Tennis. ITW - Myrtille Georges : "Noah, un bon choix en Fed Cup"
Par Thibault KARMALY le 11/12/2016 à 19:10
Vidéo - Roland-Garros 2016 - Myrtille Georges, la belle histoire
Elle aussi tentera de briller lors du prochain Open d’Australie, du 16 au 29 janvier 2017. Aux côtés de Caroline Garcia, Alizé Cornet ou Kristina Mladenovic, Myrtille Georges sera de la partie dans le grand tableau à Melbourne, au bénéfice d’une wild card que lui a accordée la Fédération française de tennis (FFT) - ainsi qu’à Quentin Halys dans le tableau masculin. Souvenez-vous, à 25 ans, la Française, classée au 188e rang à la WTA, avait attiré la lumière cette année en atteignant le deuxième tour à Roland-Garros, après avoir été invitée également. En battant l’Américaine Christina McHale (6-7 (7), 6-0, 6-3) au premier tour (avant de s’incliner face à Garbiñe Muguruza (6-2, 6-0), la future lauréate du tournoi), Myrtille Georges avait réalisé une "perf’" importante qui lui avait permis de financer le reste de sa saison. Elle essaiera de refaire le coup à Melbourne fin janvier 2017. Ses objectifs en Australie, ses ambitions en termes de classement en 2017, Yannick Noah et la Fed Cup… La native de Granville en Normandie se confie au micro de Tennis Actu.
Vous avez reçu une wild-card de la part de la Fédération française de tennis (FFT) pour l’Open d’Australie - du 16 au 29 janvier 2017. Comment avez-vous appris la nouvelle ? Et savez-vous pourquoi le choix s’est porté sur vous ?
Je l’ai appris la veille de l’annonce par la Fédération (le mardi 6 décembre 2016, NDLR). C’est Alexandra Fusai (responsable du tennis féminin 16 ans et plus à la FFT, NDLR) qui m’a appelé directement pour me l’annoncer. Je n’étais pas là quand ils ont pris la décision. D’après ce qu’Alexandra m’a dit, j’ai plutôt réalisé une bonne saison, et ce qui avait été important, c’est que j’avais bien su saisir ma chance lorsque j’avais été invitée à Roland-Garros. J’avais répondu présente quand ils m’ont donné une occasion. Le fait d’être allée jusqu’au 3e tour des qualifications à l’US Open a joué également. Cela montre que je suis présente et que je suis capable de bien jouer dans les tournois du Grand Chelem.
Est-ce que cela chamboule votre préparation ? Avez-vous modifié votre programmation par rapport à cette wild card ?
Cela ne change pas grand-chose en réalité. J’avais déjà prévu de disputer les qualifications à Melbourne, je pense que je rentrais dans la liste avec mon classement. J’ai prévu de faire le tournoi - si je rentre avant, en qualifs - d’Hobart ( du 8 au 14 janvier 2017, 226 750 $ de dotation, NDLR) pour préparer au mieux l’Australian. Après, c’est surtout dans la tête que cela joue. On sait pourquoi on se donne à fond tous les jours. Ça apporte un vrai plus en terme de motivation.
Quels seront vos objectifs sur place ? On imagine passer le premier tour, chasser la "perf’" …
Oui l’objectif sera de passer ce premier tour. Après, cela va dépendre du tirage au sort. Je vais essayer de faire du mieux possible, donner le maximum et me sentir bien sur le terrain. Evidemment, on cherche aussi la "perf’" pour avancer, ça aide pas mal de passer un tour en Grand Chelem. Je l’ai vu à Roland-Garros : médiatiquement, ça aide beaucoup. Avec mon classement (188e à la WTA, NDLR), l’objectif, c’est de passer un tour, déjà pour les points que cela rapporte, et puis pour l’argent aussi, bien sûr.
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Votre tournée australienne est-elle financée ? Comment s’en sortir en étant classée aux alentours du Top 200 ?
Oui ma tournée australienne est déjà financée. C’est surtout grâce au prize-money que j’ai gagné à Roland-Garros. Ça m’a beaucoup aidé : ça m’a permis et ça me permet toujours d’aller sur les tournois. Je n’ai pas énormément de sponsors, j’en ai quelques-uns. Je me finance en grande partie avec ce deuxième tour à Roland-Garros. Avec mon classement, pour l’instant, on peut dire qu’un deuxième tour en Grand Chelem me finance pendant environ six mois. Ça m’a assuré le reste de la saison 2016. Si je pouvais faire la même chose en Australie, cela m’assurerait également une bonne partie de la saison 2017.
Est-ce que c’est une "obligation" pour vous de gagner lorsque vous êtes invitée ? Est-ce qu’une wild card ne vous impose pas une certaine pression ?
Oui et non. Rien que de disputer un premier tour dans un tableau principal de Grand Chelem, c’est une grosse aide, donc ça ne met pas de pression. Au contraire, j’ai déjà la wild card donc quoiqu’il arrive, même si je perds au premier tour, je repartirais avec une belle somme qui me permettra, déjà, de bien fonctionner sur l’année. Après, on veut vraiment bien faire, même c’est du bonus. On sait que si la Fédération nous donne l’invitation, c’est qu’ils attendent un peu quelque chose de nous. Mais ils savent également que ça dépend du tirage au sort, de la joueuse, de plein de paramètres. On essaie de faire de notre mieux, et je pense que ça, ils le voient.
Vous avez été invitée à Roland-Garros en 2016, maintenant en Australie en 2017… Est-ce qu’on vous a parlé d’éventuelles autres invitations sur d’autres tournois du Grand Chelem en 2017 ?
Je pense qu’ils n’en sont pas encore là, les demandes ne sont pas tout de suite. A mon avis, cela va dépendre de la façon dont va se dérouler l’année. Et j’espère bien qu’un jour, je n’aurai plus besoin de wild card pour disputer ces tournois ! (rires)
Parlons un peu des Championnats de France Interclubs 2017, auxquels vous avez participez avec le Tennis Club de Boulogne Billancourt. Est-ce que vous continuez avec le TCBB ?
Oui évidemment, c’est mon club, je reste au TCBB l’année prochaine.
Vous avez participé aux quatre journées de la phase de poules, pour un bilan de 6 victoires (2 en simple, 4 en double) et 2 défaites (en simple). Vous êtes donc invaincue au côté de Laura Thorpe cette année. Comptez-vous disputer plus de doubles sur le circuit en 2017 ? Est-ce un domaine vers lequel vous souhaitez vous orienter ?
Si j’en ai l’occasion, pourquoi pas, j’aimerais bien. Cela permet aussi de travailler d’autres choses, de progresser dans d’autres domaines. Mais c’est difficile de trouver une partenaire régulière sur le circuit. Si j’ai bien joué avec Laura Thorpe, c’est parce qu’on se connaît bien, on joue depuis des années ensemble. Et j’ai besoin de ça pour bien jouer en double. Quand je joue avec une étrangère, et que c’est la première fois qu’on joue ensemble, c’est plus compliqué. Je me sens moins à l’aise, c’est ça aussi qui m’empêche de disputer beaucoup de doubles. Pour l’instant, je reste surtout concentrée sur le simple.
Quels seront vos objectifs – si vous en avez - en terme classement la saison prochaine ? Qu’allez-vous mettre en place à l’entraînement ?
L’objectif en 2017 sera de se rapprocher du Top 100 le plus rapidement possible. Mais ce seront surtout des objectifs en termes de sensations sur le terrain. Je vais essayer de me sentir bien sur le terrain, de bien travailler ce qu’on met en place, et les résultats vont suivre naturellement. Je suis toujours entraînée par Yves Rodet. On travaille surtout sur mon plan de jeu, sur plein de petits détails qu’il faut améliorer. Je fais une préparation foncière également en ce moment. On travaille beaucoup physiquement. Il reste pas mal de choses à caler, c’est la bonne période pour le faire.
Votre prize-money lors des premiers tours d’un tournoi du Grand Chelem vous permet-il de recourir plus souvent à un kiné ou à un préparateur supplémentaire ? Cela vous permet-il de consolider votre structure ?
Cela m’a permis de changer certaines choses dans ma structure. Par exemple, on a pu mettre en place de nouvelles choses avec mon entraîneur. Mais ce n’est pas non plus suffisant encore pour recourir à un kiné. Pas encore en tout cas. C’est sûr que cela changerait beaucoup de choses si j’avais les moyens d’emmener mon kiné partout, en termes de récupération.
Vous n’avez pas pu manquer l’arrivée de Yannick Noah à la tête de l’équipe de France de Fed Cup. Est-ce le bon choix selon vous ?
J’ai entendu cela et je regarde un peu tout cela de loin. Je pense qu’il a bien fait ses preuves avec les garçons, et même avant avec les autres générations. Il a déjà été capitaine, oui ça peut être un bon choix. C’est quelqu’un qui peut apporter beaucoup de choses l’équipe de France.
On sait que Yannick Noah amène souvent de nouveaux visages dans ses équipes. Est-ce que vous y pensez ? Vous avez bientôt 26 ans, vous visez le Top 100, vous entrez dans les tournois du Grand Chelem… Est-ce qu’à ce niveau dans votre carrière, vous y pensez ?
C’est sûr qu’on y pense. Cela serait un honneur de pouvoir jouer en équipe de France. Après, il faut que je continue à progresser au classement et on verra. Dans un sens on travaille toutes, les Françaises, pour ça. Au fond de nous, on y pense toutes un peu. Donc si un jour on est appelée, cela serait quelque chose de merveilleux.
Quelque part, si vous intégrez l’équipe de France un jour, cela amènerait de la lumière sur vous également. On vous a déjà découverte à Roland-Garros l’an passé, si vous "perfez" en Australie, on reparlera de vous à Paris. Est-ce que vous vous battez aussi, dans un sens, pour plus de reconnaissance ?
Je ne me bats pas forcément pour que les gens connaissent mon nom. C’est plus pour la passion d’être sur le terrain, la passion du jeu, me faire plaisir et faire plaisir à mes proches, à mon équipe. Après, c’est sûr que la notoriété est un plus, mais je ne joue pas spécialement pour ça. On a parlé de moi à Roland-Garros, certes, mais pendant 2-3 jours, et cela retombe assez vite. On n’est pas dérangé tous les jours, on ne ressent pas une pression supplémentaire venue de l’extérieur. C’est sûr que ça fait toujours plaisir, les gens nous connaissent, nous parlent un peu dans les clubs quand on y va, ils nous soutiennent. Mais cela ne rajoute pas une pression en plus. Peut-être qu’à plus haut niveau, on la ressent un peu plus. En tout cas pour ma part, je ne la ressens pas.
Propos recueillis par Thibault Karmaly pour Tennis Actu