Tennis. ITW - Samantha Stosur : "Les conditions m'ont avantagée"
Par Thibault KARMALY le 31/05/2016 à 19:30
Vidéo - Roland-Garros - Stosur : "Tirer parti des conditions"
Tombeuse de Simona Halep (24 ans, 6e), tête de série n°6, en huitièmes de finale de Roland-Garros (7-6 (0), 6-3), Samantha Stosur (32 ans, 24e) est revenue sur sa victoire en salle de presse. Pour l'Australienne - qu iest tête de série n°21 du tableau féminin -, finaliste à Paris en 2010, les conditions n'étaient pas idéales mais il fallait se montrer solide pour l'emporter entre les gouttes après 3 jours : "Dans ce type de conditions lourdes, en général je ne joue pas très bien, mais je pense que j'ai exploité un peu les conditions à mon avantage". Des propos recueillis par la rédaction de Tennis Actu à Roland-Garros.
Sam, vous êtes restée concentrée, alors que le match s'est étalé sur 3 jours et que vous avez dû reprendre le jeu.
Oui, j'ai pu bien gérer la situation, chaque fois que je suis revenue sur le court, j'étais prête, j'étais concentrée et j'ai exécuté les coups que j'avais à faire. Il m'a fallu un peu de temps, je ne suis pas restée longtemps sur le court aujourd'hui, c'est très bien.
C'est l'un des plus beaux matchs que vous avez disputés. Pouvez-vous comparer ce match avec d'autres, notamment ici à Roland-Garros ? Comment décririez-vous tout cela?
Ce sont des matchs assez similaires, même si je joue contre des adversaires différentes. Mais ces 2 matchs, ces 2 victoires ont été fantastiques, c'est bien de remporter des matchs sur une longue période de temps, j'ai pu plier le match aujourd'hui, j'ai très bien joué, je suis très claire avec mon état d'esprit. La pluie, c'est comme cela, vous savez, il faut saisir les chances lorsqu'elles arrivent.
Félicitations, comme vous avez eu une blessure au poignet au début du tournoi, vous vous attendiez à ce type de résultat ?
Oui, je ne savais pas quelle performance j'aurai effectuée ici, quel que soit l'état de ma blessure au poignet, mais au premier tour, je vous l'ai dit, j'ai fait ce que j'avais à faire, je suis arrivée ici très tôt, bien sûr, c'était malencontreux de me retirer du tournoi de Strasbourg, mais j'avais besoin de ces journées pour récupérer. Je touche du bois, je n'ai pas de problème au poignet, je n'y pense même plus, il ne m'ennuie pas, et je suis en mesure de jouer mon meilleur tennis.
Vous avez pu exécuter vos coups, dans quelle mesures Dave vous aide-t-il pour relever le défi ?
Bien sûr, avec Dave, on parle de ce que j'ai à faire, notamment la construction des points, tout ce type de choses. Après le premier jour, pour ce match-là, j'étais menée 5/3, et il y avait des aspects positifs dans mon jeu, j'étais en très bonne position, je pense que je faisais de bonnes choses. Je dois dire que j'ai changé 2 ou 3 choses aujourd'hui, et tout cela a bien marché. Mon plan de jeu a été très bon, et puis avec Dave, on discute exactement de ce que je dois faire. Et bien sûr, ce qui est important, c'est que je puisse exécuter les coups et que je m'appuie sur mes points forts. On essaye de tirer les choses au clair avec Dave : "ça c'est bien, ça ce n'est pas bien..." Puis on s'adapte.
La dernière fois que vous étiez en pleine forme et en bonne santé, quel âge aviez-vous ? (Rires)
Ça fait longtemps, peut-être 3 ans que je n'avais pas eu cette forme !
2010, 2011 ?
Je ne sais plus exactement. Bien sûr, c'est une question de confiance, une question de physique. Bien sûr, il faut savoir enchaîner les semaines aussi. C'est un petit peu un tout en quelque sorte. Je ne pense pas qu'on puisse identifier une chose qui me permette de dire que je fais un bon parcours. Il y a beaucoup d'éléments.
La décision de jouer ou de ne pas jouer, dans quelle mesure cela vous affecte-t-il lorsque vous êtes sur le court ? Il y a d'autres matchs sur les autres courts qui sont interrompus, d’autres reprennent pendant 10 minutes ou une demi-heure. Est-ce logique ?
Dans ce type de situation, chaque minute compte. Bien sûr, si l'arbitre dit : "on va s'arrêter", il faut s'arrêter. Parfois, je ne connais pas quelles sont les conditions météo. Je pense que le court était plutôt bon aujourd'hui. Si on nous dit de jouer, eh bien je vais jouer. Si c'est humide, il faut faire avec les conditions. Ce n'était pas super, mais ça allait.
Vous allez jouer contre Pironkova, que pensez-vous de votre adversaire ?
Ce sont les quarts de finale. Elle a remporté un match important contre Agnieszka Radwanska. Je crois que nous avons joué l'une contre l'autre il y a quelques années. Je sais que des choses vont bien marcher contre elle, mais Pironkova a obtenu de très bons résultats. Et puis, elle est allée loin dans certains tournois de Grand Chelem. Si je veux m'imposer face à elle, il va falloir que je sois concentrée. Il va falloir faire preuve de confiance. Ce n'est pas toujours aisé d'avoir la confiance avec vous !
Pour ce prochain match, vous serez favorite, puisque vous avez battu des têtes de série pour parvenir à ce stade. Cela va-t-il changer quelque chose ?
Moi je ne vais pas changer ma tactique, je vais faire exactement la même chose, que vous soyez tête de série n° 6, ou tête de série n° 100, il faut être prête pour faire face à ces joueuses.
Pour s'adapter à ce type de conditions humides, lourdes, quelles sont les qualités d'adaptation ?
J'ai pu rentrer dans le court, certainement mieux que Simona aujourd'hui. Dans ce type de conditions lourdes, en général je ne joue pas très bien, mais je pense que j'ai exploité un peu les conditions à mon avantage. J'ai essayé d'exercer de la pression sur elle, de prendre l'ascendant, de frapper long, essayer de varier le jeu avec des balles courtes, avec des balles longues. Ce n'est pas tout le temps très facile, mais il faut s'adapter aux conditions, il faut peaufiner ses réglages. Parfois, ce n'est pas la tactique qui me plaît, mais c'est la bonne tactique pour remporter le match.
Sam, beaucoup d'athlètes, de sportifs et sportives ont des hauts et des bas. Votre carrière a été marquée par des percées, mais aussi par des déconvenues, par des revers. Pouvez-vous nous parler de ces vicissitudes ? Comment gèrez-vous tout cela ? Comment gèrez-vous les moments où vous n'êtes pas en forme ? Pouvez-vous nous parler de cela s'il vous plaît Sam ?
C'est vrai, ma carrière ne ressemblera jamais à la carrière des autres joueurs. Quand vous êtes un joueur de haut niveau, vous avez des hauts et des bas. Lorsque vous êtes dans des moments difficiles, il faut penser à ce qu'on a fait de bien. Bien sûr, il faut essayer de prendre en considération tous les éléments pour que cela marche. Bien sûr, il faut faire preuve de simplicité, il faut travailler dur, et puis il faut saisir les occasions pour percer. Parfois cela prend du temps, parfois, ce n'est pas le cas. Mais il faut être prêt parce que dans le tennis, les choses vont vite. Les choses changent vite. Shelby Rogers a perdu en quarts de finale à Strasbourg, et puis elle est en quarts de finale maintenant... Alors, par exemple, Shelby Rogers, c'était un petit tournoi à Strasbourg, ici c'est un grand tournoi, et elle est allée très loin. La marge est très faible. On peut faire les bons changements si on est prêt à les mettre en œuvre.
La demi-finale que vous avez jouée à Madrid n'était pas serrée... (Rires)
Oui, c'est une bonne façon de le dire !
Dimanche, vous aviez un break de retard. Comment avez-vous pu garder votre confiance ?
À Madrid, bien sûr, ça n'a pas été très bon, c'est le moins qu'on puisse dire. J'ai pensé beaucoup à ce match après. Bien sûr, j'ai eu la possibilité de rejouer contre Simona aujourd'hui. Donc, j'ai pu tirer les enseignements de ce match à Madrid, qui s'est mal passé. Ce qui s'est bien passé… J'avais des certitudes je dois dire. J'avais une bonne tactique, un bon plan de jeu. Même si j'étais menée 5/3, je pense que j'étais dans la bonne voie. Je me suis dit que si je perdais ce match et que je jouais de la façon dont je le voulais, alors cela m'aurait peu importé. Après le match de Madrid, je savais exactement ce qu'il fallait changer.
Dans ce tournoi du Grand Chelem, vous êtes très constante. Pouvez-vous nous parler de ces 3 dernières années, entre 2012 et 2016 ? Je me demande dans quelle mesure vos performances ici sont-elles si particulières, d’autant que je crois que c’est la dernière fois que vous travaillez avec Dave ?
Oui, ça fait longtemps que je n'ai pas atteint ce stade de la compétition ici. Bien sûr, c'est vrai, à l'US OPEN, j'ai obtenu de très bons résultats, mais le tournoi le plus réussi pour moi, c'est ici. C'est vrai que je suis arrivé tôt, comme je l'ai dit. J'ai pu m'entraîner sur terre battue, et donc ça me permet d'aller loin. C'est bien d'atteindre les quart de finale d'un Grand Chelem, cela fait bien longtemps, et comme vous le savez, au cours des 3 dernières années, il y a eu beaucoup de haut et de bas dans ma carrière. Lorsque vous obtenez de bons résultats, lorsque vous êtes au meilleur de votre forme, vous avez le sentiment que vous allez le faire une autre fois. Ces choses ne disparaissent pas. C'est pourquoi je suis parvenue à atteindre les quarts de finale. Avec Dave, on a discuté de ma tactique, si je peux continuer à jouer de cette façon, ce sera un tournoi couronné de succès.
Lorsque les conditions sont lourdes, vous avez un style de jeu unique, qu'avez-vous ressenti, qu'est ce qui a bien marché dans ces conditions, sur ce court ? Notamment quand les courts sont lourds.
Je n'aime pas les conditions lourdes, mouillées, mais aujourd’hui, je les ai mieux exploitées que mon adversaire. Je n'ai pas frappé avec beaucoup de lift. Je n'ai pas décoché de frappes lourdes et liftées. J'ai essayé de varier un peu le jeu, avec mon revers slicé. J'ai pu jouer court. Lorsque le court est humide, vous pouvez faire des revers slicé, parce que la balle ne rebondit pas. Lorsque c'est difficile de se déplacer, c'est bien de varier un petit peu les choses ; avec mon coup droit, j'ai mis un peu plus de puissance pour la faire reculer derrière la ligne de fond du court.
Des propos recueillis par la rédaction de Tennis Actu à Roland-Garros.