Tennis. FFT - Billets revendus, un "pacte du silence" bien gênant
Par Thibault KARMALY le 15/12/2016 à 18:54
Vidéo - "Le dégoût pour ces dirigeants" et l'appel d'Alexis Gramblat
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Nouvelle révélation fracassante de Mediapart ce jeudi 15 décembre 2016 : Jean-Pierre Dartevelle, vice-président délégué à la FFT, et Bernard Giudicelli, actuel secrétaire général de la FFT, et tous deux candidats à la succession de Jean Gachassin à la présidence de la Fédération Française de Tennis en février 2017, étaient au courant depuis 2010 des agissements présumés de Gachassin (soupçons de trafic de billets, malversations, dévoilés par le Canard Enchaîné en janvier 2016) et ont opté pour "un pacte de silence", selon un nouveau rapport de l'Inspection Générale de la Jeunesse et des Sports.
Jean Gachassin et la Fédération Française de Tennis dans la tourmente
Depuis le 27 janvier 2016, la Fédération Française de Tennis est dans la tourmente. Le Canard Enchaîné, qui s'appuie sur une enquête du ministère des Sports remise au président de la République sur la gestion de la FFT, découvre que Jean Gachassin, actuel président de la FFT, aurait, cinq ans auparavant, revendu à prix coûtant 600 places pour le tournoi de Roland-Garros à une agence de voyages du Sud-Ouest qui en a fait ensuite "commerce pour son propre compte". Onze mois plus tard, Mediapart nous en apprend plus, en se basant sur un nouveau rapport de l'Inspection Générale de la Jeunesse et des Sports (IGJS) : "Il a été indiqué aux rapporteurs (...) que plusieurs grands joueurs français de renom ainsi que le président de la FFT s’étaient livrés, ou avaient rendus possibles, des trafics lucratifs de billets pour assister au tournoi des Internationaux de France à Roland-Garros, confirme le site internet. Traditionnellement, les anciens joueurs de l’équipe de France de tennis et des personnalités du tennis français disposent de places pour assister au tournoi de Roland-Garros. Un commerce assez lucratif se serait progressivement mis en place autour d’une partie de ces places, vendues pour des montants très au-delà de leur valeur faciale (parfois près de 30 fois la valeur du billet selon ce qui a été indiqué aux rapporteurs".
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Bernard Giudicelli et Jean-Pierre Dartevelle, un "pacte de silence" pour étouffer l'affaire ?
Et de dénoncer que plusieurs autres membres de la FFT étaient informés de cette affaire, réaffirmant une information du Canard Enchaîné parue le 30 juin dernier : "Un premier cercle de dirigeants, élus et salariés de la FFT était au courant mais d'un commun accord, il a été décidé de n'en rien dire, de dissimuler des agissements dans l'intérêt de la fédération", écrivent-ils. Selon le média, le trafic de billets aurait été découvert dès 2010 par Bernard Giudicelli, actuel candidat à la succession de Jean Gachassin. Il décide d'en finir avec ces pratiques. Pour preuve, une capture d'écran d'un mail envoyé aux "responsables de ligue qui le soutiennent", le 25 janvier 2016 -soit quelques jours après les révélations du Canard Enchaîné sur le trafic de billets- : "Le 17 mai 2010, nous constatons un dérapage dans la billeterie du cabinet de Jean", confiant avoir mis "en évidence un véritable réseau de revente entre les anciens joueurs de Coupe Davis et des sites américains". Et de poursuivre : "De grands noms du tennis français circulaient sur des billets revendus jusqu’à 30 fois le prix. Bref, Roland-Garros avait généré un véritable commerce parallèle. Je décidai donc d’y mettre un terme par un plan qui fut approuvé un an plus tard par le comité de direction. Dans le même temps, nous décidâmes d’une amnistie générale pour tous les faits constatés".
En clair, conclure "un pacte de silence", dévoile le rapport de l'IGJS, mentionné par Mediapart : "Les problèmes liés au comportement de M. Gachassin ont entraîné une relative mise à l’écart de celui-ci pour la gestion des dossiers majeurs de la FFT, cet aménagement s’accompagnait d’un pacte de silence dont la motivation première […] était, après les difficultés connues sous la présidence présidente, de “protéger les intérêts supérieurs de la fédération”. En témoigne ce que disait Bernard Giudicelli à ce propos, dans son mail du 25 janvier 2016 : "Les faits remontent donc à 2010. Ils ont été rectifiés en interne. De plus, concrètement, le seul préjudice subi l’a été par la Fédération car il n’y a eu aucun enrichissement personnel de Jean ; autrement dit, confirmé par notre avocat, le dossier est pénalement vide". Concernant Jean-Pierre Dartevelle, lui-aussi candidat à la succession de Jean Gachassin en février 2017, il n'a jamais caché sa loyauté envers son président : "Je reste fidèle à Jean Gachassin, il a qu’on le veuille ou non beaucoup apporté et je me battrai pour que l’on ne salisse pas son nom", confiait-il à Bien Public en novembre 2016.
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Dartevelle et Giudicelli évasifs, Gachassin dément !
Devant ces accusations, Jean-Pierre Dartevelle et Bernard Giudicelli sont restés évasifs. Interrogé par Mediapart, ce dernier tient simplement à rappeler la plainte qu'il a déposée "pour dénonciation calomnieuse" au sujet de sa mise en cause personnelle. Quant à Dartevelle, il explique avoir "donné aux inspecteurs, [lors de leur mission d'inspection menée par l'IGJS] de manière constructive et sincère, l’ensemble des explications qui éclairent les choix faits collectivement à ces moments-là, et pour lesquels je me suis positionné en fonction des éléments objectifs portés alors à ma connaissance". Jean Gachassin, lui, s'engage davantage : "Je conteste l’existence du moindre trafic de billets et donc je conteste en être en quoi que ce soit “l’organisateur”, répond-il à Mediapart.
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Alexis Gramblat, grand gagnant de ces révélations ?
Alexis Gramblat, avocat et vice-président du Tennis Club de Paris et dernier homme à se présenter à l’élection de la présidence de la FFT, l’a toujours martelé : sa force, c’est d’être un candidat hors système, loin des affaires dans lesquelles sont empêtrés ses deux concurrents directs : "Pour que la Fédération aille mieux, il faut qu’elle s’ouvre à de nouvelles personnes", confiait-il à TennisActu en mai dernier. Il faut sortir de toutes ces histoires de trafic de billets. On a besoin de nouvelles personnes avec un nouvel état d’esprit qui viennent d’abord pour servir la fédération avant de se servir eux-mêmes".
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