Tennis. FFT - La Fédé de Tennis sous tutelle par le TGI de Paris
Par Clémence LACOUR le 19/01/2017 à 02:43
Vidéo - Gramblat : "Marre que ces dirigeants salissent la FFT"
Laurent Mauduit, qui a soulevé pour Mediapart les diverses affaires touchant la FFT a annoncé mercredi soir la mise sous tutelle partielle de ladite Fédération Française de Tennis par la Justice et le Tribunal de Grande Instance de Paris. Il faut dire que depuis 2016, les médias et la Justice s'intéressent de près aux agissements des dirigeants, soupçonnés de malversations, trafics de billets et trafic d'influence. Le Canard Enchaîné avait brisé le premier l'omerta, le JDD avait levé des lièvres lui aussi puis Mediapart avait emboîté le pas au "volatile", et creusé l'affaire, avant que les informations ne soient relayées par la presse toute entière. Depuis les sites spécialisés dans le tennis comme Tennis Actu, à ceux qui traitent du sport en général comme Le Monde Sport tout dernièrement, il n'y a absolument aucun média qui n'en ait fait état. Les trafics de billets, d'influence, les gestions problématiques des finances, tout s'est étalé dans les colonnes, semaine après semaine. Plus moyen, dès lors, d'étouffer les petits arrangements entre amis ; le bruit, d'un clapotis, est devenu assourdissant. La Justice a eu vent de l'affaire, et a décidé de reprendre en main le gouvernail du navire -du moins partiellement-. Le tribunal de grande instance de Paris a désigné ce mercredi un mandataire extérieur à la Fédération française de tennis pour représenter cette dernière dans la procédure pénale mettant en cause ses dirigeants.
Que dit le Tribunal de Grande Instance de Paris ? Le volet judiciaire
Le TGI de Paris, saisi par cinq clubs de Tennis, situés en Côte-d'Or, Savoie, Haute-Savoie, dans les Yvelines et dans le Val-de-Marne, relève qu'il "ressort (de ce rapport) qu'une enquête préliminaire a été ouverte par le parquet national financier visant des agissements commis au sein de la fédération au préjudice de la Fédération, par ses dirigeants. Le rapport de l'IGJS fait état d'un pacte du silence conclu par lesdits dirigeants sur ces agissements, ayant des conséquences sur la gouvernance dont le fonctionnement actuel s'éloigne des dispositions statutaires". Le but est donc que la FFT soit représentée par une instance indépendante de la Présidence, puisque, si elle le faisait, sa neutralité serait "remise en cause" : ""En l'état du rapport impliquant le président et l'ensemble des dirigeants, (...) le président ne peut pourvoir lui-même à la défense des intérêts de la Fédération qu'il préside, et en l'absence dans les statuts, de la possibilité de désigner un mandataire par une instance indépendante de la présidence, il ne peut désigner un mandataire dont la neutralité serait remise en cause".
D'où viennent les déboires de la Fédération Française de Tennis ?
Tout est parti d'une dénonciation anonyme mais très étayée auprès de l’Inspection générale de lajeunesse et des sports (IGJS). Le scripteur y détaillait par le menu les trafics de billets à Roland-Garros et les trafics d'influence présumés, ainsi que la gestion calamiteuse des finances de la FFT, tout cela sur fond de fin de règne ... et d'élection pour la Présidence. Seulement, depuis 2009 et la condamnation pour prise illégale d'intérêts du précédent président, Christian Bîmes qui était alors en poste depuis 1993, il semble bien que les dirigeants qui se sont succédés à la tête de cette fédération n'aient pas fait cesser les pratiques. Deux des prétendants au trône, ont ainsi été épinglés dans ce fameux rapport de l'IGJS diligenté après la dénonciation anonyme. Autrement dit, à chaque fois, la tête change, mais pas les doigts plongés dans la confiture, et ce d'autant que le système électoral pouvait assurer une tranquille élection sans que les licenciés ne soient au courant de ces divers agissements. Bernard Giudicelli et Jean-Pierre Dartevelle, auraient participé à ce pacte de silence autour des agissements du Président Jean Gachassin. Pis encore, ministres et secrétaires d'Etat n'ont pas poussé à la reprise en main sérieuse des choses. Ce 12 janvier, Mediapart toujours relevait la collusion des pouvoirs publics. En effet, le ministre de la ville, de la jeunesse et des sports, Patrick Kanner, et le secrétaire d’État chargé des sports, Thierry Braillard ainsi que les collaborateurs de Manuel Valls se sont tus alors que selon la loi, ils devaient faire état du rapport de l'IGJS à la Justice. Mediapart pouvait alors relever le terrible "déni de démocratie" qui menaçait de mener au naufrage une fédération qui perd chaque année plus de licenciés.
La @FFTennis sous tutelle partielle de la justice. La suite très vite sur @mediapart
— Laurent Mauduit (@LaurentMauduit) 18 janvier 2017
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