Tennis. Roland-Garros - C. Nouvel : "C'est un peu rude pour Razzano"
Par Clémence LACOUR le 20/05/2017 à 20:48
Cédric Nouvel, qui dirige la HDN Academy, a été l'entraîneur de Virginie Razzano pendant 20 ans. Il a suivi les moments forts de sa carrière à Roland-Garros (un huitième de finale en 2009, une incroyable victoire contre Serena Williams en 2012, 4-6, 7-6, 6-3 notamment), comme en Fed Cup (17 sélections, 16 victoires, 9 défaites). Il l'a également soutenue dans les périodes les plus difficiles : en 2011, elle perd son fiancé et ancien coach Stéphane Vidal dont elle partageait la vie depuis dix ans. Trois ans plus tard, elle échappe de peu à la noyade, piégée par les intempéries nîmoises, puis se bat contre des problèmes de santé. Malgré cela, la Française est toujours revenue au tennis quelqu'en soit le coût. Aujourd'hui, à 34 ans, elle est 6e Française et 198e mondiale. Mais la FFT ne lui a pas accordé de wild-card pour le tableau principal de Roland-Garros. Cédric Nouvel fait part de sa déception au micro de TennisActu.
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Vous avez été l'entraîneur de Virginie Razzano pendant 20 ans : comment avez-vous reçu la décision de la FFT de ne pas lui octroyer de wild-card ?
Le cas de Virginie peut se comparer à celui de Paulo (Paul-Henri Mathieu), même si celui de Paulo est plus criant. Tous les deux, ce sont des morceaux d'histoire à Roland... Virginie face à Serena Williams en 2009, par exemple, c'était vraiment un moment fort. Pour Paulo, c'est encore plus criant car il est 5-6 places derrière le cut, et c'était son dernier Roland-Garros, ce qui n'est pas le cas pour Virginie. Elle est à 90 places derrière le cut, à peu près, mais elle était la première joueuse derrière Pauline Parmentier. On la saute pour la donner à d'autres joueuses, parfois quand même plus loin d'elle au classement.
Le motif invoqué pour motiver le refus d'octroi de wild-card, c'est l'âge de Virginie : qu'en pensez-vous ?
C'est légitime, jusqu'à un certain point. Bien sûr, lancer les carrières, c'est la fonction des wild-cards. Pour des jeunes prometteurs, ce sont des accélérateurs de carrière. Ils prennent de l'expérience... Pour eux, c'est le grand bain. Cela leur permet de se valoriser... Il y a des questions financières aussi. Avec un premier tour, on finance une bonne partie de son année. Mais là, les wild-cards n'ont pas forcément été données à de très jeunes espoirs. Pour Fiona Ferro, qui est jeune, et pas loin derrière, ça se comprend, pareil pour Amandine Hesse, qui est dans le groupe Fed Cup depuis quelques rencontres, ou encore pour Chloé Paquet... Mais pour ce qui est de Myrtille Georges, ou Alizé Lim, c'est quand même moins parlant, même si elles sont adorables. Ce ne sont plus de toutes jeunes espoirs. Avec ce qu'elle a donné au tennis, avec son parcours, avec l'histoire qu'elle a construite avec le tennis, Virginie aurait mérité une wild-card.
Elle a eu connaissance de cette décision par Facebook... C'est un peu abrupt ?
C'est vrai que c'est un peu rude. On aurait pu avoir des égards avec ces joueurs qui ont quand même mouillé le maillot pour la France. Mais ne vous inquiétez pas, je la connais bien : si Virginie est en forme, elle va réagir en championne et faire le spectacle à Roland-Garros.
Propos recueillis par Clémence Lacour pour TennisActu