Tennis. Interview - Corentin Denolly : le futur Rafael Nadal ?
Par Bastien RAMBERT le 10/11/2015 à 23:00
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"En France On aime bien mettre un peu de pression quand il n'y en a pas besoin non plus." Corentin Denolly sait déjà qu'il devra jongler avec une certaine pression liée au fait que la France attend encore et toujours un successeur à Yannick Noah, dernier vainqueur tricolore en simple masculin dans un tournoi du Grand Chelem (Roland-Garros 1983). Le Tricolore de 18 ans, qui est monté jusqu'à la troisième place mondiale chez les juniors, confie à Tennis Actu qu'il parvient facilement à garder la tête froide. Entretien avec ce futur crack qui aimerait sûrement avoir la même carrière que son idole : Rafael Nadal.
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Corentin, quel est votre programme jusqu'à la fin de la saison ?
J'ai terminé deux Futures en Grèce, à Héraklion. C'était mes deux derniers tournois de l'année. Ce mois-ci il y a les matchs par équipes avec mon club, le Grenoble Tennis, qui est en première division. Après, je vais faire ma préparation physique pendant tout le mois de décembre.
Vous avez bouclé votre parcours juniors cette année en atteignant la troisième place mondiale et les demi-finales de Roland-Garros. Quel est votre bilan au moment de vous lancer dans le grand bain ?
Globalement c'est une belle satisfaction. Deux ans en arrière au moins de juin j'était 230e mondial juniors. J'avais eu deux fois la wild-card pour les qualifications de Roland-Garros mais j'ai perdu deux fois au premier tour (2013, 2014). J'ai eu le déclic en juillet 2014. Cela a bien évolué et j'ai continué à maintenir mon niveau et même à progresser. Cette année je fais finale à Milan, je gagne à Beaulieu-sur-Mer, la demie à Roland est intéressante... Forcément j'ai des regrets car sur les autres Grands Chelems j'ai joué des bons mecs tout de suite. A Wimbledon j'affronte Reilly Opelka au deuxième tour, qui gagne le tournoi après. En Australie je joue Marc Polmans chez lui au premier tour etc. Après c'est comme ça cela fait partie des tirages mais globalement, c'est plutôt pas mal.
Les attentes autour de vous ont-elles évolué ou la pression reste encore minime ?
C'est du bonus à prendre. C'est plutôt pas mal d'avoir les médias autour de moi. Après je n'ai pas non plus quelqu'un qui m'appelle chaque jour pour m'interviewer. C'est quand même assez tranquille. Au niveau de la pression médiatique cela ne me dérange pas.
Avez-vous déjà un objectif en tête pour 2016 ?
L'objectif à court et moyen terme est d'être dans 1 an, 1 an et demi, présent dans les qualifications de Grand Chelem et des ATP 250. Je vais faire beaucoup de Futures pour ça. J'ai eu mon classement ATP (Ndlr : il est 885e ce lundi) en faisant très peu de Futures en raison des Juniors. L'année prochaine je vais pouvoir monter rapidement si je ne joue pas trop mal. Je vais continuer avec mon coach Arnaud Durant et en parallèle je vais m'entraîner à la Fédération Française avec Pascal Lasserre. Je vais être en binôme avec eux.
A 18 ans, tout reste à faire. Pour l'instant, ce n'est que de la passion où il y a quand même une petite part de stress ?
Oui évidemment il y a du stress mais il est positif. Il va nous faire mieux jouer et gagner des matchs importants. Après il y a de l'adrénaline. On a envie d'arriver le plus vite possible à haut niveau et faire tout de suite de gros tournois. Il faut rester le moins longtemps possible dans les Futures pour arriver rapidement sur les Challengers.
A Roland-Garros, le public a découvert votre coup droit à la Nadal. Votre jeu va-t-il changer par rapport à vos objectifs ?
Sur terre battue je peux me permettre d'avoir un jeu "à la Rafa" car je suis gaucher, puissant et je n'ai jamais aussi bien joué sur terre que depuis que je pratique ce genre de jeu. Après sur les autres surfaces j'aime bien aller vers l'avant. Il faut que je trouve un compromis entre mon jeu sur terre et mon jeu offensif sur les autres surfaces. J'ai les qualités pour aller plus vers l'avant même si je ne le fais pas assez. Il faut que j'arrive à garder le lien entre les deux.
Etes-vous fan de Nadal d'ailleurs ?
C'est mon joueur préféré. Le premier match que j'ai vu à la télévision c'était Nadal-Gasquet à Monte-Carlo en 2005. J'ai tout de suite accroché au personnage. C'est et cela restera toujours mon joueur fétiche.
Quel est votre avis de fan sur l'éventualité qu'il revienne plus fort en 2016 ?
J'espère en tout cas (sourire). Il apporte beaucoup au circuit. Il repart mieux après une longue période de doute. Il faut que la confiance revienne car il marche beaucoup à ça. Il va être encore dangereux.
Gaucher comme lui, terre battue : le tournoi n°1 pour vous, c'est donc Roland-Garros ?
Ça c'est clair (rires). En plus, c'est en France. Cela fait rêver. C'est le tournoi à gagner. Après si je peux gagner les autres c'est tout aussi bien (rires).
Comment voyez-vous la relève tricolore dont vous faites partie ?
On a beaucoup d'attente avec nous car la génération d'avant (Tsonga, Gasquet, Monfils, Simon) nous a mis une pression car ils n'ont pas gagné de tournois du Grand Chelem. On nous attend pour gagner ce Majeur. On a peut-être plus de pression car on est moins nombreux, on n'a pas la même génération mais chacun à des particularités intéressantes dans son jeu. Maintenant il est difficile d'arriver jeune dans le Top 100 qui se vieillit. Cela laisse un peu plus de temps. Pouille, Halys, Herbert, Moutet ont beaucoup de potentiel. Il faut que tous les joueurs arrivent à bien garder leurs objectifs en tête, à avoir une bonne structure autour d'eux. Après la vie fera le reste mais c'est vrai que ce n'est pas facile. On n'a pas mal de pression. Après moi je ne m'en mets pas car ce n'est pas vraiment utile. On nous attend beaucoup mais c'est très Français. On aime bien mettre un peu de pression quand il n'y en a pas besoin non plus (rires).
Propos recueillis par Bastien Rambert, pour Tennis Actu