Tennis. ITW - Jo Tsonga va "voir ce qu'il vaut contre Djokovic"
Par Clémence LACOUR le 18/10/2015 à 08:41
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Jo-Wilfried Tsonga a donc réussi à avoir la peau de Rafael Nadal en demi-finale samedi du Masters 1000 de Shanghaï après quelques mois de disette. Il a confié au micro de Tennis Actu comment il est parvenu à surmonter ses moments de doutes lors de ce match et au fil d'une saison somme toute compliquée. Tsonga a expliqué aussi ce qu'il attend lors de sa finale ce dimanche à partir de 10h30 face à Novak Djokovic.
Jo, qu'est-ce qui vous satisfait le plus : enchaîner victorieusement trois gros matchs en trois jours, battre à nouveau Rafael Nadal, être en demi-finale d'un Masters 1000 ? C'est un ensemble? Comment voyez-vous cela ?
Non, je prends tout ce qui vient à moi. Tout ce qui est positif, je le prends. Ce qui m'a manqué ces derniers mois, c'est d'être encore plus positif, c'est de me dire, même quand je ne suis pas bon : "C'est vrai, je ne suis pas bon, mais je suis là". Je joue mes matchs, je suis là pour me faire mal, pour aller au combat. Et j'aime ça. C'est mon ADN que de me battre. Je suis surtout satisfait d'être positif tout le temps et d'aller de l'avant.
Comment êtes-vous parvenu à faire la différence dans ce troisième set ?
Tout simplement, je lui montre que je suis là, que je ne vais pas lâcher un centimètre, que je vais être agressif, que quand il ne va pas être assez agressif, moi, je vais l'être. Je pense qu'à un moment donné, il y a un bras de fer qui s'engage, et j'ai eu à un moment donné la réussite à un moment de mon côté, de jouer le bon coup au bon moment.
Etes-vous rentré sur le court avec cette stratégie d'être hyper agressif ?
Je suis rentré sur le court en sachant que si on jouait au droite - gauche et à la baballe, je perdrai à coup sûr. A ce jeu-là, il est vraiment très très fort. Ma seule chance, c'était de l'empêcher de développer son jeu, de l'empêcher de tourner autour de son coup droit en le fixant de temps en temps sur le coup droit, et surtout en étant agressif, en ne le laissant pas respirer.
On peut parler de la joie d'atteindre une finale en Masters à la fin d'une saison qui n'a pas été très toujours très facile ?
C'est vrai que ce n'est jamais facile, surtout cette saison, ça n'a pas été évident, surtout avec la fin de saison dernière, qui a été compliquée, le début de saison a été compliqué aussi. Il n'y avait pas beaucoup de choses positives autour de moi. J'ai dû me recentrer sur les fondamentaux, sur ce qu'il fallait absolument que je fasse pour être au top, pour être au top dans ma tête, pour être au top tous les jours quand je joue à l'entraînement, quand je vais jouer en match, essayer de retrouver cette envie. Quand on prend des coups de massue sur la tête, ça va être difficile, donc là c'est vrai que c'est une belle récompense d'être en finale d'un Masters 1000.
Il y a eu des moments où l'envie n'était pas forcément là, ou au niveau où vous l'auriez voulu ?
L'envie elle est toujours là. C'est juste que des fois c'est plus difficile qu'à d'autres moments, et ce pour maintes et maintes raisons. Je crois que la clé, c'est vraiment ça : c'est d'essayer de mettre de côté tous les éléments perturbateurs de côté, de les mettres "à la poubelle", et de se focaliser sur ce qu'il faut faire.
Que sont ces fondamentaux dont vous parlez ? Le travail ? Le physique ?
C'est les deux : le travail, et le physique. Mais ça va même plus loin. Je suis quelqu'un de très sensible, j'ai besoin d'avoir un entourage qui, non pas me rassure mais qui est très positif, qui me fait aller de l'avant. J'ai besoin de ne me focaliser que sur le tennis, de vraiment être dedans.
Vous avez dit tout à l'heure en anglais que vous alliez jouer en finale un joueur qui a "tué" votre carrière. Pourriez-vous expliquer ce que vous entendez par là ?
Ce sont des joueurs qui font partie de ma génération, qui m'ont empêché à chaque fois d'aller en finale de grand chelem, ou de gagner des grands chelems, ou de gagner des Masters séries. Je ne sais pas combien de fois je les ai joués en quarts, en demies, ou même en finales de tournois... Quelques fois ! Si on fait le compte, s'ils n'avaient pas été là, j'en aurais gagné un peu plus ! C'est surtout affectueux quand je dis ça. Je les adore beaucoup, je trouve que c'est très fort ce qu'ils font.
Pendant la première demi-heure, vous maîtrisez bien le sujet, vous êtes au-dessus. Après, il y a une heure qui est plus compliquée, mais pendant cette heure-là, vous essayez de sauver un peu d'énergie. Savez-vous que vous aurez ce qu'il faut au troisième set ?
Je sens que l'énergie, j'en ai plus énormément, mais qu'il m'en reste quand même encore. Je me dis alors que la bonne solution, ce n'est peut-être pas de m'amener dans un match qui va durer trois heures, mais peut-être plutôt de me réserver pour donner un grand coup de boost sur ce dernier set qui sera décisif de toute façon. A ce moment là, je me suis dit qu'il valait mieux que je joue relâché pour le faire courir, lui. Jouer droite-gauche, c'est ce qu'il aime bien mais en même temps, c'est lui qui travaille, et moi, ça m'a permis de souffler un peu.
A quel moment pensez-vous à ça ? Lorsque vous vous faites breaker dans le deuxième set ?
Dès la fin du premier set, en fait. Je me suis dit qu'il fallait le faire jouer, mais qu'il ne fallait pas que je courre dans tous les sens.
On parle beaucoup du niveau de jeu de Rafael Nadal. Etait-ce le même Nadal que celui d'avant ?
Oui, c'est du pareil au même. Bien sûr, les joueurs évoluent toujours un petit peu. Aujourd'hui, le niveau moyen sur le tour a vraiment augmenté. Je m'en rends compte en tant que joueur. Au début de ma carrière, certains matchs étaient vraiment plus faciles que d'autres. Aujourd'hui, il faut batailler à presque tous les tours. C'est plus compliqué pour lui car il ne joue pas à l'économie non plus. Il se donne toujours à 300% et la moindre petite baisse lui coûte cher. Aujourd'hui, Rafa n'est pas loin de retrouver son top niveau. C'est comme tout le monde. Il y a des passages où l'on est bien, d'autres moins bien, d'autres où on est moyens, et d'autres où on est franchement mauvais. En ce moment, il est plutôt bien, et je ne m'inquiète pas trop pour lui.
Novak Djokovic en finale, c'est le test ultime, non ?
C'est sûr, Novak Djokovic, c'est le test ultime. Ca fait une dizaine de matchs qu'il n'a pas perdu. Il n'a presque pas perdu plus de deux jeux par set. C'est juste exceptionnel ! Ca va être l'opportunité de me frotter à lui, et de voir ce que je vaux.
Ce retour dans le top 10 à la Race ?
Ah, je suis dedans ? Revenir dans le top 10 quand on a pas joué trois mois, c'est bien, c'est vrai !
Propos recueillis par Carole Bouchard pour Tennis Actu