Tennis. ITW - Fiona Ferro : "Je m'inspire de Simona Halep"
Par Bastien RAMBERT le 21/10/2015 à 11:05
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Fiona Ferro a terminé sa moisson nationale par un titre chez les 17-18 ans. Majeure depuis le 12 mars, la jeune tricolore est ambitieuse et ne cache pas son envie d'accéder au Top 100 d'ici deux ans. Inspirée par Simona Halep, l'actuelle 262e joueuse mondiale se confie sur ses expériences à Roland-Garros, la Fed Cup, le traitement du tennis féminin et l'avenir des joueuses tricolores en expliquant également que son service pourrait être la clé d'une belle carrière. Entretien.
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Fiona, vous avez remporté tous les titres nationaux en jeunes, dont le dernier cet été. Vous sentez-vous nostalgique au moment de passer à autre chose ?
Je suis un peu nostalgique mais déjà cette année j'aurais préféré ne pas les faire et faire les qualifications de l'US Open. Je suis aussi pressée de passer au niveau supérieur. Cela aurait été bon signe si je n'avais pas pu jouer les France mais ce n'est pas grave.
Tout ceci n'est qu'un contre-temps ?
Il ne faut pas être trop pressée non plus mais c'est vrai que j'ai tendance à être impatiente. Je me suis fixée des objectifs pour la fin d'année. Je trouve que je n'ai pas grand-chose à envier aux joueuses qui peuvent directement intégrer les qualifications des tournois du Grand Chelem grâce à leurs classements. Cela me rend un peu impatiente.
Vous êtes actuellement 262e. Le prochain objectif est d'intégrer les qualifications de l'Open d'Australie 2016 ?
Oui c'est ça. Il me reste 80 points à obtenir et cinq tournois à disputer. Ce n'est pas un objectif facile mais je n'ai aucun point à défendre. Je vais essayer de faire le maximum pour atteindre les qualifications à Melbourne. Je vais faire Joué-Lès-Tours, Poitiers, Nantes, Equeurdreville et Shrewsbury en Angleterre pour terminer.
Avez-vous déjà un objectif en tête pour la saison prochaine ?
Je me suis déjà fixée un objectif pour les deux ans à venir et c'est de rentrer dans le Top 100. C'est vraiment mon objectif. Peut-être pas la saison prochaine mais la suivante.
Avez-vous déjà identifié ce qu'il fallait travailler pour atteindre le Top 100 ?
Cela fait longtemps que je dis ça mais je travaille vraiment le service. Il n'y a pas beaucoup de filles qui font la différence avec le service donc si je peux m'appuyer sur mon engagement comme un point fort, je pense que cela pourra me faire progresser assez vite.
"Je me mets la pression toute seule pour progresser"
On parle beaucoup de Corentin Moutet comme espoir n°1 chez les garçons. Pour ce qui est des filles, vous êtes régulièrement citée pour ce qui de la relève tricolore, avec Océane Dodin. Est-ce une bonne ou une mauvaise pression ?
Je n'y pense pas trop pour être honnête (sourire). Je pense surtout à mes attentes personnelles et mes objectifs. Je me mets la pression toute seule pour progresser. Ce n'est pas par rapport à ce que les autres racontent de moi.
Vous avez disputé deux fois le premier tour de Roland-Garros. A chaque fois, le tirage au sort était compliqué (Sabine Lisicki en 2014, Teliana Pereira cette année). Quelles leçons tirez-vous de ces deux expériences en Grand Chelem ?
Ce sont deux matchs très différents. Cette année, je savais que j'allais avoir le temps de jouer contre Pereira mais que sur la durée cela serait compliqué et c'est ce qui s'est passé. Au début du match je fais jeu égal, je pensais que je n'avais rien à lui envier au niveau des coups de raquette. Après elle a mis une intensité physique assez rare. J'étais un peu surprise qu'elle la garde tout le long du match. Cela m'a appris que j'avais besoin de garder un niveau constant sur tout un match pour battre des joueuses de ce niveau.
Comment jugez-vous l'avenir du tennis féminin français ?
On n'a peut-être pas beaucoup de joueuses mais il y a de gros potentiels comme Kristina Mladenovic et Caroline Garcia, qui sont jeunes et très bien classées. Il y a aussi Océane Dodin. Cela fait déjà trois joueuses qui vont encore progresser. Moi j'espère que je vais aussi faire partie plus tard de ce groupe de Fed Cup.
La Fed Cup, c'est pour l'instant un rêve dans le coin de la tête ?
Cela viendra naturellement si mon classement suit. La Fed Cup cela donne vraiment envie d'être sur le court et de pouvoir défendre les couleurs de son pays.
Qu'est-ce qui est le plus important pour vous à réaliser en premier : décrocher un premier titre sur le circuit secondaire ou atteindre le Top 100 ?
Pour l'instant c'est vraiment le classement. Si dans deux ans je suis Top 100 et que je n'ai toujours pas gagné un titre, cela ne sera pas grave. Se procurer un bon classement permet de jouer tous les tournois. Si je suis dans tous les tableaux alors je serais en mesure de me battre plus facilement pour les titres. Chaque chose en son temps. On verra après.
"Le tennis féminin est beaucoup moins populaire"
Que pensez-vous du traitement du tennis féminin ?
On me pose souvent cette question et je ne sais jamais quoi répondre (rires). C'est vrai que ce n'est pas du tout traité de la même façon. Le tennis féminin est beaucoup moins populaire. Pas mal de joueuses du Top 20 ne sont pas connues du grand public car cela change souvent contrairement aux hommes. Il y a beaucoup de diversité chez les femmes. Certains n'aiment pas mais moi je trouve ça bien. On voit plus de nouvelles têtes.
Qu'avez-vous à répondre à l'éternelle rengaine : "Dans le tennis féminin, il y a toujours dix breaks par match" ?
Le retour est vraiment l'un des points forts des meilleures joueuses du monde. Au service, c'est un peu plus dur de faire la différence pour les filles car on est moins puissantes et on joue plus sur les zones, à part certaines comme Serena Williams et Samantha Stosur. On a souvent un service similaire. Moi je l'explique comme ça.
Quelle a été votre idole et quelle joueuse vous inspire le plus en ce moment ?
Chez les filles je regarde beaucoup les matchs de Simona Halep. J'aime bien la manière dont elle joue. Je pourrais bien me rapprocher de ce genre de jeu. En ce moment j'essaye de m'inspirer d'elle. Quand j'étais petite, c'était plutôt Maria Sharapova.
En France, l'assurance est souvent prise pour un surplus d'ego. Qu'en pensez-vous ?
C'est peut-être plus vrai qu'autre part. Moi je n'aime pas les gens prétentieux qui en font trop. Ce n'est pas une image qui me correspond. J'essaye de ne pas donner cette image. Il faut vraiment montrer ce dont on est capable sur le court. Ce que l'on dit en dehors, ce ne sont que des paroles. L'important c'est de s'exprimer sur le terrain.
Vous n'êtes donc pas fan de Nick Kyrgios ?
J'aime bien les personnalités qui sortent un peu de l'ordinaire. Cela met un peu de fun sur le circuit. Je préfère regarder un match de Nick Kyrgios que d'un autre joueur qui a moins de charisme. Je ne vais pas dire de noms (rires).
Tomas Berdych par exemple ?
Non ça va. Tomas Berdych il est beau gosse (rires).
Propos recueillis par Bastien Rambert, pour Tennis Actu