Fédération Française de Tennis, prévue le 12 décembre prochain, a donc été repoussée au 13 février prochain. Gilles Moretton, officiellement candidat depuis début janvier dernier, est très actif sur le terrain pour tenter de battre le président actuel Bernard Giudicelli, également candidat. Avant le confinement, le Président de la Ligue Auvergne-Rhone-Alpes, avait rendu visite à de nombreux clubs français afin de recueillir les doléances. Depuis le début de l'été, le Lyonnais a repris la route pour échanger avec tous les passionnés qui font vivre les clubs. C'est donc du Var, en novembre dernier, que le candidat Gilles Moretton avait échangé avec Tennis Actu pour parler de son programme.
Vidéo - Gilles Moretton candidat à la présidence de la FFT.... !
Désireux de mettre à nouveau les clubs au centre de l'attention, l'ancien 65e joueur mondial est sur le terrain afin de comprendre les spécificités de chaque territoire. Un des piliers de son programme. Le candidat d'Ensemble pour un Autre Tennis nous a donc dévoilé cette partie de son programme et nous a expliqué ce qu'il comptait mettre en place en tant que président.
"Notre problématique, c’est de remettre les clubs au centre et leur redonner la parole"
Henri Leconte nous dit souvent que les clubs souffrent… Surtout en province. Que ce soit financièrement mais aussi dans la vie de club. Quel est selon vous le problème ?
Les clubs souffrent, oui, mais le mal n’est pas le même. Chaque club a son positionnement par rapport au tennis. Certains choisissent le tennis loisir, d’autres les jeunes, certains les seniors et d’autres sont tournés vers la compétition. Chaque club décide en fonction de son histoire, de ses dirigeants et de sa collectivité son positionnement. Nous, notre problématique c’est de remettre les clubs au centre et de leur redonner la parole. Le point qui est important et que je souhaitais aborder, c’est la spécificité des territoires. J’ai la chance de diriger une ligue. J’ai des spécificités dans chacun de mes territoires. Dans le Cantal, il y a des clubs en milieu rural. Nous avons 19 clubs, 1500 licenciés et 3 enseignants pour 19 clubs. Ces clubs-là vont donc avoir des problèmes particuliers, pas assez d’enseignants. Ça c’est une spécificité d’un territoire. A coté de ça, j’ai le Rhone, avec 30 000 licenciés, des clubs avec plus de 1000 licenciés, une dizaine de salariés et les problématiques sont différentes.
On souhaite être à l’écoute des clubs et ne pas s’opposer aux clubs qui veulent leur indépendance. En revanche, la déclaration de la ligue d’Alsace par le COMEX ne nous dérange pas sur le fond mais sur la forme. Que cette décision apparaisse maintenant en période électorale, avec un timing incroyable… des décisions prises dans l’urgence à des fins politiques ne sont pas saines. (Ndlr : L'Alsace a demandé a quitté la Ligue Grand-Est. Les comités du Haut-Rhin et du Bas-Rhin ont donc réalisé les démarches pour former une nouvelle Ligue d'Alsace)
Je peux aussi parler du comité de Paris qui doit être traité de manière spéciale. Il y aura Paris 2024 donc ça doit avoir un impact sur le traitement du territoire de Paris. Il y a des clubs dans Paris qui ont près de 1000 licenciés mais sans terrains, qui louent des terrains. Ce sera donc au futur président de l’Ile de France d’étudier la spécificité du territoire de Paris. Les clubs ont des problèmes mais il faut les écouter.
On évoque souvent le manque de liberté des régions dans leurs prises de décisions et on reproche souvent à l’état que les décisions viennent de Paris et ne correspondent pas forcément à la situation de tous les territoires. Finalement dans le tennis, c’est pareil…
Il y a une décision du conseil d’état qui demande que ce soit les clubs qui prennent la parole. Ce n’est pas la décision de Gilles Moretton, c’est dans l’ère du temps. La Fédération de rugby l’a fait, Bernard Laporte est élu par les clubs. Il y a une autre association importante en France, Rénovons le Sport Français, qui préconise le fait que les fédérations mettent en place un système pour que les clubs votent. Aujourd’hui, on a la chance de pouvoir voter électroniquement. On n’a plus d’excuse dans la volonté de garder un statut de privilégié qui fait la pluie et le beau temps dans une discipline. Il faut absolument que l’on donne de l'enthousiasme au territoire et donc peut être leur donner de l’autonomie pour créer des choses, être indépendants.
"On a voulu nous faire croire que le digital allait nous amener à un miracle"
Est-ce qu’on est plus dans un problème humain que matériel ?
Les clubs, ce sont l’humain avant tout. On a voulu nous faire croire que le digital allait nous amener à un miracle, 1,5 millions de licenciés, c’était l’objectif du président actuel. On est essentiellement lié à un problème humain. Un club fonctionne avec une équipe dirigeante et enseignante de qualité, avec une collectivité qui joue le jeu. Le digital, c’est super bien mais c’est juste un outil. On ne remplacera pas le contact, le lien social. Le financier reste aussi un moyen. En Auvergne-Rh�'ne-Alpes, j’ai des clubs qui ont des moyens financiers et 5 courts couverts 5 extérieurs pour seulement 60 licenciés et d’autres qui ont 3 courts et 300 licenciés. On pratique le même tennis mais c’est uniquement une question d’humain et de compétence des enseignants. Notre programme veut remettre l’humain en priorité.
La prochaine présidence de la FFT va être particulière avec les JO 2024. On a envie de penser tout de suite aux performances de nos Bleus mais n’y a-t-il pas aussi un grand défi à venir pour créer une réelle ferveur autour du tennis. Surtout que le rapport ente le tennis et les JO est un peu complexe.
Je pense qu’il y a un double challenge. Il y a une spécificité avec le comité de Paris, mais aussi le besoin qu’il y ait une vraie promotion de la pratique du sport en général. En ce qui nous concerne, le tennis doit descendre dans la rue au moment des JO. Ça fait partie de notre programme. Les Jeux Olympiques doivent être mis en avant et donc oui vous avez raison, ce sera une échéance importante pour toutes les fédérations.
J’imagine qu’en tant que passionné vous retrouvez un peu le sourire en ce moment même si les conditions de reprise sont particulières. Il y a eu beaucoup de débats autour de Roland-Garros. Comment vous le sentez ? Est-ce que le tournoi perdra une certaine saveur ?
Dès la première heure je me suis réjouis que le tennis revienne. Après, c’est peut-être mon passé d’ancien joueur, mais l’aspect sportif me laisse dubitatif. Quand on va enchaîner des grands tournois les uns à la suite des autres, avec des préparations mentales différentes, des exigences différentes, le spectacle et les résultats seront particuliers. Je me réjouis d’un c�'té mais les compétitions vont être un peu tronqués par les conditions.
"Je suis comme dans un match de tennis, on joue les points les uns après les autres"
Les élections approchent à grands pas. Comment vivez-vous tout ça ? Est-ce que vous ressentez une forme de pression ou de stress ?
Je vis une passion. Cette passion m’anime depuis le début. J’ai connu le tennis de haut-niveau, l’enseignement, l’organisation de tournoi et maintenant la fonction de dirigeant pour rendre au tennis, apporter des compétences au service des petits clubs, des bénévoles. Je vous appelle dans le Var, j’étais à Draguignan hier. Je ne rencontre que des gens que j’aime, qui aiment le tennis et je vis ça comme un passionné enthousiaste qui continue d'apprendre tous les jours. J’ai vu quasiment 2000 clubs sur les 7800. Je m’enrichis, je suis enthousiaste à l’idée d’aider les clubs et je ne ressens pas de pression ou de tension. Je suis comme dans un match de tennis, on joue les points les uns après les autres. Je pense à mes rendez-vous avec les clubs et je veux gagner les points du soir et ne pas penser à la balle de match.