Tennis. FFT - Kanner, Braillard, Valls : leur silence sur la FFT
Par Clémence LACOUR le 13/01/2017 à 09:11
Vidéo - La FFT dans le viseur de la Justice
"Il faut que tout change afin que rien ne change" assurait Tancredi dans Le Guépard, de Lampedusa. Selon Mediapart, c'est, à chaque élection, la devise de la Fédération française de tennis (FFT). Le silence sur les diverses affaires de d'"affairisme, [de] clientélisme, grenouillage en tous genres" amène, assure le média, la FFT à la dérive : "La situation calamiteuse dans laquelle se trouvecette fédération est désormais sur la place publique." De fait, la Fédération est dans une situation particulièrement problématique. Si le tennis reste le 2e sport le plus pratiqué en France, le nombre de licenciés est en chute libre : il y avait 1 052 117 licenciés en 2015, et 1 121 752 en 2012, il est à présent à peine au dessus du million de licenciés (1 039 337). En cause ? L'image du tennis, peut-être, mais aussi des problèmes graves au sein de la direction de la FFT qui existent depuis bien longtemps, qui ont d'ailleurs été épinglés par le pouvoir judiciaire et les médias et sur lesquels les pouvoirs politiques ont semble-t-il tranquillement fermé les paupières.
Un pacte de silence entre les dirigeants et les ministres
C’est une dénonciation anonyme, très détaillée, auprès de l’Inspection générale de lajeunesse et des sports (IGJS) qui avait donné l’alerte et mis le feu aux poudres. Une enquête avait été diligentée. En cause, des trafics de billets et une gestion calamiteuse de la FFT. Des notes avaient été établies par les inspecteurs qui enquêtaient, publiées par Le Canard enchaîné, puis un rapport, plus long, publié par Mediapart. Qui était au courant au début de cette affaire ? Selon Mediapart, tous les pouvoirs politiques : le ministre de la ville, de la jeunesse et des sports, Patrick Kanner, et le secrétaire d’État chargé des sports, Thierry Braillard ainsi que les collaborateurs de Manuel Valls. Tous étaient, révèle ce jeudi 12 janvier Mediapart, des destinataires de ces notes et pleinement informés mais, sembleraient-il, ont tu leur implication, en vertu de ll'article 40 du Code Civil : "Toute autorité constituée, tout officier public ou fonctionnaire qui, dans l'exercice de sesfonctions, acquiert la connaissance d'un crime ou d'un délit est tenu d'en donner avis sans délai au procureur de la République et de transmettre à ce magistrat tousles renseignements, procès-verbaux et actes qui y sont relatifs". Le chef de l'IGJS n'a pas non plus transmis ces informations. Dans ces conditions, le rapport a bien failli être étouffé... Si la presse, la police et le Procureur de Paris, saisi pour trafic d'influences, ne s'en étaient pas chargés. Le Ministre Patrick Kanner n'a pas répondu aux questions de Mediapart.
La FFT et ses élections : un déni de démocratie
En pleine période électorale, il est à craindre que ce soit le signe qu'à la FFT règnent les petits arrangements entre amis et que ladite élection soit biaisée. Bernard Giudicelli et Jean-Pierre Dartevelle, assure Médiapart, ont participé à ce pacte de silence autour des agissements du Président. Aussi le climat de "fin de règne" s'éternise-t-il. Bernard Giudiccelli, actuel homme fort de la FFT, en passe d'être élu selon Mediapart. Car la FFT, assure Mediapart "n’en finit pas de barboter dans un climat glauque ; et à chaque élection, on assiste à de petits arrangements pour que rien ne change". Ainsi Jean Gachassin a-t-il longtemps été le bras droit du précédent président, Christian Bîmes (en poste de 1993 à 2009), condamné pour prise illégale d'intérêts. La question est donc celle-là : pourquoi les licenciés n'ont-ils jamais, au grand jamais, leur mot à dire ? Pourquoi ce système électoral, qui ne permet pas de sortir de ce cercle vicieux ? Pourquoi, aussi, les adhérents n'ont-ils jamais été informés des diverses magouilles régnant au sein de la FFT. Mediapart relève en effet que le rapport notait : "Les rapporteurs observent que les faiblesses du président de la FFT ont été pendant cette période autant combattues qu’exploitées par son environnement. Le maintiendu statu quo en 2013, qui rend possible un second mandat du même président alors que ses difficultéssont connues, est une illustration parmi d’autres de cet accommodement." En d'autres termes : la FFT a caché à ses adhérents la gravité des agissemnts de ses dirigeants, et, jusqu'au sommet de l'Etat, on a fermé les yeux. On attendra la réaction d'Alexis Gramblat, le troisième candidat à la FFT, qui milite pour plus de transparence et pour rendre le tennis aux clubs.
.
A LIRE AUSSI :
FFT - Billets revendus, un "pacte de silence" bien gênant
FFT - Le débat pour la présidence FFT, analyse et replay
ALEXIS GRAMBLAT
ITW - Alexis Gramblat : "Ce qu'il faudrait y faire à la FFT"
ITW - Alexis Gramblat : "La FFT doit se rajeunir !"
FFT - Alexis Gramblat s'engage pour la transparence
BERNARD GIUDICELLI
ITW - Giudicelli : "Nous sommes sereins à la FFT"
FFT - En avril, Giudicelli évoque "la poudrière" à la FFT
FFT - Giudicelli président à la FFT ? Arnaud Clément est inquiet
ITW- Bernard Giudicelli : "Gramblat est dangereux"