Tennis. ITW - Julie Gervais : "Etre invincible comme Terminator"
Par Bastien RAMBERT le 12/11/2015 à 18:02
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"Gervinator", c’est Julie Gervais, cette Française de 24 ans au parcours plus qu’atypique qui s’est façonnée toute seule après de nombreux pépins physiques. La championne de France 2e série début septembre vient de remporter son premier titre sur le circuit secondaire, un 10000 $ à Stockholm. Tennis Actu s’est entretenu avec celle qui vient de prendre une très belle revanche.
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Julie, vous avec dû jongler avec les blessures pendant six ans. Pouvez-vous nous raconter votre histoire ?
J’ai commencé à me blesser dans les différents Pôles France. Des blessures en tous genres : cheville, pubalgie, hanche etc. J’ai eu de sérieux soucis d’épaule pendant quatre ans : déchirures, tendinites… Pendant six ans, j’étais dans un cercle vicieux. Quand mon corps me laissait enfin tranquille, je me disais : "combien de temps ça va tenir ?" C’était une véritable spirale négative dans la tête. C’est devenu difficile. C’est pour ça que j’ai décidé de passer le diplôme d’entraîneur pour essayer de sortir de ça. En ce moment, Je m’entraîne toute seul avec des sparrings. Il s’agit seulement de trois-quatre entraînements par semaine. Je bosse beaucoup le physique. Cela m’a fait beaucoup de bien par le passé. J’ai arrêté de donner des cours en juin. Suite à ça j’ai pris la décision de repartir sur le circuit.
Vous êtes seule à bord en ce moment c’est ça ?
Financièrement c’est moi qui finance tout de ma poche. J’ai fait des démarches infructueuses par le passé et je me suis retrouvée seule mais c’est sans doute un mal pour bien car je ne dois rien à personne, je ne me pose pas de questions. Je fais mon truc. C’est peut-être pour cela que je suis libérée et que j’ai les résultats qui suivent.
On suppose que le titre à Stockholm est un bonheur intense…
C’est la récompense de tout mon travail. C’est énorme sachant d’où je viens. Cela fait deux mois seulement que j’ai gagné les France et là je décroche mon premier titre. C’est vraiment génial. Tout s’enchaîne rapidement.
Vous étiez 924e en 2009. Vous allez retrouver un classement WTA six ans plus tard…
Je me suis blessée juste après avoir eu mes premiers points en 2009 donc je n’ai pas pu en profiter. Je vais être aux alentours de la 760e place dans deux semaines le temps que tout soit comptabilisé.
Ce titre va-t-il bouleverser votre mode de fonctionnement ?
Pour l’instant cela se passe très bien toute seul. Je n’ai pas l’intention de changer. Je fais des démarches pour une aide financière mais le reste marche très bien jusqu’à maintenant. Je choisis mon entourage. Ma famille est là derrière moi. Financièrement on (en France) a du mal à donner de l’argent à des projets comme ça car il n’y a pas forcément de retours particuliers. Je peux comprendre que cela soit difficile mais j’en ai besoin.
Après votre victoire aux France, vous avez écrit que certaines personnes s'appropriaient vos succès. Pouvez-vous nous en dire plus ?
Ce sont des choses qui arrivent malheureusement avec les victoires. On attire des personnes qu’on a pu côtoyer par le passé et qui disent que c’est grâce à eux que l’on arrive à tel ou tel niveau. C’est à nous de gérer tout cela. Je sais d’où je viens, qui sont les vraies personnes qui comptent pour moi et qui m’ont soutenu.
Quel est désormais votre objectif en tête ?
Sachant d’où je viens et après les galères, je pars dans l’optique de ne pas me fixer de limites. Dans le sport ça peut aller vite. Je vais continuer et voir jusqu’où cela me mènera. J’espère le plus loin possible.
Le surnom de Gervinator, c’est pour illustrer que vous êtes une guerrière indestructible ?
Le surnom est arrivé grâce à une amie qui commentait mes vidéos. C’est un mélange entre mon nom de famille et Terminator. Toutes les personnes du tennis ont repris ça. C’est ma marque de fabrique. J’en joue un peu car je trouve ça assez marrant. Ce surnom montre que je reviens et que j’espère être invincible comme les Terminator (rires).
Propos recueillis par Bastien Rambert pour Tennis Actu