Tennis. WTA - Le retour de Sharapova fait débat chez les joueurs
Par Nastassia DOBREMEZ le 10/03/2017 à 08:30
C'est la polémique du moment : doit-on accorder des wild-cards aux joueurs qui ont été bannis du circuit pour dopage ? En ligne de mire, Maria Sharapova qui a reçu un lot de trois invitations pour les tournois de Stuttgart, Madrid et Rome après avoir été suspendue pendant quinze mois pour avoir été contrôlée positive au meldonium en janvier 2016. Alors que la question de savoir si l'ex n°1 mondiale recevra une invitation pour Roland-Garros n'est pas encore tranchée, les joueurs et joueuses du circuit sont partagés. Florilège des réactions.
Tsonga, Murray, Kyrgios et Kerber opposés à l'idée d'attribuer une wild-card pour Maria Sharapova
C'est Andy Murray qui a lancé la controverse début mars, lors d'une interview à The Times. "Je pense que vous devez vraiment travailler dur pour votre retour, et non être invité. Cependant, la majorité des tournois font ce qu'ils estiment être le meilleur pour leur tournoi, je le comprends. S'ils pensent que de "gros noms" à vendre vont mieux remplir leurs sièges, alors ils signeront des deux mains". Jo-Wilfried Tsonga lui a emboîté le pas : "C'est quand même spécial de d'inviter quelqu'un qui a fait de mauvaises choses. Je ne le ferai pas. C'est comme si vous donniez un bonbon à un enfant s'il a fait une bêtise. Il recommencera. C'est un mauvais message", selon des propos rapportés par L'équipe. Même avis tranché de la part de Nick Kyrgios, en marge d'une interview pour Punto Debreak : "Je suis totalement contre toute substance qui peut améliorer les performances. Je ne suis pas le seul qui pense que les médicaments restent toujours dans le corps et qu'il ne faut pas aider des gens qui en bénéficient", dans des propos repris par Punto Debreak. Enfin, Angelique Kerber, n°2 mondiale s'est elle aussi positionnée contre Sharapova : "C'est un peu bizarre. Sa suspension est levée le mercredi, et elle peut jouer le mercredi. Je ne sais pas trop quoi dire. Mais c'est bizarre pour nous, les autres joueuses", a t-elle réagi en conférence de presse d'avant tournoi d'Indian Wells.
Victoria Azarenka, Simona Halep et Andy Roddick globalement pour
Pour le moment, les joueurs qui défendent Maria Sharapova se font plus rares. Andy Roddick a tenu à souligner que l'on ne pouvait pas comparer la position des petits et des grands tournois : "S'il y a un plus petit événement qui a la possibilté de bénéficier de la présence de Maria, je ne vais pas rechigner quant à leur volonté de leur attribuer une invitation. Si la Fédération française ne veut pas lui donner de wild-card, c'est leur prérogative. Le niveau d'intérêt plus élevé pour cet événement rime avec un niveau de responsabilité plus important. Mais il est naïf de prétendre que leur situation diffère de celle des plus petits tournois. Eux aussi peuvent bénéficier de la présence de Sharapova", a-t-il confié lors d'une interview donnée au Madison Square Garden à l'occasion de la journée mondiale du tennis. Victoria Azarenka quant à elle, a clairement apporté son soutien à la Russe, dans une interview à Omnisport : "Le retour de Sharapova fait du bien au tennis. Elle a beaucoup de fans, forcément elle attirera du monde, quoiqu'elle fasse. C'est difficile à prévoir si elle sera en forme pour Roland-Garros. Mais c'est assez excitant". Tout comme Simona Halep : "J'ai entendu ce qu'a dit Andy Murray. Dans un sens, il a raison. Mais je ne suis pas là pour prendre des décisions. Les personnes qui travaillent sur ce sujet ont un avis plus légitime que le mien. Je pense qu'elle peut reçevoir des wild-cards car elle a été n°1 mondiale et qu'elle a gagné des Grands Chelems".
Federer, Muguruza et Kuznetsova préfèrent rester neutre
D'autres ont fait le choix de ne pas trop prendre de risques. Roger Federer a préféré calmer le jeu sur le feuilleton Sharapova : "Je ne sais pas si cela dépend de la raison pour laquelle vous avez été banni, puisqu'au final, cela revient au même. Est-ce qu'avec une suspension pour dopage elle mérite ces wild-card ? C'est un sujet difficile. Pour être honnête je ne sais pas quoi répondre à cette question". Tout comme sa compatriote Svetlana Kuznetsova : "C'est très compliqué. Pourquoi donnerait-on une wild-card à quelqu'un qui a triché ? Mais dans le cas de Sharapova, c'était une erreur. Donc l'histoire est différente. Franchement, je comprends tous les points de vue", a-t-elle avoué, selon des propos rapportés sur le site de la WTA. Garbine Muguruza, elle, s'en moque. Interrogée par La Marca, l'Espagnole a ainsi déclaré : "Nous, les joueuses, on s'en fiche de cette affaire. Personnellement, je ne me souviens même pas de Sharapova. Bon, pour les organisateurs de tournois,son retour est une bonne nouvelle car elle va catalyser l'attention des médias. Mais au risque de me répéter, nous les joueuses, ça ne nous intéresse pas".