Tennis. Le Mag Tennis Actu (2) - L'avenir de la FFT : les quartiers ?
Par Clémence LACOUR le 15/04/2017 à 08:47
Fête Le Mur, l'association imaginée par Yannick Noah, a soufflé ses 20 bougies. En 2015, trente sites, répartis sur l'ensemble de l'Hexagone, ont accueilli pas moins de 3600 enfants, dont 2000 ont adhéré à la FFT. 300 d'entre eux jouent en compétition, 50 ont suivi une formation d'arbitrage, qui est située sur le site de Pau (créé en 1998). L'association serait-elle l'avenir de la FFT, qui perd sans cesse des adhérents ?
Vidéo - Noah parle de son association "Fête Le Mur" pour Tennis Actu
Fête Le Mur : un vivier
Fête Le Mur c'est d'abord le tennis, mais aussi la nécessité de poser des cadres. L'association s'est tout naturellement tournée vers l'analyse des règles du jeu, et certains se sont pris de passion pour l'arbitrage. A Pau, les jeunes passent les diplômes pour devenir A1, A2, voire A3. Quand on connaît la difficulté de certains clubs à trouver des arbitres pour les rencontres du dimanche, c'est intéressant. Cette année, Zara va même avoir la joie d'être juge de ligne à Roland-Garros, comme Elies avant elle. Côté pratique du tennis, Fête Le Mur cherche à présent à promouvoir l'excellence. La promotion Espoir Compétition (créé en 2006) a recensé 35 enfants qui ont été classés 3e série et 5, 2e série. Pourtant, l'association commence à présent à avoir grand besoin de moyens financiers et de personnel dûment formé pour étendre son action. Elle compte sur le soutien de Bernard Giudicelli : "Le Président Giudicelli s'est engagé pour mettre Fête Le Mur en avant. Dans son programme, il estime qu'il faut s'appuyer sur l'association pour développer le tennis dans les quartiers."
Il ne serait pas pour cela nécessaire de construire de nouvelles infrastructures. Dans les années 1980, en effet, alors que le tennis connaissait un vrai boom, de nombreux terrains ont été créés dans ce qu'on appelait alors les "ZUP", héritage des années 1960. A Nîmes, une ville qui pourrait être intéressée par la création, on trouve par exemple quatre terrains au stade Marcel Rouvière dans le quartier de Pissevin, créé en 1982, plusieurs autres au Tennis Club du Vallon, dans le quartier de Valdegour. La population y est pauvre, certes (49% de logements sociaux, un taux de pauvreté qui s'élevait à 36,5 % en 2011), mais jeune (36 ans en moyenne). Il y a des installations, et des jeunes, beaucoup de jeunes bouillonnants, qui seraient très enclins à se mettre au sport. "Il y a souvent des infrastructures dans les quartiers, mais pas d'encadrement. L'association, elle, sait s'adresser aux enfants de ces quartiers pour parvenir à les amener au tennis, et s'appuie sur des enseignants formés pour le tennis, mais qui arrivent aussi à bien dialoguer avec ces jeunes issus de quartiers sensibles, et qui manquent de cadres" relève Lore Biancardi, responsable des animations et de la communication de l'association, qui espère bien que la FFT va voir leurs intérêts communs.
La belle histoire de Zahra issue de l'Ousse des Bois @Ville_Pau qui est sélectionnée pour arbitrer à Roland Garros 2017! #ecoledarbitrageflm pic.twitter.com/ykToOWKdcW
— Fête le Mur (@FeteleMur) 14 février 2017
La FFT et Fête Le Mur : des intérêts communs
Le nouveau Président Bernard Giudicelli pourrait voir dans les quartiers une occasion en or d'endiguer la baisse du nombre de licenciés : il faudrait pousser ces jeunes à adhérer, et créer de nouveaux sites afin de ramener dans le giron de la FFT une partie de ces 3,4 millions de joueurs qui déclarent pratiquer le tennis hors club. Pour faire grimper les chiffres, il faudrait que la FFT mette la main à la poche et aide l'association de façon conséquente afin de s'étendre, puisqu'il existe 30 sites Fête Le Mur pour 751 Zones Urbaines Sensibles (ZUS) en France, selon le Comité Général de l'égalité du territoire. Au total, cela fait 4,4 millions d’habitants (RP 2006). "Il n'y aura quand même pas 500 000 joueurs supplémentaires" tempère la directrice de Fête le Mur, Séverine Thieffry. "Le tennis ne va pas remplacer le foot, ce n'est pas possible. Par contre, on pourra potentiellement récupérer 100 à 150 enfants par quartier".
L'association attend va re-signer une nouvelle convention - il n'y avait plus pour cette année électorale. Elle sera forcément en hausse, selon Mme Thieffry : "Le Président Giudicelli a beaucoup parlé de Fête Le Mur. On avait rencontré les trois candidats, mais lui avait vraiment mis l'association en avant. Il m'a envoyé un texto après son élection, et a créé une commission à la diversité sociale. C'est vraiment très appréciable. Nous avons rencontré son responsable, et il s'est montré très à l'écoute et sensible à nos objectifs, même ceux hors tennis. Maintenant, la FFT doit donner les moyens de ses engagements". La FFT serait donc prête à s'engager, et ne semble pas manquer d'argent : des arbitrages pourraient se faire au profit de l'association en rognant sur des dépenses de fonctionnement.