Tennis. ATP - Corentin Moutet : "Rien de signé avec Nico Escudé"
Par Bastien RAMBERT le 06/10/2015 à 20:02
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Corentin Moutet a repris l'entraînement ce lundi. Présenté comme le futur du tennis français, le jeune joueur de 16 ans, 828e joueur mondial au classement ATP, a soigné avec succès une blessure à la malléole. Tennis Actu l'a contacté pour prendre des nouvelles avant d'évoquer son avenir, sa gestion des attentes, son expérience à Roland-Garros ou encore la rumeur d'une collaboration avec Nicolas Escudé. Entretien.
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Corentin, comment allez-vous ? Vous n'avez pas joué depuis fin mai …
Je me suis blessé au niveau de la malléole juste après les qualifications de Roland-Garros. Cela fait quatre mois que je ne joue pas. J'ai vu des médecins. Maintenant je suis guéri. Je vais commencer à reprendre petit à petit. Je n'ai pas encore de date en tête pour la reprise et la programmation. Je vais repartir en tournois quand je vais retrouver mon niveau maximum, pas avant. Je veux être à 100 % physiquement mais aussi me sentir bien à nouveau sur le court, être totalement prêt à jouer.
Cette blessure est un petit contretemps pour vous ou cela a été un peu plus important moralement ?
C'est toujours dommage d'être blessé. On est toujours content de jouer, de s'entraîner, de vivre notre passion mais voilà, la blessure m'a permis de comprendre et de prendre du recul sur certaines choses. Je pense que cela m'a fait grandir. Quand on se lance dans l'objectif de faire une carrière on sait qu'il va y avoir des blessures. J'ai fait avec en essayant d'optimiser au maximum cela. J'ai tiré de bonnes choses de la blessure. Je vais essayer de repartir le mieux possible.
Avec le recul, comment jugez-vous votre expérience à Roland-Garros ?
Ce match contre Michael Berrer (Ndlr : perdu au premier tour des qualifications, il était bénéficiaire d'une wild-card) a été une très bonne expérience pour une première dans le tournoi senior. Je pense que ce n'était pas trop tôt, contrairement à ce que certains ont pu penser. J'ai eu la chance que la Fédération m'accorde une invitation. Émotionnellement je n'ai pas très bien géré le match. Après, il y a eu un match, un combat. Le score est assez sévère. Je me suis retrouvé en face d'un adversaire plus fort. Je n'ai pas fait le meilleur match et je suis un peu déçu là-dessus mais cela reste une très bonne expérience et j'espère pouvoir la revivre l'année prochaine.
"Il y a encore beaucoup de chemin"
Le grand public vous a découvert cette année Porte d'Auteuil. Votre façon de gérer émotionnellement le match avait généré quelques critiques...
Les gens n'ont vu que le match mais ils n'ont pas vu le travail que l'on fait derrière. Ils ont tendance à critiquer facilement et de se focaliser sur les points négatifs. Certes j'ai été très nerveux et je n'ai pas forcément fait un grand match mais il y a eu des points positifs. J'ai passé pas mal de premières balles et j'ai eu une bonne efficacité au service. Après la nervosité saute aux yeux des gens car j'ai 16 ans, j'ai joué sur le court face à Berrer et j'ai cassé une raquette. Je suis d'accord que cela peut choquer. Leur avis est intéressant mais après je trouve qu'ils critiquent un peu trop sans voir les difficultés de la chose. J'accepte tout de même leurs critiques, quand cela est justifié.
Comment gérez-vous votre statut "d'espoir n°1 du tennis français" comme on peut le lire sur certains supports ?
Je le gère normalement car quand on regarde dans les autres pays, il y a beaucoup de joueurs de mon âge qui commencent à arriver ou qui jouent mieux que moi. En France tout prend vite beaucoup d'ampleur. Après j'ai bien joué cette année mais bon je ne gagne toujours pas ma vie avec le tennis, je suis 800e mondial. Il y a encore beaucoup de chemin. Je n'ai pas de pression. Pour le moment je n'ai rien fait et il y a tout à gagner, tout à faire.
Quels sont vos rapports avec la FFT ?
Ils m'aident. Ils sont à l'écoute en essayant de trouver les meilleures solutions pour moi. Ils sont toujours présents. Ils m'ont donné un entraîneur physique. Ils sont toujours là pour m'aider et veulent le meilleur pour moi. Ce n'est pas dans tous les pays comme ça. Merci à eux. On est en très bonne entente et j'espère que cela va durer. Il n'y a pas de raisons (sourire).
"Une discussion avec Escudé et cela s'arrête là"
Votre association avec Nicolas Coutelot s'est terminée en avril. Pouvez-vous revenir sur cette collaboration et nous expliquer pourquoi elle n'est plus d'actualité ?
Je ne vais pas expliquer les raisons de l'arrêt car c'est entre lui et moi. On s'est arrêté en bons termes. On a fait une bonne collaboration. Il m'a beaucoup apporté et j'ai beaucoup progressé avec lui. Je lui ai aussi apporté car c'était je pense l'une de ses premières collaborations en tant que joueur-entraîneur. Je tiens à le remercier. Il n'y a eu que du bonus. On reste en contact. Tout va bien.
Il y a eu une rumeur comme quoi Nicolas Escudé pourrait devenir votre nouvel entraîneur...
Je n'ai pas d'entraîneur en ce moment donc certains entraîneurs m'ont démarché, j'en ai démarché d'autres etc... Il y a eu une discussion avec Escudé mais cela s'arrête là. On pourrait associer cette rumeur à d'autres entraîneurs. Je ne m'entraîne pas avec Escudé. Il n'y a rien de fait, rien de signé. Il y a juste eu une discussion.
Y a-t-il un entraîneur qui tient la corde ?
Pour le moment je vais me concentrer sur mon tennis. Je reprends ce lundi. Je vais me concentrer là-dessus. Je suis très content de rejouer et je ne pense pas trop à mon prochain entraîneur pour le moment. Je pense à reprendre mon tennis. Cela pourra changer dans trois semaines, un mois. Ma cheville va mieux donc je vais plutôt penser à bien retrouver les sensations.
"J'ai envie de gagner un Grand Chelem"
Vos parents s’attellent-ils à ce que vous restiez dans votre bulle, sans déjà vous enflammer ?
Mes parents sont là pour me guider et m'aider. Ils arrivent très bien à gérer le fait de se mettre en retrait, de ne pas entrer dans le cercle des entraîneurs car cela n'est pas leur boulot. Il arrive à faire la part des choses. C'est assez sympa car quand je rentre chez moi on ne parle pas forcément de ma journée tennistique, de ma programmation etc... Ils sont là pour m'indiquer le droit chemin dans les bons et mauvais moments.
Quels sont selon vous les points à travailler pour franchir un cap et d'ailleurs, quel serait le prochain cap à franchir ?
Je pense que c'est surtout dans la tête et pas forcément tennistique quand on veut franchir un cap. Quand on se rend compte que l'on a le niveau pour battre certains joueurs le cap se passe automatiquement. Ce sont des caps psychologiques. Quand on est 15 et que l'on se rend compte qu'ils ne sont pas imbattables en seconde série on passe un cap. Moi je commence les Futures. Je pense que je vais beaucoup travailler mon service. Après je vais essayer de renter sur le circuit ATP, monter en classement ect... Je prends les choses comme elles viennent.
Arnaud Di Pasquale estime que votre maturité est "assez bluffante." Comment restez-vous humble alors que vos amis du même âge ne sont pas eux pas du tout médiatisés comme vous ?
Certes on voyage et l'on fait plein de choses que les autres ne font pas mais je trouve que rester assis sur une chaise, se lever tôt, passer le BAC et le brevet, c'est dur. J'ai essayé de le faire quelques années et j'ai abandonné. Je ne vais plus à l'école car je trouve cela trop dur de suivre les deux. Il n'y a pas de raison de prendre la grosse tête. Chacun fait son truc. Faire dix ans d'études est tout aussi respectable qu'une carrière tennistique. Ce ne sont pas les mêmes souffrances ni les mêmes efforts mais je trouve cela autant respectable. Il n'y a pas de raison de s'enflammer, de se croire au-dessus car l'on n'est pas au-dessus.
Beaucoup d'espoirs veulent être n°1 mondial et rien d'autre. Comment cela marche pour vous ?
J'ai des objectifs en tête. Je ne vais pas tous les dévoiler car c'est important de ne pas dévoiler son jeu tout de suite. Forcément tout le monde veut être n°1 mondial. Après moi je ne sais pas ce qu'il faut faire pour être n°1 car je ne l'ai jamais été (sourire). Mon objectif serait de gagner un Grand Chelem, de soulever la coupe devant plein de personnes. Être n°1 mondial est top aussi mais ce n'est pas plus attirant que de gagner un Grand Chelem. Il y a un aboutissant certes mais... Je ne sais pas l'émotion que cela procure. Moi j'ai envie de gagner un Grand Chelem pour connaître ces émotions.
Propos recueillis par Bastien Rambert pour Tennis Actu