Tennis. ITW - Pauline Parmentier : "Noah et Pierce, c'est le top"
Par Fabrice ABGRALL le 23/12/2016 à 10:10
Vidéo - Fed Cup - Amélie Mauresmo : "J'arrête, je suis enceinte"
L'équipe de France de Fed Cup retrouve le sourire et c'est celui de Pauline Parmentier qui incarne le mieux cet état d'esprit. Avec la nomination de Yannick Noah en tant que capitaine pour prendre la succession d'Amélie Mauresmo, qui a quitté le navire quelques jours après la défaite en finale face à la République tchèque (2-3) à Strasbourg, enceinte de son deuxième enfant (vidéo ci-dessous), puis l'annonce de l'arrivée de Mary Pierce en tant que capitaine-adjointe, les Bleues se réjouissent de l'année à venir. Un état d'esprit qui tranche avec la morosité qui avait envahi les rangs tricolores après la décision de Caroline Garcia de ne pas disputer la Fed Cup en 2017 afin de se concentrer sur sa carrière personnelle. Le départ d'Amélie Mauresmo, les arrivées de Yannick Noah et Mary Pierce, mais également le choix de Caroline Garcia et le premier match à venir en Suisse - les 11 et 12 février 2017 : Pauline Parmentier n'élude aucun sujet au micro de Tennis Actu, et incarne à merveille "le boost extraordinaire" que ressentent les filles de l'équipe de France depuis quelques jours. Un entretien à retrouver en intégralité ci-dessous.
Pauline, Mary Pierce a été choisie pour être adjointe du nouveau capitaine Yannick Noah en Fed Cup. Est-ce un choix de Noah ? Ou bien les joueuses ont-elles insisté pour que Mary intègre l’équipe, son nom ayant été évoqué aussi pour être capitaine…
C’est vrai que le nom de Mary est ressorti quasiment depuis le début de nos recherches en tant que capitaine. Mais comme on a eu l’occasion de pouvoir avoir Yannick (Noah), on s’est plus orienté vers lui. Le choix de Mary (Pierce) comme co-capitaine, c’est un choix de Yannick. C’est lui qui avait envie de la mettre dans la boucle et de s’entourer d’une personne féminine dans l’équipe.
Qu’est que peut-vous apporter Mary Pierce ?
De par son expérience et sa carrière, elle a beaucoup à nous apporter sur le terrain et en dehors. Et surtout, elle a une mentalité différente. Elle est Française mais a vécu pas mal de temps aux Etats-Unis, ce qui lui donne un truc un peu différent. Elle va nous apporter un peu de fraîcheur, une nouvelle vision dans l’équipe, et pour nous, dans notre tennis, cela peut être très intéressant.
Suit-elle encore beaucoup le tennis féminin ? Parce qu’on ne la voit pas beaucoup dans les tournois du Grand Chelem…
C’est vrai que ça fait pas mal d’années que je suis sur le circuit, je ne l’ai pas souvent vue. Je sais qu’elle s’est remis dedans, elle commentait pas mal de matches. Kristina (Mladenovic) l’a pas mal vue à Singapour aussi, sur le Masters. Elle était là pour la finale de la Fed Cup. Elle avait envie de revenir dans le monde du tennis. Quand on arrête sa carrière, on a certainement besoin de digérer un peu ce milieu, avant de revenir quand on est prête. Je pense que c’est son cas aujourd’hui, et elle l’a montré tout au long de l’année même si elle discrète. Son retour dans le tennis, c’est top pour l’équipe de France.
Pauline Parmentier quelques jours après la défaite en finale de la Fed Cup 2016
Il y aura donc un duo de choc à la tête de l’équipe de France : Yannick Noah – Mary Pierce, des vainqueurs en Grand Chelem. Sur le papier, c’est impressionnant…
Déjà quand on a su pour Yannick (Noah), on était comme des dingues. On s’est dit que l’équipe "avait vraiment de la gueule." On avait du mal à digérer le départ d’Amélie (Mauresmo, enceinte de de son 2e enfant, NDLR) parce que c’était dur, et on a rencontré une personne qui allait être top aussi, donc on était hyper contentes. Maintenant, d’avoir l’appui en plus de Mary (Pierce), on ne pouvait pas espérer mieux. Yannick (Noah) a voulu s’entourer de Mary (Pierce) car il a aussi la Coupe Davis et il voulait un staff assez présent pour créer un lien continu avec les filles.
Parlez-nous de la décision de Caroline Garcia : va-t-elle faire son retour en équipe de France ? On imagine que vous allez l’inciter à revenir sur sa décision. On sait que Yannick Noah estime que ce n’est pas forcément nécessaire, mais peut-être que Mary Pierce va essayer de lui parler ?
Depuis la nomination du capitaine, on n’a pas eu beaucoup de nouvelles de Caroline (Garcia). Elle était dans la discussion pour choisir le capitaine car malgré sa décision, on avait envie qu’elle soit dans la boucle pour être associée aux décisions. Nous, on a fait le choix du capitaine. Maintenant, c’est à eux d’aller chercher Caroline (Garcia) voire de parler à son père aussi. Je pense que ce n’est pas gagné. Si avec ça, elle décide de ne pas revenir, on ne pourra pas faire mieux au niveau du staff. J’espère, j’ai envie d’y croire, mais je reste assez sceptique tout de même.
Peut-on croire à un consensus ? Peut-être avant le premier match contre la Suisse - les 11 et 12 février 2017 ?
On avait déjà parlé avec Caroline (Garcia) avant même de nommer le nouveau capitaine, voir si on pouvait avoir une sorte d’adaptation car elle voulait se concentrer sur sa carrière personnelle. Les arrangements sont possibles mais après, tout le monde joue le jeu. C’est un choix délicat. C’est au capitaine de prendre ses décisions et après, on peut essayer d’ajuster quelques trucs mais on doit en assumer les conséquences. Ça va être intéressant de voir ce qu’il va se passer en Australie.
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Autrement dit, vous dites que la Fed Cup, ce n’est pas à la carte : on ne choisit pas quand on joue…
C’est compliqué. Ce n’est pas du tout dans les valeurs de la Fed Cup ou de la Coupe Davis. Ce n’est pas du tout à la carte. Maintenant, dans le tennis féminin, on n’a pas un grand réservoir : en Coupe Davis, les joueurs sont 10-12 donc ils ont du choix. Nous, on n’en a pas énormément non plus. Ça la place (Caroline Garcia) dans en position de force d’une certaine façon, on est obligé de composer. Mais il ne faut pas oublier que Caroline (Garcia) a toujours été top en équipe de France, de par son caractère, sa personnalité, mais également et surtout par ce qu’elle montre sur le terrain. Ça va être dur de s’en priver.
On sent que la présence de Yannick Noah galvanise déjà l’équipe alors que vous ne l’avez que très peu vu, vous ne vous êtes quasiment pas parlé. Sa nomination vous donne déjà un engouement incroyable, comment l’expliquez-vous ?
Franchement, entre la fin de Strasbourg (après la défaite en finale face aux Tchèques 2-3), le debrief du lendemain, l’annonce du départ d’Amélie (Mauresmo), l’annonce du départ de Caro (Garcia), … On a pris le truc en pleine tête ! C’était très difficile à ce moment-là. La Fédération a voulu que la transition se fasse assez rapidement pour se retourner. Mais nous, on y arrivait pas, on réclamait du temps pour digérer avant de prendre notre décision. Certains noms sont ressortis, mais le dénominateur commun, c’était Yannick (Noah). On se disait qu’on n’avait pas été au bout ave lui, et on risquait uniquement de se prendre un "non" de sa part. On s’est battues pour l’avoir et ça a redonné un boost extraordinaire. Tout le monde se posait des questions : le fait que Yannick (Noah) valide son capitanat a redonné envie à beaucoup de monde (notamment Kristina Mladenovic, NDLR), et même dans le staff, certains avaient envie d’arrêter et vont désormais continuer. Le socle qu’on avait reste présent malgré certains départs.
Yannick Noah est-il un capitaine de transition, en attendant le retour éventuel d’Amélie Mauresmo ?
Je ne pense pas. Amélie (Mauresmo) a certainement besoin d’un peu de temps avant de voir si elle a envie de revenir. Aujourd’hui, je ne pense pas qu’elle en soit là. Et puis on ne peut pas dire que Yannick (Noah) soit quelqu’un de transition, on ne va pas chercher une telle personnalité pour une transition. On a vraiment envie qu’il prenne l’équipe en main sur au moins 2-3 ans. Après, je pense qu’il ne s’installe pas non plus pour dire 10 ans, c’est ce qu’il nous a dit dans son discours. Il ya de belles choses qui vont arriver. Nous, on est vraiment contentes de l’avoir, et de le découvrir. On le connaît surtout par la Coupe Davis, sa carrière et les médias. Tout ce qu’il véhicule est top, j’ai vraiment hâte de passer cette semaine en Suisse.
Propos recueillis par la Fabrice Abgrall pour Tennis Actu