Tennis. ITW - D. Martinez : pour transmettre l'esprit Coupe Davis
Par Clémence LACOUR, MONTAGE : Thibault KARMALY le 25/02/2017 à 17:51
A l'heure où la FFT souhaite mettre en place une liste de joueurs devant obligatoirement jouer pour les compétitions internationales, Fed Cup et Coupe Davis, il est loisible de se demander si le désir de mouiller le maillot pour la France peut être induit par un réglement. Pourquoi les joueurs refusent-ils les sélections ? Et comment y remédier ? C'est Dorian Martinez, auteur de l'ouvrage Pourquoi le tennis est-il le sport le plus difficile et psychologue du sport, qui nous a livré à l'Open Sud de France quelques solutions qui -parmi d'autres sans doute- pourraient permettre d'arranger la situation.
Vidéo - Dorian Martinez sur la culture de la gagne
La FFT : une méthode à revoir ?
Les causes de défections sont multiples : Océane Dodin expliquait ne pas avoir l'esprit d'équipe et apprécier le tennis en tant que sport individuel, Caroline Garcia veut mettre en avant sa carrière personnelle, Gaël Monfils, un peu blessé en 2016, a préféré lui aussi jouer sa carte individuelle, ce qui l'a conduit aux Masters de Londres. Le Tricolore, visé alors par les médias et le mécontentement de son capitaine et de sa fédération, s'était senti le besoin de clarifier ses décisions (et cela ne concernait pas seulement la Coupe Davis). En cause, donc, la volonté de gagner des grands titres individuels... Yannick Noah se désolait après la défaite de son équipe de Fed Cup, privée de n°1 : "Pour avoir grandi à Roland, avoir été un produit de la fédération avec tout ce que ça comporte comme cadeaux et opportunités, il me semble normal, et même obligatoire, qu’à un moment dans ta carrière tu renvoies l’ascenseur. Ça me paraît tellement naturel." Bref, le désir de gloire et d'argent l'aurait emporté sur l'amour du maillot. Mais les instances, qui comptent aussi sur les grands titres de leurs champions pour faire revenir les jeunes garçons et les jeunes filles au tennis, commencent à s'en agacer : "Le Comité exécutif qui se réunit vendredi à Marseille va lister les joueurs auxquels on va demander de se tenir à la disposition de la Fédération" a prévenu Bernard Giudicelli. Mais la solution réglementaire est-elle la seule et la plus efficace ? Le tous pour un, un pour tous se décrète-t-il ? Ou peut-on trouver aussi une charge symbolique qui remonterait davantage les nouveaux mousquetaires, pour l'heure égarés sur les chemins de campagne...
La solution : créer une culture de la transimission et de la performance
Mais si les joueurs, comme Caroline Garcia, Océane Dodin ou Gaël Monfils refusent les sélections, comment les inciter à s'investir pour leur équipe nationale, comment leur donner la volonté, le désir, l'envie d'évoluer pour leur pays ? Comment faire en sorte que les Français et Françaises gagnent à nouveau de grandes compétitions, à commencer par Roland-Garros ? "Des enfants gâtés, peut-être" dit-il en évoquant ces joueurs qui refusent les sélections et se trouvent. "Mais ça se travaille au-dessus." Il propose de faire une réunion d'intronisation des jeunes joueurs, qui seraient ainsi accueillis dans l'équipe, un peu comme cela se fait chez les All Blacks. La Fédération, selon lui, devrait-elle initier une culture de la performance : "Il doit y avoir une culture de la transmission ! Le travail des Fédérations ce n'est pas d'assister un jeune en lui payant tout, mais de créer cette culture-là". La place des instances serait alors plus en retrait, et donnerait plus de latitude aux joueurs, anciens, et jeunes, pour qu'ils soient acteurs de leurs propres performances, agissants, et non dominés par l'obsession de la gagne à tout prix.